Web littéraire
Actualités du web littéraire

éditos

Appel : Penser queer en français (Fabula-LhT)

Appel : Penser queer en français (Fabula-LhT)

Dès ses écrits fondateurs, la queer theory est allée chercher certains de ses arguments du côté des textes littéraires: Euripide, Sophocle ou Kafka chez Judith Butler; Melville, James ou Proust chez Eve Kosovsky Sedgwick. Elle les a considérés comme les espaces les mieux à même de manifester l’articulation entre répression des sexualités «hors-normes» et cadrage épistémologique des discours sociaux.

Sous le titre «Penser queer en français : littérature, politique, épistémologie», un prochain dossier de notre revue Fabula-LhT: littérature, histoire, théorie, codirigé par Nicolas Aude et Danielle Perrot-Corpet, comparatistes à Sorbonne Université, a pour ambition de réfléchir aux multiples formes de «devenir minoritaire» que ce terme pourrait permettre de désigner en français. Les propositions de contribution à ce dossier sont à adresser avant le 2 octobre 2023 au comité de rédaction de la revue. (Lire l'appel complet.)

Illustration: Emile Boivin, Le Songe de Panurge (1876).

Le livre suisse

Le livre suisse

Dans le cadre du récent festival Textures (Fribourg), l’association LivreSuisse a lancé sa nouvelle plateforme, qui vise à faire connaître au grand public la richesse du monde éditoriale suisse, en mettant en avant les contenus du magazine de l'association et le travail de ses membres, pour rassembler les nombreux événements autour du livre suisse et se faire aussi le relai d’autres institutions. On y retouvr donc toute l'actualité éditoriale des lettres helvétiques, les nouvelles parutions, les coups de cœur des librairies, et l'agenda des manifestations liées à la vie des livres. Livre suisse, c'est encore et toujours un magazine, à retrouver en librairie ou à feuilleter en ligne…

Droit & littérature au XIXe siècle

Droit & littérature au XIXe siècle

Les objets, mode d'emploi

Les objets, mode d'emploi

On peut faire remonter au début des années 1980 le material turn qui a donné naissance, dans les universités anglophones, aux material culture studies. Cet intérêt pour les objets s'est rapidement étendu à un ensemble de disciplines : l'anthropologie mais aussi l'histoire, l'histoire de l'art, la sociologie, les lettres, en bref, les sciences humaines. Ce que réaffirmait avec force le material turn, c'est que les artefacts sont non seulement le produit de pratiques qui permettent leur production et leur diffusion — que l'on ne comprend qu'en surface si on les regarde comme des phénomènes purement économiques — mais sont également eux-mêmes les sédimentations, les vecteurs et les modélisateurs de pratiques signifiantes. Le septantième dossier critique de notre revue des parutions Acta fabula vient témoigner de l'actuelle vivacité de la question, mais aussi de son transfert : des sciences sociales vers les études littéraires, francophones en l'occurrence. Car celles-ci, héritières de systèmes de valeurs ancrés où la matérialité n’a jamais le bon rôle, ont longtemps fait peu de cas de la présence pourtant massive des objets dans leurs objets. Le sommaire réuni par Joséphine Vodoz cherche à illustrer les diverses formes de "lecture matérialiste" (M. Caraion) qui s’exercent actuellement et ce qu'elles relaient des différentes disciplines dont elles sont l’écho.

Les Doublures redoublé

Les Doublures redoublé

Dans la livraison de février d'Acta fabula, Thierry Tremblay rend compte sous le titre "Le Souffleur et son double" de Les Doublures. Manuscrits du Souffleur et autres documents de Pierre Klossowski, publié par Guillaume Perrier aux éditions Ismael en 2021. Les Doublures – titre provisoire du roman Le Souffleur ou le Théâtre de société publié chez Jean-Jacques Pauvert en 1960 – est une plongée dans les manuscrits et les archives de Pierre Klossowski, disparu il y a vingt ans, dont l’œuvre inclassable, écrite et picturale, traverse le XXe siècle. Constitué d’inédits et de textes introuvables, brouillons, lettres, fragments d’entretiens, textes de circonstance, et d’un dossier de presse, le volume nous propose de découvrir comment les personnages du roman se dédoublent au gré de la folie du narrateur, quelles personnalités du monde littéraire et de sa vie privée ont inspiré l’auteur, quels rapports la fiction entretient avec l’histoire et l’actualité (résistance et collaboration, guerres coloniales, coup d’État des généraux, prise du pouvoir par de Gaulle, révolution des mœurs…), comment le personnage de Roberte devient maîtresse du jeu et instigatrice d’une utopie néo-­fouriériste, après avoir été victime d’un époux pervers dans les deux premiers volumes de la trilogie, Roberte ce Soir et La Révocation de l’Édit de Nantes… Dans les manuscrits, où tous les possibles narratifs sont encore ouverts, on croise la silhouette fantomatique d’André Gide, mais aussi les figures de Gilberte Lambrichs, Pierre Leyris, Gabriel Marcel, Jean Paulhan, peut-être Georges Bataille et Jacques Lacan, et surtout Jean Carrive, "proprement le souffleur", jeune poète surréaliste devenu érudit et traducteur, écrivain sans œuvre dont l’"âme violente" inspire ces "Nouveaux Mystères de Paris"…

Si le volume imprimé reste disponible à l'achat en ligne comme en librairie, une publication numérique en libre accès est désormais proposée en Pdf sur le site internet des éditions et sur Internet Archive

Avec nos compliments !

Avec nos compliments !

La revue grenobloise Exercices de rhétoriques consacre sa vingtième livraison aux analyses du compliment, de l'Antiquité au XXe siècle. Coordonné par Françoise Poulet, ce sommaire pose d’emblée comme essentiel le rôle que joue l’allocutaire dans la réception du compliment, défini comme un acte de langage doté d’une force illocutoire, au même titre que la demande insistante ("la sollicitation") ou la menace. Dans la lignée des travaux fondamentaux de Catherine Kerbrat-Orecchioni, les articles réunis soulignent la nécessité de s’intéresser à "l’échange complimenteur", plus encore qu’au compliment, au sein des interactions verbales. Cette approche pragmatique et interactionniste se concilie avec profit avec une étude du compliment comme type de discours rhétorique, récurrent dans des genres adressés comme la lettre, la dédicace ou la poésie d’éloge.

(Illustr. : František Kupka (1871-1957), Compliment, 1912, ©Centre Georges Pompidou)

Voyager en savant

Voyager en savant

La revue en ligne Viatica consacre sa dixième livraison aux "Voyage et pratiques savantes et érudites. XVIIe-XIXe siècles", à l'initiative d'Isabelle Brian et Alain Guyot. Dès l’aube de l’époque moderne, l’érudition a en effet partie liée avec l’univers du voyage savant : quand le marchand se déplace pour augmenter ses gains, le pèlerin pour accumuler les indulgences, le savant vise à engranger les savoirs. Cet aspect cumulatif de l’érudition est souligné par la définition du terme donnée dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, signalant que le mot, bien que signifiant savoir, connaissance, a été "plus particulièrement appliqué au genre de savoir qui consiste dans la connaissance des faits et qui est le fruit d’une grande lecture". Le savant est donc avant tout celui qui maîtrise de vastes connaissances, en particulier dans ces domaines où importe la « science des faits » : l’histoire, les langues, les sciences naturelles. En permettant l’accès aux sources du savoir : livres et manuscrits, vestiges archéologiques, paysages, minéraux, spécimens de la flore et de la faune quand ce n’est pas l’étude des hommes, des sociétés et des gouvernements, le voyage augmente les ressources à disposition et ne serait, d’une certaine manière, que la continuation des lectures de cabinet par d’autres moyens.