éditoriaux

La littérature hors les livres

La littérature hors les livres

Un.e artiste s'adresse au public, en incorporant à sa parole d'autres médiums, diaporama, vidéo, danse, chansons, objets : telle est la performance narrative, une forme où la parole échafaude théories singulières et approches très personnelles, une forme où l'on raconte aussi des histoires, les néo-contes de la période médiatique, une forme où il importe d'être là, ensemble, avec le public. Apparue à la fin des années 90 sous le nom de conférence-performance dans le champ des arts visuels, elle existe aussi en littérature, danse, théâtre ou stand-up, produisant des pièces live, éphémères, low-tech, souvent drôles, qui se nourrissent des dispositifs sociaux de paroles (conférence, talkshow, rituels ou procès). Écrivaine et performeuse elle-même, Emmanuelle Pireyre consacre un essai à La performance narrative et aux écritures hors du livre, en rassemblant des performances qui se ressemblent en littérature, art, danse, théâtre, stand-up ou rap, pour une exploration panoramique. Il propose une panoplie d'outils pour étudier ces œuvres, ou, pourquoi pas, se lancer soi-même dans la pratique. L'ouvrage est issu d'une thèse de doctorat en recherche-création dirigée à l'Université Paris 8 par Lionel Ruffel et Catherine Milkovitch-Rioux. Fabula vous invite à découvrir quelques pages sur le site des Presses du Réel…

(Illustr. : Grande Conférence-Performance #3, ©Emmanuelle Pireyre, 2019, Musée des Arts décoratifs et du Design]

Frontières du noir

Frontières du noir

L’acte d’image en littérature

L’acte d’image en littérature

Que ce soit pour leur potentiel poétique, narratif ou même critique, les images occupent une place de premier plan dans la création littéraire. Autrefois reléguées à une fonction purement illustrative, elles sont désormais reconnues comme un matériau d’écriture à part entière, observable dans des pratiques ou des objets longtemps ignorés : geste de collecte, constitution d’iconothèques de toutes sortes, création de murs d’images ou autres bricolages iconographiques. À travers une incursion dans les univers visuels d’écrivains et d’écrivaines du dix-neuvième siècle à aujourd’hui, l'ouvrage issu d'un colloque tenu à Louvain-la-Neuve et publié aux Ateliers de [sens public] par Servanne Monjour et Anne Reverseau sous le titre L’Acte d’image en littérature / The Image-Act in literature (1880-2020) vient décrire et analyser une variété d’actes d’images où se manifeste l’agentivité de la matière iconographique. Fabula vous invite à faire quelques incursions dans la version numérique enrichie…

Orwell pour le XXIe siècle

Orwell pour le XXIe siècle

Au-delà de son œuvre d'écrivain, Orwell a laissé une pensée politico-philosophique forte, cohérente et novatrice sur l’esprit du totalitarisme. Dans  L'esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle qui paraît aux éditions marseillaises Hors d'atteinte, Jean-Jacques Rosat la relie aux régimes totalitaires de la seconde génération, de Xi Jinping à Poutine en passant par des entreprises de domination des esprits à l'œuvre dans les démocraties libérales. Orwell était hanté par la crainte que les totalitarismes de son époque en engendrent d'autres. Ses idées offrent sur les régimes totalitaires d’aujourd’hui un éclairage qu’on ne trouve chez aucun autre auteur. C'est un penseur pour le XXIe s. : "La morale à tirer de ce dangereux cauchemar est simple, déclarait-il en juin 1949 à propos de son roman : Ne permettez pas qu’il arrive. Cela dépend de vous." Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…

La Petite Bibliothèque Payot a réuni dans un volume intitulé Big Brother les pages les plus frappantes du grand roman d’Orwell qu’on retrouvera ici, mais aussi des scènes de "La Ferme des animaux", des articles et essais des années 1940, ou encore des extraits des récits ayant influencé sa réflexion, qu’il s’agisse du "Talon de fer" de Jack London, de "Quand le dormeur s’éveillera" de H. G. Wells, ou de "Nous autres" d’Evgueni Zamiatine.

