Acta fabula
ISSN 2115-8037

Matei Chihahaia

Méta-Mimesis : Auerbach au cinquième degré

Meta-Mimesis : Auerbach in the fifth degree
Erich Auerbach. Mimesis: Dargestellte Wirklichkeit in der abendländischen Literatur (12. éd.), Tübingen, A. Francke Verlag. [1946] 2024. 588 p. EAN : 9783772057274.

Mimesis is an entire world.1 (Damrosch, 1995, p. 99)

Auerbach is emerging as a hero of a profession that now badly needs heroes.2 (Holquist, 1999, p. 87)

Comment chroniquer Mimesis ?

1Ma rencontre avec Mimesis s’est produite de manière peu spectaculaire. Le titre figurait sur une liste de livres recommandés à ceux qui commençaient leurs études en littérature comparée. Était-ce le fait que son nom de famille commence par un « A » qui a favorisé sa lecture immédiate ? Le fameux ouvrage de Wellek & Warren, Theory of Literature, figurait en fin de liste, et j’ignore toujours son contenu. J’ai dévoré l’ouvrage d’Auerbach enthousiasme pendant les vacances de Noël 1992, cette corne d’abondance linguistique et culturelle éclipsant toutes les histoires littéraires que j’avais lues jusqu’alors. Guidé par ce souvenir de lecture heureux, j’ai proposé de discuter de Mimesis pour ce numéro spécial d’Acta fabula. J’étais loin de me douter que la recherche sur Auerbach avait explosé au cours des trois dernières décennies !

2Ce n’est qu’en recherchant la littérature secondaire pour cette chronique-ci que j’ai réalisé l’ampleur de la tâche à laquelle je m’étais attelé. Si l’on compte séparément les chapitres des ouvrages collectifs, le nombre total de références dépasse les 500. La recherche avance d’un bond en 2009, un demi-siècle après la deuxième édition de Mimésis ; rien qu’en cette année paraissent 73 ouvrages secondaires. Tenir compte de cette littérature de recherche qui n’a pas l’air de s’épuiser — avec 22 articles et chapitres parus l’année dernière — devient de plus en plus difficile. Le bonheur de découvrir les commentaires d’Auerbach et de dialoguer avec son gout du réalisme dans la tranquillité d’un hiver munichois s’efface devant cette foule d’autrices et d’auteurs (environ 465, en incluant les éditrices et éditeurs) qui se mêlent à la discussion.

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Fig. 1 : Nombre de publications par année

3Parmi ces entrées, la plupart sont en anglais, mais l’allemand et l’italien apparaissent comme des langues de communication établies, pas seulement par leur nombre mais aussi par le fait qu’il y a des chercheuses et des chercheurs qui écrivent un livre entier sur Mimésis en une de ces langues. Parmi les articles y chapitres d’ouvrages collectifs, on observe plus de diversité. Inutile de préciser qu’il existe de publications assez nombreuses auxquelles je n’ai pas accès en raison des barrières linguistiques. Le catalogue de mon université en répertorie désormais dans 23 langues différentes, chiffre confirmé par le corpus.3

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Fig. 2 : Nombre des langues de publication des textes secondaires

4En regardant le nombre des ouvrages dans les langues les plus répandues, on peut constater que le demi-centenaire de la première édition, en 1996, a provoqué des pics en anglais et en allemand, alors que celui de la deuxième, en 2009, a provoqué une véritable effervescence dans la recherche italienne et a aussi eu des répercussions, un peu moins marquées, sur la discussion en français. Ces textes plurilingues, en quelle langue peuvent-ils communiquer entre eux ? La traduction automatique des métadonnées par les moteurs de recherche apparait comme une chance qui permet, au moins, d’identifier des textes portant sur des sujets semblables.

