Colloques en ligne

éditos

Les recettes du succès

Les recettes du succès

Si le règne de Louis XIV est marqué par l’émergence d’une économie fondée sur le commerce et l’industrie, l’étude de son influence sur la création artistique reste cependant encore lacunaire. Le monde intellectuel aurait-il échappé à ce processus de marchandisation qui paraît toucher tant d’aspects de l’existence ? La naissance d’une proto-industrie culturelle au XVIIe siècle était au menu de deux journées de travaux organisées par le CÉRÉdI (Université de Rouen) et le LASLAR (Université de Caen) en 2020 et 2021. Sous le titre Les recettes du succès. Stéréotypes compositionnels et littérarité au XVIIe siècle, les Colloques en ligne de Fabula en donnent aujourd'hui les actes, réunis par Anna Fouqué-Legros, Tony Gheeraert et Miriam Speyer. La question s'y trouve abordée sous l'angle de ses conséquences sur la poétique même des œuvres, notamment à travers la notion de "recettes", qui renvoie à la fois à des stéréotypes compositionnels mais aussi à la dimension commerciale de la création. Ces "recettes" qui traversent les arts et les siècles permettent de rapprocher les pratiques de la production littéraire du Grand Siècle et celles de l’industrie culturelle actuelle, qui présentent, toutes proportions gardées, des parallèles notables. 

Ramuz en pleine nature

Ramuz en pleine nature

Après un sommaire consacré à Charles Ferdinand Ramuz, silence(s), bruit(s), musique(s), qui donnait à lire les actes des journées de Genève organisées en 2017 par Sylviane Dupuis et Martin Rueff, les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes d'une nouvelle journée d'études consacrée en 2021 à Ramuz et la nature. Perceptions et interdépendances, à l'initiative de Noël Cordonier pour la Fondation C. F. Ramuz, et à la suite de l'anthologie des Écrits sur la nature, florilège (Loches, La Guêpine, 2021) publiée par Jean-Louis Pierre. Construite pendant la première moitié du XXe siècle, l’œuvre de Ramuz est en effet l’une de celles qui, en langue française, représentent, travaillent, discutent le plus intensément les rapports de l’humain avec son environnement. L’éventail de ceux-ci décrit la nature comme une puissance aveugle indifférente à l’homme (c’est la pente fataliste de bien de ses intrigues) mais également comme une entité dont la fragilité ravive sa beauté et invite à la saluer.

Les horizons de la comparaison

Les horizons de la comparaison

Sous le titre "Les horizons de la comparaison", les Colloques en ligne de Fabula  accueillent un nouveau sommaire issu d’une série de travaux collectifs organisés entre 2017 et 2019 par l’Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes de l’Université de Haute-Alsace, sous la direction de Nikol Dziub et Frédérique Toudoire-Surlapierre. La première partie est une émanation de l’un des volets du colloque Comparer en Europe (22-23 juin 2017), que les organisatrices avaient conçu comme des assises de la littérature comparée, et qui avait réuni des comparatistes de quelque trente pays européens et nord-américains (une partie des contributions a été publiée sous forme de chapitres dans le volume Comparative Literature in Europe : Challenges and Perspectives, 2019). Le but général de ce projet intitulé Les Horizons de la comparaison est d’étudier, d’un triple point de vue théorique, critique et historique, les champs des possibles qu’ouvre l’acte de comparer, et ce autour de deux axes : d’une part, un bilan réflexif, comparatif et prospectif des pratiques comparatistes en Europe au XXIe siècle ; d’autre part, une réflexion sur les vertus créatrices de la comparaison, en particulier intermédiale.

Illustr.: Lawrence Alma-Tadema, Comparisons, 1892, Cincinnati Art Museum (Ohio).

Sur Les Pleurs

Sur <em>Les Pleurs</em>

Quand Franz Liszt, de passage à Lyon en avril 1836, rend à Marceline Desbordes-Valmore une visite devenue rituelle chez les artistes, il écrit à Marie d’Agoult qu’elle est "la femme de ses œuvres, un pleur vivant, causant et marchant". Voilà donc la "pauvre plaintive" comme sortie tout droit de son recueil Les Pleurs, faisant corps avec ses poèmes, au point d’incarner personnellement sa poétique. Avec les actes de la journée d'étude tenue en Sorbonne le 1er décembre 2022, les Colloques en ligne de Fabula invitent à aller à sa rencontre, dans l’approfondissement certes d’un corpus d’agrégation, mais encore, à la faveur de ce programme, dans l’écoute d’une poète capable d’inventer une voix écrite "tout bas" ; sa parole toujours adressée se tend entre élégie et chanson, entre cri et silence, puisant dans les ressources réparatrices de la pitié et de l’empathie pour tisser ensemble amour fou, prière, passé, présent, révolte et pédagogie au cœur du siècle.

