Saviez-vous qu’un Van Eyck fit l’objet d’une demande de rançon ? Qu’un Caravage volé par la mafia est toujours porté disparu ? Qu’une toile admirée sombra avec le Titanic ? Que Monet représenta le pire des dangers pour ses propres œuvres ? Que le gouvernement de Vichy détruisît un ballon qui décorait Paris ? Qu’un Picasso explosa dans un crash aérien ? Que certaines œuvres se sont inexplicablement évanouies des réserves des musées qui devaient les conserver ? Dans Chefs-d’œuvre disparus. Ces trésors que vous ne verrez jamais plus (Gallimard), Sophie Pujas narre le destin rocambolesque de plus d’une centaine d’œuvres, pour réfléchir à la façon dont l’art peut disparaître.
Rappelons qu'au sein du dossier critique d'Acta fabula associé à la livraison de Fabula-LhT "La bibliothèque des textes fantômes", on peut (toujours) lire un compte rendu de l'essai consacré par Céline Delavaux à cette même question, Le Musée impossible. La collection des œuvres d’art qu’on ne peut plus voir (La Renaissance du Livre) : "La main du temps & l’œil de l’esprit. Voir les œuvres qu’on ne peut plus voir", par Marc Escola et Nathalie Kremer. Et un peu plus haut dans le temps, mais toujours dans Acta fabula, l'article consacré par Paul-André Claudel à l'essai séminal de Judith Schlanger, Présence des œuvres perdues (Hermann) : "L’ombre et la trace. Livres perdus, œuvres damnées".
Nathalie Kremer s'est récemment intéressée à la façon dont les écrivains ont été tentés de faire fiction de la destruction d'une œuvre d'art : tableaux piétinés, brûlés ou lapidés, statues mutilées, refondues ou enterrées…, nombreux sont les romans qui donnent à voir des œuvres dans l’instant même où elles sont rendues invisibles. Dans Tableaux fantômes. Quand la fiction montre les œuvres disparues, accueilli par la collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann, elle recense les différents gestes iconoclastes imaginés par de Balzac et Gogol jusqu’à Perec, Michon ou Reza, pour décrire les modes paradoxaux de création par destruction dans la fiction littéraire. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage… désormais intégralement accessible en ligne en ligne via Cairn…. Lucie Garrigues en propose la recension au sein du récent dossier "Voir en peinture" d'Acta fabula : "Destructions créatrices. Écrire ce qui ne peut être vu".