Signalons la parution à la fin de l'année passée d'Un peu d'air frais (Les Belles Lettres) le rare roman poétique signé par Orwell : l’appel d’air qui pousse un homme accablé par la prescience de la guerre proche (Hitler et Staline réapparaissent en tandem, pourchassant le narrateur en proie à un cauchemar éveillé) jusqu’aux "verts paradis" de son enfance. Fabula vous propose d'écouter ou lire un extrait de l'ouvrage…

(Illustr. : 1984, de Michael Radford, D’après l’œuvre de George Orwell)

Puissances de Sénèque

Puissances de Sénèque

Si les tragédies latines de Sénèque sont aujourd’hui une composante (relativement) familière de notre paysage théâtral et culturel, tel ne fut pas toujours le cas. Référence majeure des humanistes de la Renaissance, elles font les frais, à partir du XVIIIe siècle, d’une profonde mutation du canon antique et du philhellénisme triomphant. Éclipsées par la tragédie grecque et frappées de discrédit, elles sombrent progressivement dans l’oubli. Il faut attendre l’entre-deux guerres pour que ce théâtre réintègre le panthéon des classiques, et la fin des années 1960 pour le voir à nouveau mis en scène, célébré dès lors pour sa puissance de transgression éthique et dramaturgique. Dans Le monstre apprivoisé. Les tragédies de Sénèque en Europe (1730-1969), Sylvie Humbert-Mougin retrace à l’échelle européenne le long et complexe processus d’acclimatation d’un corpus durablement disqualifié, en l'envisagean dans ses différentes modalités concrètes  : traductions, mises en scène, discours critique. L’analyse des implications esthétiques et politiques de la mise au ban comme de la réhabilitation de Sénèque le tragique éclaire d’un nouveau jour l’histoire de la fabrique de l’antique. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…

Rappelons le compte rendu donné naguère dans Acta fabula de l'essai d'Alessandra Zanobi, Seneca’s Tragedies and the Aesthetics of Pantomime par Maxime Pierre : "Sénèque et la pantomime : le spectaculaire retrouvé ?" et, plus près de nous, la nouvelle traduction de Phèdre par Frédéric Boyer (Actes Sud), qu'on peut aborder par une vidéo de présentation…

Paraissent dans le même temps deux nouvelles éditions d'essais du dramaturge philosophe : De la clémence, suivi de Vie de Néron de Suétone aux éditions Rivages, et L'art d'apaiser la colère (Mille & Une nuits).

Le seigneur des folios

Le seigneur des folios

Gallimard ayant absorbé les éditions Christian Bourgois en septembre 2024, le roman de J. R. R. Tolkien intègre aujourd'hui le catalogue Folio, dans la dernière traduction par Daniel Lauzon (publiée en 2014-2016). L’entrée de Tolkien dans la Bibliothèque de la Pléiade a été annoncée quant à elle dès 2018, mais on l'attend encore. Signalons avec un coupable retard l'exposition ce printemps au Collège des Bernardins de quinze tapis et tapisseries inspirés de l'œuvre de J. R. R. Tolkien et confectionnés pendant sept ans par les ateliers de la Cité internationale de la Tapisserie d'Aubusson, et annonçons par anticipation l'essai d'Isabelle Pantin et Sandra Provini Tolkien et la mémoire de l'Antiquité, à paraître aux Belles Lettres à la fin du mois d'août. 

(Illustr. : Rivendell, d’après l'œuvre originale de J.R.R. Tolkien ©The Tolkien Estate Limited 1937. Tapisserie, tissage Atelier Françoise Vernaudon, Aubusson, 2019
Collection Cité internationale de la tapisserie)

L'écorce des choses

L'écorce des choses

Comment les œuvres existent-elles dans le temps ? Dans son nouvel essai, L'écorce des choses (Éd. de la Sorbonne) Judith Schlanger revient sur les lectures et les textes qui ont jalonné son parcours – ainsi que sur ceux qui, à l'inverse, l’ont étonnamment peu marquée. Au gré de ce carnet de lectures personnel, elle explore les thématiques du changement et de la durée historique, de la valeur cachée des lecteurs anonymes, et d’une vie consacrée aux idées. Entrecroisant réflexions personnelles, analyses sur son propre parcours et études des œuvres, cet essai dresse un portrait saisissant de la pensée du second XXe s. Fabula donne à lire quelques pages de l'ouvrage…

On peut retrouver dans Acta fabula un entretien de Judith Schlanger avec Christophe Pradeau sur l'un de ses précédents essais, Une histoire de l’intense (Hermann, 2021), et plus haut dans le temps, au sommaire d'une mémorable livraison de Fabula-LhT consacrée à "L'écrivain préféré", un texte de l'essayiste: "La pauvreté enchantée", devenu dans l'intervalle le chapitre inaugural de La Lectrice est mortelle (Circé, 2013). Signalons par anticipation que la revue Critique consacrera au printemps prochain l'un de ses sommaires à l'œuvre de Judith Schlanger.

Lire aussi les éditos de la rubrique Questions de société…

Et les éditos de la rubrique Web littéraire…

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