Les Presses Universitaires de Rennes font paraître également un volume collectif consacré à ce même recueil, à l'initiative de Camille Islert et Wendy Prin-Conti. Fabula vous invite à en découvrir la Table des matières et à en lire l'Introduction…

Signalons au passage à tous les agrégatifs comme aux passionnés des fictions des Lumières la publication en libre accès d'un sommaire sur La Religieuse de Diderot par la revue TrOPICS.

Illustr.: Portrait de Marceline Desbordes-Valmore, par Michel Martin Drolling.

Lieu(x) commun(s)

Lieu(x) commun(s)

Les univers des Schwarz-Bart

Les univers des Schwarz-Bart

La recherche sur l’œuvre du couple d’écrivains André et Simone Schwarz-Bart a connu récemment des développements importants. Des travaux exploratoires menés en Guadeloupe ont permis d’amorcer la restructuration d'un fonds Schwarz-Bart, progressivement déposé depuis lors à la Bibliothèque nationale de France. Les journées tenues en septembre 2021 à l'Université de Lausanne, dont les Colloques en ligne de Fabula accueillent les actes, ont été pensées comme un premier temps de réflexion collective sur un corpus en partie renouvelé. Il sera prolongé en 2024 à l'Université des Antilles : il n'est pas anodin que ces rencontres aient lieu dans la capitale vaudoise, où André et Simone Schwarz-Bart vécurent de 1963 à 1975, puis en Guadeloupe, suivant ainsi l'itinéraire géographique emprunté par le couple d'écrivains. Regroupées par Jean-Pierre Orban, Claire Riffard et Anaïs Stampfli sous le titre Les univers des Schwarz-Bart. Sources et traces dans les textes et les avant-textes, ce premier ensemble de communications dessinent les contours des univers littéraires, mais aussi historiques, philosophiques, politiques, religieux et linguistiques qui ont constitué le terreau sur lequel se sont développées les œuvres d’André et de Simone Schwarz-Bart.

Pour une littérature du care

Pour une littérature du <em>care</em>

Agent politique et opératrice de transformation sociale, la littérature l’est autant par son rôle dans les processus de saisie de soi et d’émancipation personnelles qu’en tant que forme de savoir et pratique attentionnelle. L’émergence des humanités médicales, l’invitation des écrivains dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, les récits consacrés aux diverses formes de la vulnérabilité et d’invisibilité contemporaines sont autant de signes de ce tournant relationnel qui conduit à décrire un vaste pan de la littérature à travers le vocabulaire du care.

Car la littérature et les arts ont investi le terrain du care avant même sa théorisation. Nombre de créateur.rice.s contemporain.e.s ont souhaité faire des ateliers d’écriture, des résidences ou des rencontres avec leurs lecteurs dans des lieux où se produit du care à travers l’hypothèse d’une médiation réparatrice de la poésie et de la fiction. Le pouvoir de dévoilement ou de redescription de la littérature lorsqu‘elle s’intéresse aux minorisé.e.s ou aux invisibles est de plus en plus associé à l’idée d’un soin langagier, narratif ou symbolique. Or, si, d’un commun accord, on fait remonter la problématisation de la notion de care à l’étude séminale In a Different Voice (1982 ; trad. fr. Une voix différente, 1986 et 2008) de Carol Gilligan, puis à son versant politique avec Joan Tronto (Moral Boundaries, 1993, trad. fr. Un monde vulnérable, 2009) ; si la pensée du care a rapidement essaimé quasi en même temps dans d’autres champs  – en philosophie, en études politiques, en sociologie et psychologie sociale, cette problématique reste émergente, voire négligée, en littérature et plus généralement en esthétique.

Sous le titre Pour une littérature du care, les Colloques en ligne de Fabula donnent à lire les actes issus du colloque Caring lit’ (2021) réunis par  Andrea Oberhuber et Alexandre Gefen et mis en ligne par Antoine Poisson. Le sommaire s'attache à la fois aux œuvres abordant le care dans ses dimensions pratiques et affectives, y compris les œuvres des siècles précédents, aux dispositifs littéraires performant le care, comme aux approches théoriques rattachant la lecture et l’écriture aux processus de care.

Illustration : Lydia Flem, Et cetera, 2013, courtesy Galerie Françoise Paviot