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Mettre sa souffrance en récit

Mettre sa souffrance en récit

Depuis le "tournant narratif " des années 1980, les sciences humaines et sociales ont accordé une place croissante aux récits individuels, comme autant de points de vue qui permettent d’enrichir la compréhension des expériences humaines et de la réalité sociale.Le domaine de la santé n’est pas en marge de ces évolutions. S’il est aujourd’hui communément admis que l’on peut produire de la connaissance à partir de récits à la première personne, il reste indispensable de réfléchir à la façon dont ces narrations sont construites, à ce qu’elles mettent en lumière et laissent dans l’ombre. Sous le titre "Mettre sa souffrance en récit", un numéro de la Revue des Sciences sociales coordonné par Jadwiga Bodzińska-Bobkowska et Camille Lancelevée interroge les modalités de cette mise en récit, en mettant en miroir analyse littéraire et sciences sociales pour réfléchir à la production de récits individuels susceptibles d’éclairer autrement l’expérience de la maladie et de la souffrance. L’œuvre artistique de Nathalie Menant, Mues, illustre d’autres manières de faire parler des corps « indicibles » en interrogeant ce qu’ils laissent comme empreinte, ce qu’ils disent et taisent, et ce que leur mise en scène permet de reconstruire.

(Photo : Mues, ©Nathalie Menant, 2020)

La fiction à l'école

La fiction à l'école

Un kit de création critique

Un kit de création critique

Enquêtes et révisions d’enquêtes closes depuis l’antiquité, procès fictifs, réécritures de classiques, recours à la cartomancie, livres-Talmud, livres dont vous êtes le héros, fictions et autres thrillers théoriques, essais en tous genres mais aussi jeux de rôles, performances, créations numériques : le magasin d’accessoires des études littéraires frappe aujourd’hui par sa profusion et sa bigarrure. C'est qu'en un mouvement d’ailleurs partagé avec d’autres sciences sociales, la recherche en lettres se trouve tentée, happée par ces pratiques créatives dont il s’agissait hier, et sans doute aujourd’hui encore quoiqu’autrement, de faire "science". Pour commencer à dresser la carte de ces formes créatives de la critique et de la théorie littéraires contemporaines, la dernière livraison de la revue Littérature expose, à l'initiative d'Adrien Chassain et Nancy Murzilli, ce qui se fabrique au sein du département de littérature et de l'équipe "La fabrique du littéraire" (FabLitt) de l'Université Paris 8, non sans communiquer avec d’autres disciplines, d’autres universités, d’autres espaces sociaux. Le sommaire en est accessible en ligne via Cairn.

Le mélodramatique

Le mélodramatique

Si nombre de mélodrames du début du XIXe siècle sont des adaptations de romans, le mélodramatique "qui tient du mélodrame par l’outrance des sentiments et des attitudes" (Trésor de la Langue française) reste un registre qui rythme la publication de romans sériels de la fin du siècle et est encore efficace dans leur devenir cinématographique (Les Deux Orphelines, La Porteuse de pain, Roger la Honte). La nouvelle livraison de la revue Romantisme entend aborder les ressorts, les effets et les mécanismes mélodramatiques identifiables et codifiés, bien avant leur fortune à l’écran. En écartant d’emblée le théâtre et les arts de la scène, ce volume de poétique invite à considérer non le mélodrame en tant que genre ou sous-genre théâtral ou musical, mais bien le mélodramatique en tant que procédé, effet et discours critique.

Réappropriations des images

Réappropriations des images

À l’heure où les images se répandent dans un flux continu, saturant nos écrans, nos champs de vision, nos horizons, les pratiques de création consistant à se réapproprier le répertoire visuel déjà produit traversent les arts et les médias. La revue lausannoise Études de lettres se penche sur "La réappropriation des images dans l’art et les médias contemporains", à l'initiative de Nathalie Dietschy et Valentine Robert. Le sommaire accessible en ligne questionne les modalités de ces reprises, les retours d’images qui gagnent un statut de référence, les défis portés à la propriété artistique, les processus de transformation et de recontextualisation opérés dans des registres variés – ludique, critique, engagé… Des mèmes internet aux reenactments, en passant par les tableaux vivants et les réemplois artistiques et cinématographiques d’images d’autrui, ce numéro confronte les démarches de réappropriation pour mieux en cerner les contours, les limites et les potentiels créatifs.

Illustrer le roman national

Illustrer le roman national

Le site Utpictura18 publie un nouveau numéro de sa revue en ligne Rubriques : "Illustrer le roman national", sous la direction de Nicolas Bianchi et Nicolas Diassinous. Adossée à la riche base de données iconographique Utpictura18, le sommaire fait le pari de la pluridisciplinarité (études littéraires, arts de la scène, histoire et histoire de l’art, études médiatiques, didactique, etc.) pour aborder au fil d’un long XIXe siècle (1789-1918) des supports iconographiques aussi variés que possible (manuels scolaires, pièces de théâtre, affiches, peinture d’histoire, jeux de société), en leur posant quelques-unes des grandes questions que soulève cette mise en image du roman national.

Dramaturgies du réel

Dramaturgies du réel

Un nombre croissant de chercheur.es en sciences humaines, anthropologues, sociologues, géographes et archéologues, recourent à des dispositifs artistiques pour mener à bien leurs travaux sur le terrain : film, théâtre, opéra, concert, sonographie, performance, reconstitution historique, etc. De quelle préoccupation heuristique découle la nécessité d’une telle démarche pour rendre compte d’une situation sociale ? Pourquoi entreprendre ces nouvelles formes d’explorations ? Quels sont les problèmes qui incitent les chercheur.es à s’aventurer loin des sentiers battus ? La revue Communications consacre un sommaire aux "Dramaturgies du réel. Entre art et sciences humaines et sociales", en invitant contributeurs et contributrices à envisager leurs terrains sous un angle méthodologique, exposer la manière dont leur recherche s’est progressivement construite et expliquer les raisons qui les ont conduits à mener une recherche radicalement différente de celles suggérées par les manuels d’anthropologie.

(Photo : Société en chantier, Rimini Protokoll, S. Kaegli, Théâtre de Vidy-Lausanne 2020, ©Photo Jean-Louis Fernandez)