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Fig. 3 : Nombre de publications dans les langues plus fréquentes par années

5Ce bref aperçu quantitatif suffit à entrevoir la complexité de l’histoire de la réception, qui peut être reconstruite qu’en traversant une multitude de langues. Le fait que deux articles, l’un en allemand et l’autre en anglais, choisissent le même jeu de mots pour leur titre — « Die Welt in Auerbachs Mund » (Mahler, 1997) / « The World in Auerbach’s Mouth » (Umachandran, 2019)4 — illustre bien les pièges posés par la production massive de commentaires sur le fameux livre d’Auerbach. Les états de la recherche ne peuvent désormais être reconstruits que de façon partielle, des informations se perdent ou ne sont transmises qu’à l’intérieur de communautés de savoir relativement restreintes. Ironiquement, nous nous trouvons dans une situation diamétralement opposée à celle d’Auerbach en exil : par le moyen du numérique, nous avons accès à une bibliothèque de littérature secondaire extrêmement riche, mais qui tend à dépasser les capacités de lecture humaines.

6Il y a bien des tentatives d’ouvrir des « sentiers » dans cette « forêt de notices » que constitue la bibliographie de recherche sur Mimésis, comme le propose Diane Berthezène dans le répertoire accueilli en 2009 dans l’Atelier de théorie littéraire de Fabula, issu du volume publié la même année par Paolo Tortonese — auquel Acta fabula avait également consacré un dossier critique. Ce sont des métatextes à la critique, qui souvent propose elle-même une réflexion sur la recherche existante en cette matière, ajoutant ainsi des textes que l’on pourrait qualifier de tertiaires ou quaternaires selon la dimension métatextuelle dans laquelle ils s’inscrivent… Cette chronique-ci, qui se situe à un niveau métatextuel supplémentaire, constitue ainsi un texte au « cinquième degré » : une lecture des lectures critiques et synthèses des lectures de Mimesis d’Auerbach, qui est une lecture secondaire de textes littéraires primaires. Si l’on considère la littérature comme une représentation de la réalité, tel que le titre de son livre le suggère, je me trouverais alors au sixième degré d’éloignement de cette réalité. Toutefois, dans la mesure où une grande partie de la recherche se concentre sur le contexte culturel de Mimésis et sur le message de ce livre pour notre monde, le réel et l’imaginaire traversent tous ces degrés de lecture (la digression autobiographique que je me suis autorisée plus haut relate une expérience de lecture bien réelle).

7Je vois deux raisons pour lesquelles il n’est plus possible aujourd’hui de chroniquer Mimesis de la même manière qu’à sa parution. La première est évidente : il existe une métaïsation de la recherche qui, dans le cas d’Auerbach, représente une méta-méta-métaïsation. Écrire sur cet ouvrage sans prendre en compte les strates de commentaires existants apparaîtrait comme naïf, voire hasardeux : la probabilité de rédiger quelque chose qui a déjà été dit, d’une manière ou d’une autre (peut-être même dans une langue qui nous échappe), est tout simplement trop élevée. Le fichier que j’ai constitué dans Zotero ressemble en cela à une « Bibliothèque de Babel », où, bien que toutes les combinaisons de lettres n’y figurent pas, presque toutes les combinaisons de problématiques sont déjà présentes. Cela vaut d’ailleurs pour l’association de la recherche avec l’allégorie d’une forêt touffue que je croyais avoir inventée avant de la retrouver chez Berthezène (2009), et même pour la « Bibliothèque de Babel ». Bien que celle-ci ne figure pas littéralement dans l’histoire de la recherche, la référence à Borges n’est pas rare, et Barck s’en rapproche lorsqu’il souligne que cet ouvrage peut également être compris comme un alphabet ou un vocabulaire, permettant à chacune et chacun d’articuler son propre texte : « Cada lector, podríamos decir de manera borgesiana, puede reescribir el texto de Mimesis a su manera. »5 (Barck, 2009, p. 912).

8La deuxième raison réside dans l’assimilation des études littéraires par les études culturelles, qui, depuis les années 2000, ont pris une direction exactement opposée aux formes de communication auxquelles nous habitue le monde du numérique. Avatars et textes anonymes, sans compter les messages rédigés par des bots, remplissent notre quotidien, et moi-même je pourrais bien être assis au bord d’une rivière en écrivant ces lignes, ou siroter un café pendant qu’une application d’OpenAI se charge de la traduction de mon article, et personne ne s’en douterait. Comme une forme de résistance à cette expérience de l’écriture et de la lecture désincarnées, la personne et l’emplacement des chercheurs et chercheuses ont pris une importance croissante dans la recherche littéraire contemporaine.

