Les nouveaux fakirs
Après Voir l’invisible. Histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique 1909-1930 (Champ Vallon, 2023), couronné par le Grand Prix Jules Verne et dont Christophe Becker a rendu compte pour Acta Fabula dans un article intitulé "Invisible Spectrum", Fleur Hopkins-Loféron publie Les nouveaux fakirs (PUF). À Paris à la fin des années 1920, le spectacle et l’extraordinaire sont à l’honneur : entre les corps frénétiques de la Revue Nègre et les corps hachés menus du Grand-Guignol, ceux des fakirs, qui se multiplient, misent sur l’érotisme d’une enveloppe invincible et incorruptible. Dans les salles de music-hall, envahies de vapeurs d’encens et d’éther, les uns s’enterrent vivants tandis que les autres se percent les joues ou s’allongent sur des sabres. La foule accourt pour assister à ces scènes de douleur… À travers la figure quasi légendaire de Tahra Bey, "homme aux yeux étranges" à la source du Ragdalam de Hergé, c’est tout un pan oublié de l’histoire des spectacles, de la starification et de l’occultisme qui se donne à voir : ce "fakir-docteur" se fait le prosélyte d’une nouvelle pseudo-science et singe bien volontiers la Passion du Christ. C’est sans compter sur un irréductible cercle anti-fakir, mené par Paul Heuzé, qui se lance dans une guerre sans merci contre l’obscurantisme. Abus de la crédulité publique, escroqueries et fausses sciences marquent le parcours de ces nouveaux fakirs, qui n’ont rien à envier à nos gourous contemporains. Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage…