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Vives archives

Vives archives

Publié le par Marc Escola

Au sein des archives de l'Histoire, une source reste finalement peu exploitée : les écrits personnels — journaux du quotidien, livres de comptes, correspondances, bulletins, mais également photographies, dessins, ou encore cabane, muret, jardin... toutes ces choses où une mémoire personnelle a déposé sa voix et à partir de laquelle on peut tendre l'oreille. La collection archVives initiée par Karelle Menine au sein des éditions genevoises MétisPresses vise à faire se rencontrer une archive jusque-là inconnue et une écriture : "C’est de porter sur ces pièces singulières le regard attentif non pas des spécialistes mais des poètes. C’est inviter une ou un auteur•e à écrire un récit à partir de ces documents — son récit — afin de révéler simplement ce qu’ils sont : de fabuleux fragments d’Histoire". Parmi les premiers titres : Bleuir l'immensité, qui prend pour objet les carnets de rapport tenus entre 1952 et 1955 par la Sœur principale de l’Hôpital de Loëx, dans le canton de Genève, un lieu alors controversé, qui reçoit des malades chroniques et des incurables ; Je n'étais plus aussi bête qu'au commencement signé par Mayte Garcia, qui se penche sur un cahier manuscrit soustrait à l’obscurité d’un carton d’archives, pour prêter attention à une voix anonyme, celle d’une prostituée de la fin du XIXe s., qui fait le récit sidérant d’une vie en maisons closes. Paraît ces jours-ci un essai d'Arlette Farge, Ils ont écrit leurs visages. Signalements de galériens et de délinquants.e.s du XVIIIe s., à laquelle la collection archVives invite à faire un pas de côté par rapport à son travail d'historienne, car elle aborde les portraits livrés par un simple registre sous l'angle particulier de l'empathie, une approche qui contraste, à des siècles de distance, avec les identifications anonymes du pouvoir qui classait et stigmatisait aveuglément le menu peuple.