9Cette inquiétude va bien au-delà de la critique du discours scientifique et de la recherche du lieu institutionnel qui autorise son énonciation, et rejoint plutôt la fascination romantique pour la situation unique de l’écriture, ainsi que l’intérêt réaliste pour le quotidien de l’autrice ou de l’auteur — dans le cas d’Auerbach, par exemple, sa « Gelassenheit »6 en tant que « Distanz zur Tragik des alltäglichen Lebens »7 (Gumbrecht, 2002, p. 165). En 1988, Costa Lima pouvait encore formuler une question rhétorique provocatrice par rapport à la pertinence des données contextuelles pour l’interprétation du texte : « But dates, names of countries, cities, and universities — what are they but the stuff of modern red tape ? They are merely mean, and often useless, information. »8 (p. 467) Peu d’années plus tard, il semble impensable de discuter de Mimesis sans tenir compte de la biographie de l’auteur, sans mentionner qu’il a été écrit en exil, à Istanbul, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Même les termes apparemment désuets du titre permettent, comme le souligne Holquist, de lire l’œuvre comme un précurseur du « tournant culturel » des études littéraires :

By looking more closely at the four key categories organizing Mimesis (representation, reality, Western, literature), however, I shall argue that, far from having been superseded by cultural criticism, the book can now more accurately be perceived as a foundational document of that turn. 9 (1993, p. 373)

10À partir de ce constat, la réalité historique et sociale seront tracées, ainsi que la biographie et la psyché de l’auteur, comme autant de vecteurs qui marquent ce livre : un réel et un imaginaire liés à jamais au message de Mimésis sur l’histoire littéraire et culturelle de l’occident. La question de Damrosch propose l’antithèse de celle formulée (pour l’effet rhétorique) par Costa Lima : « Just how, then, does the war enter this book ? »10 (Damrosch, 1995, p. 203). Remplacez « la guerre » par tous les aspects du réel et de l’imaginaire qui vous paraissent pertinents (faits, lieux, mouvements, identités…), pour catégoriser une grande partie de la recherche qui s’est produite depuis. Cette recherche s’inscrit parfaitement dans des questions politiquement pertinentes qui, depuis les années 1990, n’ont rien perdu de leur actualité : l’identité des minorités culturelles et la transculturation, l’orientalisme et les situations d’écriture postcoloniales, l’exil et la traduction. Au-delà de ces problématiques issues des études culturelles et de celles qui prolongent les propres inquiétudes d’Auerbach (Qu’est-ce que le réalisme en littérature ?), la quantité des publications nous mène vers une classification plus formelle des contributions à la recherche.

Cinq manières de revenir sur les enjeux théoriques de Mimésis

11Comment rendre accessible cette immense production de textes portant sur Mimésis et les presque 80 années de recherche au sujet d’Auerbach pour une discussion informée ? Je n’ai tenu compte que des documents publiés à partir de 1984, ce qui signifie que la période de 1946, date de parution de l’ouvrage, à 1983 est restée en dehors de mes lectures. Pour cette époque, ainsi qu’une partie de la suivante, deux excellentes synthèses bibliographiques sont publiées en 2009 indépendamment par deux doctorantes, Diane Berthezène, déjà citée, et Elena Fabietti, en français et en italien respectivement. Restent les quinze dernières années, de 2010 — date à laquelle Acta Fabula dédie un dossier au volume supervisé par Paolo Tortonese, Auerbach en perspective — à 2024. Dans cette période récente, la production scientifique s’accélère, sans doute aussi grâce aux possibilités ouvertes par le numérique. Une grande partie des publications sont des ouvrages collectifs et des numéros spéciaux de revues, que j’ai classés comme chapitres et articles pertinents pour le sujet. Il reste encore beaucoup à faire pour une bibliographie complète critique, projet anticipé par un registre des métadonnées sur Zenodo.org (Chihaia 2005).

