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"Les combats de Fiction & Cie : entretien avec Bernard Comment", par Pierre Benetti (en-attendant-nadeau.fr)

Publié le par Marc Escola

Les combats de Fiction & Cie : entretien avec Bernard Comment

par Pierre Benetti, en ligne le 4 novembre 2025 sur en-attendant-nadeau.fr

L’année 2024-2025 a marqué le cinquantenaire d’une magnifique aventure éditoriale mêlant les genres littéraires : la collection « Fiction & Cie », fondée au sein des éditions du Seuil par le poète et photographe Denis Roche, décédé en 2015 et pour lequel paraît un volume d’hommages. L’écrivain Bernard Comment, qui la dirige depuis l’automne 2004, revient sur l’histoire et l’actualité de la collection, en lui donnant de l’avenir.

Il est impossible de résumer le catalogue de « Fiction & Cie » : il est vaste et par définition indéfinissable, il unit des livres fort différents qui ensemble composent l’unité de la collection. Peut-être la seule voie pour cela est-elle subjective, car chaque lecteur y a son entrée personnelle. Alors, de votre point de vue, quelles ont été les grandes étapes de « Fiction & Cie », de 1974 à 2004 ?

À titre personnel, je me souviens pour commencer du choc du Nouveau désordre amoureux de Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut (1977), mais aussi de la lecture de Cours, Hölderlin ! de Jacques Teboul (1979), Cabinet-portrait de Jean-Luc Benoziglio et Dépôts de savoir & de technique de Denis Roche (1980), des Variations Goldberg de Nancy Huston (1982). Et côté littérature étrangère, des livres de Kurt Vonnegut, Susan Sontag et du Bûcher de Times Square de Robert Coover (qu’il faut relire aujourd’hui pour comprendre les États-Unis !).

Beaucoup de livres ont été de vraies révolutions, que Denis Roche a imposées. Le Dante écrivain de Jacqueline Risset (1982), dont on ne mesure pas aujourd’hui ce qu’il a pu être. À l’époque, Dante était illisible, dans des traductions amphigouriques qui empêchaient d’y entrer, c’était un auteur confisqué. Et tout à coup, Dante devenait vivant. Même chose avec Rimbaud en Abyssinie d’Alain Borer (1984) et cette idée renversante qu’il n’y a pas de rupture dans la vie de Rimbaud, mais une quête continue de l’absolu. On peut citer encore les Photos de famille d’Anne-Marie Garat (1994) : à l’époque, on écrit peu sur la photographie, et ce livre la déplace. De même, en 2002, les grands livres novateurs que sont L’invention de Paris d’Éric Hazan, qui renouvelle l’approche de la ville, et Les adieux à la reine de Chantal Thomas, qui convoque le roman historique, mais dans une forme subtilement renouvelée. Et puis le grand événement de La vie sexuelle de Catherine M., dont l’immense succès a sans doute masqué l’inventivité formelle. Tous ces livres chamboulent complètement notre perception des choses. […]

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(Photo : Leo Aupetit)