12Pour commencer, on pourrait identifier divers types d’études que je classifierai moins par leurs problématiques que par la relation nouée avec le livre d’Auerbach et les recherches précédentes sur l’auteur de Mimesis.

13(a) Un premier groupe de travaux lit les chapitres de Mimesis comme des apports à la littérature secondaire qui s’inscrit dans une histoire de la recherche portant sur des époques, des genres, des autrices ou auteurs et des œuvres, et met ces chapitres en relation avec cette histoire et leurs sujets respectifs. Par exemple, Bakker (1999), Fried (2005), Paduano (2009) et bien d’autres explorent la lecture qu’Auerbach fait d’Homère, et qui est exemplaire pour les enjeux théoriques de son livre. La discussion détaillée d’un chapitre permet de mettre en relation l’explication proposée par l’auteur avec d’autres approches, ce qui enrichit la discussion critique sur les textes en question. Auerbach lui-même invite à une révision critique dans son « Nachwort », lorsqu’il concède, « daß ich zuweilen etwas behaupte, was durch neuere Forschung widerlegt oder modifiziert worden ist »11, tout en espérant que ces erreurs probables ne touchent pas le noyau théorique (« den Kern der Gedankenführung ») du livre ([1946] 2024, p. 546).

14(b) En deuxième lieu, nous devons mentionner les études qui abordent le dialogue entre la théorie littéraire d’Auerbach et d’autres théoriciens de la littérature. Dans la première sous-catégorie, des contemporains de l’auteur, Ernst Robert Curtius occupe une place essentielle (Richards, 1998 ; Stockhammer, 2007). Edward Saïd (Mufti, 1998 ; Reitter, 2005 ; Newman, 2007 ; Lindenberger, 2007 ; Bosco, 2009) est souvent mentionné dans la deuxième sous-catégorie de ceux dont le travail est marqué par Auerbach et qui se réfèrent à Mimésis pour expliquer la vision théorique de l’auteur — par exemple sa notion de « réalisme » — ou pour étayer leurs propres théories à l’aide de cette pierre angulaire du comparatisme et de la « Weltliteratur ».

15(c) Un troisième groupe aborde directement la méthode et l’horizon théorique d’Auerbach, en le rapportant à d’autres penseurs du passé et du présent. Les époques de la première modernité jouent ici un rôle primordial, car elles ont manifestement marqué l’auteur, notamment Montaigne (Norton, 2008) et Vico (Costa Lima, 1988 ; Busch, 1998 ; Meur, 2007), mais aussi Leibniz, dont il parle moins (Ankersmit, 1999). Puis, on peut situer sa démarche théorique par rapport à celle de Nietzsche (Gabriel, 1998 ; Pauen, 1998), Heidegger (Landauer, 1988) et d’autres philosophes de la littérature, plus jeunes — par exemple Nelson Goodman (Sutrop, 1998 ; Maine, 1999) ou Jacques Rancière (Mendoça Martins, 2017 ; Muchowski, 2023). Dans un ouvrage collectif, la catégorie des « Vorläufer und Alternativen », soit des précurseurs et substituts alternatifs (Scholz, 1998, p. 131-312), ouvre des possibilités de comparaison infinies. Que Mimesis soit discuté non seulement en littérature comparée, mais aussi dans diverses disciplines philosophiques, indique que la « représentation de la réalité » mentionnée dans le titre de l’œuvre dépasse le champ littéraire.

16(d) Une quatrième catégorie est formée par la réflexion sur l’histoire de la recherche elle-même, les lectures comparatives de différents commentaires de Mimesis et leur évaluation critique — qu’il s’agisse de bibliographies systématiques ou d’analyses de certains aspects de la recherche. Cette catégorie inclut également les synthèses des réceptions régionales, en particulier en dehors de l’Europe, comme en Russie (Machlin, 2007) ou en Amérique latine (Rincón, 2007 ; Müller, 2024), ainsi que les essais bibliographiques dont il a déjà été question (Berthezène, 2009 ; Fabietti, 2009) auxquels on peut ajouter celui de Rivoletti (2014). L’année 1999 marque un tournant. C’est en cette année que plusieurs chercheuses et chercheurs tentent à intervenir dans la discussion foisonnante, pour dénoncer des éloignements du sujet ou pour signaler des lacunes importantes. Par exemple, on y critique le fait que de nombreux écrits et essais sur Auerbach ignorent son identité juive et son exil (Bremmer, 1999), ainsi que son appropriation pour une « whig literary history », une histoire littéraire politiquement engagée (Calin, 1999). Un recueil paru trois ans plus tôt (Lerer, 1996) est examiné de manière approfondie (Holquist, 1999). La synthèse la plus exhaustive et la plus critique avant le tournant du millénaire est celle de Schulz-Buschhaus (1999).

17(e) Enfin, Hovind résume une partie de ces catégories que je viens de décrire, en remarquant :

Auerbach’s work is variously recognized as everything from an expert analysis of writers as diverse as Homer, Balzac, and Virginia Woolf to a model of comparative criticism based on a sentimentalized version of exile, to an old-fashioned, pre-« theoretical » survey of literary realism. 12 (2012, p. 257)

18Ce qui manque encore dans ce panorama, ce sont précisément les commentaires comme le sien, qui s’inscrivent dans un cinquième degré de réflexion critique par rapport aux chapitres de Mimesis.

Avec qui débattre de Mimésis ?

19D’habitude, les chroniques d’un livre ouvrent un débat avec l’autrice ou l’auteur de celui-ci. C’est aussi le cas de Mimésis, au moins en partie. L’une des catégories que je viens de présenter mettra en dialogue Auerbach et ses interprètes, souvent pour le défendre contre des exégèses qui s’éloignent du « noyau » du livre. Schulz-Buschhaus critique en 1999 le phénomène croissant d’un « Genre einer Studie, die ein einzelnes Kapitel des Mimesis-Buchs herausgreift, um dies Kapitel dann gemeinhin in kritischer Absicht mit neueren Erkenntnissen und Perspektiven zu konfrontieren. »13 (p. 99). Il voit la signification novatrice de Mimesis « nicht in einem Interpretationsmodus, der nach stabilen Textidentitäten strebt, sondern in einer Lektüretechnik, die statt Essenzen Relationen wahrnimmt, um aus den letzteren in erster Linie ein System wechselnder Differenzen abzuleiten »14 (p. 101). Par conséquent, il s’oppose fermement à l’« Hypostasierung » de l’interprétation figurale comme méthode, ainsi qu’à l’« Eifer, den diverse Interpreten daransetzen, in Mimesis möglichst viele – und eben „figurale“ – Bezüge zu Auerbachs zeitgeschichtlicher Aktualität ausfindig zu machen. »15 (p. 111).

20C’est aussi la démarche de l’article de Pourciau de 2006, bien que cette autrice choisisse moins la confrontation directe dans le texte, et préfère naviguer la discussion avec la littérature secondaire dans les notes en bas de page. Une autre différence par rapport à Schulz-Buschhaus est qu’elle mette Auerbach en dialogue avec lui-même, en soulignant les contradictions internes du projet de Mimesis :

Auerbach’s struggle against the growing hegemony of an absolute relativism, his insistence that philological values must take their validity from the object of investigation rather than the arbitrary personal experience of the interpreter, clashes here with his equally profound awareness of his own, rooted perspective and the necessarily fragmentary character of his synthesizing vision. 16 (Pourciau, 2006, p. 438)

21Quant à la signification du lieu d’énonciation du chercheur pour ses recherches, Pourciau s’inscrit dans une antithèse à la vision structuraliste. Alors que Schulz-Buschhaus est convaincu que la méthode d’Auerbach consiste à déduire « non pas une identité stable à partir des propriétés stylistiques des textes, mais principalement un système de différences changeantes » (1999, p. 102), la localisation spatio-temporelle « Istanbul, 1945 » signale, dès le titre de Pourciau (2006, p. 436) la nécessité de tenir compte du lieu et du temps.

22Existe-t-il un noyau théorique de Mimésis, comme paraît l’assumer le « Nachwort » d’Auerbach, ou faut-il abandonner cette idée et accepter que son ouvrage est polycentrique voir habitée par des dynamiques centrifuges ? L’article de Konuk (2008) précise la signification de l’exil à Istanbul à l’aide de sources historiques, alors que, cette même année, Porter (2008) affirme qu’Auerbach n’a jamais vraiment quitté l’Allemagne et son identité de juif allemand dans son esprit. Un livre entier de Konuk (2010) sur Auerbach et la Turquie ainsi que l’ouvrage de Zakai sur la crise de la philologie allemande (2017) permettront d’approfondir ce débat.

23En plus de la discussion des contradictions internes d’Auerbach, il existe également des échanges avec d’autres théoriciens, qui peuvent être soit reconstruits sur la base de documents existants (correspondances, chroniques), soit imaginés sous forme d’une sorte de dialogues des morts. Le recueil dirigé par Barck et Treml (2007) est riche en recherches sur les échanges d’Auerbach avec ses contemporains : Karl Löwith (Bormuth, 2007), Ernst Robert Curtius (Stockhammer, 2007), Walter Benjamin (Kahn, 2007), Siegfried Kracauer (Riedner, 2007), Werner Krauss (Naumann, 2007) et Leo Spitzer (Konuk, 2007).

24Une question de plus en plus difficile dans ce contexte est de savoir comment un ouvrage sur Mimesis peut engager un dialogue avec les recherches auerbachiennes qui le précèdent. À partir des années 2000, il semble impossible de prendre position par rapport à toutes les publications pertinentes, et il appartient à la curiosité de la chercheuse ou du chercheur de décider si elle ou il souhaite ou non s’engager avec ce que d’autres ont écrit. Par exemple, Doran (2007) présente l’état de la question dans une note de bas de page : une série de titres, exclusivement publiés aux États-Unis. Cette approche superficielle de l’état de la recherche risque de diminuer la précision du débat et une dérive vers un ton plus conversationnel, dans des remarques selon lesquelles « Most recently, Auerbach’s work has become part of the debate around postcolonial theory »17 (p. 366) ou que Green (1982) « has it basically right […]. But there is still the problem of what to do with contingent (that is, French) realism »18 (p. 369). Il ne faut pas être dix-neuvièmiste pour penser que la caractéristique du réalisme « français » comme une entité monolithique pourrait se formuler de manière plus nuancée.

25Peut-être est-il donc préférable, comme dans le dossier dirigé par Castellana (2007), de renoncer d’établir l’état de la recherche, pour ne citer que sporadiquement des ouvrages secondaires que l’on trouve utile. Castellana lui-même, par exemple, ne cite dans son article sur Auerbach et la philosophie culturelle allemande que Schiffermüller (1998) et White (1999) parmi la littérature secondaire de Mimesis. Parfois des conversations entre collègues ou des conférences auxquelles on a la chance d’assister peuvent éclipser des décennies de publications. Ainsi l’article de Nichols (2008), qui analyse la réception de la philosophie du judaïsme par Auerbach, se contente d’une seule source à proprement parler secondaire, et celle-ci est choisie sur parole : l’article de Kitty Millet qui devrait s’intituler « Erich Auerbach and the Question of Faith »19, annoncé pour Modern Language Notes 123 (septembre 2008) (Nichols, 2008, p. 180), ne sera jamais publié.

Le canon de Mimésis à l’épreuve de la critique

26Au cours des quatre dernières décennies, des préférences thématiques se dessinent, que l’on peut contraster avec celles d’Auerbach lui-même. L’index des noms de Mimesis montre clairement le nombre de pages dédié à chaque autrice ou auteur. Quelques-uns reviennent plus souvent que d’autres. J’ai décidé que ceux mentionnés sur six pages ou plus forment le noyau central du canon ; ils donnent une liste de 30 entités, en incluant de justesse Marcel Proust. Des auteurs comme Racine ou Corneille, mentionnés seulement sur quatre ou cinq pages chacun, n'ont pas cette importance quantitative ; sans doute parce que la tragédie classique française est moins pertinente que la comédie classique française pour la question du réalisme selon Auerbach. Je les inclue néanmoins dans la visualisation du canon, qui met en évidence le rôle central de Dante, suivi de Balzac et Montaigne.

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Fig. 4 : Le canon de Mimésis, d’après le nombre de pages relatives à chaque autrice ou auteur dans l’édition de 2024.

27Il n’est pas surprenant que ce « Höhenkamm » de la littérature ait subi un déplacement tectonique depuis la première parution de Mimesis, et que le canon qui se dessine dans la critique récente diffère de celui que suggère l’index des noms. Des nouvelles lignes de crête émergent dans le massif des autrices et auteurs clé de la littérature comparée.

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Fig. 5 : Nombre d’ouvrages de la littérature secondaire qui mentionnent au moins une fois le nom des autrices ou auteurs

28Certes, la comparaison des deux listes est problématique pour plusieurs raisons, non seulement parce que le nombre de pages qui évoquent les autrices ou auteurs dépend de l’édition choisie, et que les valeurs de « mention par page » et « nombre d’ouvrages qui mentionnent au moins une fois » sont de nature différente. En plus, la littérature de recherche ne se consacre que rarement exclusivement à Mimesis, parmi les ouvrages d’Auerbach : l’index de noms de cet ouvrage ne suffira donc pas à pronostiquer sur l’importance d’une autrice ou d’un auteur dans le corpus de recherche. Il faut également rappeler le fait qu’une grande partie des documents ne sont pas accessibles en version numérique. Compte tenu de ces limitations importantes, il ne serait pas judicieux de lire ces chiffres comme des proportions statistiques. Nous pouvons cependant comparer la part totale que prennent les autrices ou auteurs dans chaque corpus – celui de Mimesis (2024) et celui de la littérature secondaire depuis 1984 – pour avoir une certaine idée de leur importance respective. On décèle alors que Dante a gardé sa place au centre du canon. Homère l’y rejoint, alors que Boccaccio décidemment n’est plus un des auteurs les plus commentés (au moins dans la partie numérisée et accessible du corpus). Des nouveaux centres d’intérêt émergent : Goethe et Woolf, Platon et Proust nous parlent d’une littérature comparée nettement moins centrée sur les langues romanes que dans la première moitié du Vingtième Siècle. On dirait qu’il y a un groupe d’auteurs qui ont le plus perdu en importance : Boileau, Sénèque, Ammien ainsi que les Frères Goncourt en font partie. Parmi les auteurs classiques, on observe une division : Corneille reste un auteur marginal, alors que Racine est rappelé plus souvent.

29Platon s’impose par l’origine du terme « mimesis », mais peut-être aussi par un tournant discursif qui se produit à l’intérieur de la littérature comparée, et qui valorise la littérature secondaire. Koppenfels écrit en 2013 que Mimesis « seit einiger Zeit nicht mehr nur als Zugang zu den Texten gelesen, die es kommentiert, sondern eben als Ersatz dafür »20 (p. 183). Cette observation ne fait que se confirmer à la lumière des quarante dernières années de recherche. Et on peut même ajouter que les textes sur Mimésis, remplacent la lecture de l’ouvrage secondaire par des ouvrage de troisième, quatrième, voir cinquième degré. Pendant cette époque, l’étude des lettres romanes parait s’effacer non seulement au profit des littératures anglophones et germanophones, mais aussi d’une discussion théorique, dans laquelle s’inscrit la forte présence du philosophe grec. Certes, il y a parmi cette métacritique des articles qui reprennent la lecture qu’Auerbach fait de Goethe ou de Woolf, par exemple ; cependant, les noms les plus fréquents ne sont pas ceux d’autrices et d’auteurs littéraires, mais ceux de théoriciens de la littérature et de la culture. Edward Said, avec 58 ouvrages qui le citent, est un auteur plus présent que Goethe et Woolf. Ainsi, peut-on conclure, le canon ne change pas seulement de distribution quantitative, mais est aussi encadrée dans une méthodologie différente : Mimesis passe, peu à peu, du domaine de la littérature comparée à celui de la théorie littéraire comparée.

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