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Les bibliothèques invisibles
Une page se tourne. Une semaine après la leçon de clôture qu'Antoine Compagnon a donnée au Collège de France, William Marx commence son deuxième cours le mardi 19 janvier sur ces bibliothèques invisibles qui hantent tout lecteur, ces livres perdus ou oubliés, ces œuvres fantasmées, ces mondes parallèles qui approfondissent et donnent tout leur relief aux bibliothèques bien visibles qui nous entourent. Le cours et le séminaire qui l'accompagnera chaque semaine jusqu'au mois d'avril 2021 seront ainsi l'occasion de s'intéresser à des littératures autres, à des livres qui se trouveraient dans d'autres bibliothèques, d'autres étagères et selon d'autres canons. Autant de possibles et de questions qui prolongeront le cours sur la bibliothèque des étoiles nouvelles, donné l'an dernier.
(Illustration ©Jean-François Rauzier)
« Quindecim annos, grande mortalis aevi spatium »

Après quinze années passées au Collège de France à la chaire de "Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique et théorie", Antoine Compagnon a donné sa leçon de clôture mardi 12 janvier à 17h45, sous un intitulé emprunté à Tacite: "Quindecim annos, grande mortalis aevi spatium" — c'est un long intervalle que quinze ans dans la vie d'un mortel. Cette conférence, prononcée à huis clos mais diffusée en direct, reste accessible sur le site Internet du Collège de France. Les liens entre Fabula et Antoine Compagnon sont forts, anciens et nombreux ; il a su accompagner le développement du site à des moments importants. Nous lui en sommes reconnaissants. Lui qui prétendait "jouer la littérature à la hausse" dans sa leçon inaugurale, "La littérature pour quoi faire ?", n'a cessé de la servir. Et le fera encore.
Corneille et le vers

Après Corneille après Corneille, Corneille des Romantiques, Pratiques de Corneille, et Héros ou personnages ? Le personnel du théâtre de Pierre Corneille et Appropriations de Corneille, M. Dufour-Maître fait paraître directement en ligne, avec le concours de C. Laurin,, B. Louvat et L. Picciola, un nouvel ensemble intitulé Pierre Corneille, la parole et les vers, pour achever de mettre à bas ce mythe critique qui, en opposant "Corneille penseur" à "Racine poète » (lyrique), a trop longtemps occulté le travail du vers chez Corneille. Et donner tort à Claudel, qui marquait son dégoût pour "ce paquet d’alexandrins dont on [l'avait] gavé dans [s]a jeunesse", en déclarant "Non, Corneille n’est pas un poète".
Finir l'année 2020…

Toute l'équipe Fabula vous souhaite d'en finir le plus heureusement possible avec l'année 2020, annus horribilis par bien des aspects mais qui a néanmoins apporté son lot de parutions stimulantes et d'heureuses initiatives dont le site garde la mémoire dans l'album de l'année écoulée : retrouvez regroupés sur une seule page l'ensemble de nos éditoriaux qui sont venus, de semaine en semaine, signaler les livres, ouvrages collectifs, numéros de revue et rééditions importants, saluer les essais en prise sur des débats de société ou les questions les plus vives, cartographier les ressources du web littéraire, ou afficher les contenus élaborés par Fabula : les nouvelles entrées de l'Atelier de théorie littéraire, les sommaires d'Acta fabula qui fêtait en 2020 ses vingt ans d'existence et une soixantaine de dossiers critiques, les derniers numéros de la revue Fabula-LhT, ainsi que les volumes des Colloques en ligne mis en ligne chaque mois.
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Et s'il est encore temps d'écrire au Père Noël, sachez enfin que l'OuLiPo, toujours secourable aux écrivants en panne d'inspiration, a réuni une efficace collection de Vraies lettres inventées au Père Noël (Flamarion/Librio), "écrites par tout plein de gens qui sont devenus très très connus, comme la petite Edith Piaf ou encore Jean-Claude Van Damme ou alors même Sherlock Holmes, ou bien encore des lettres un peu bizarres, comme par exemple des contraventions ou bien des lettres d'amour ou encore des publicités…" Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…
Le XVIe siècle du XIXe

Et s'il avait fallu inventer le XVIe siècle ? La Renaissance a eu besoin de renaître, et ce sont sans doute les écrivains, artistes et historiens du XIXe siècle qui l'ont façonnée. Dans Le XIXe siècle, lecteur du XVIe siècle (Classiques Garnier), les spécialistes réunis par Jean-Charles Monferran et Hélène Védrine documentent cette relecture esthétique et politique du XVIe siècle. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…
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Mais qu'en fut-il un peu avant ? Quel était donc le XVIe siècle de Montesquieu, Rousseau ou Diderot ? M. Méricam-Bourdet, C. Volpilhac-Auger font paraître de leur côté La Fabrique du XVIe siècle au temps des Lumières (Classiques Garnier encore).
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Sur le site de l’IReMus (Institut de recherche en Musicologie), on peut aussi lire le XVIe avec les oreilles du XIXe, en écoutant "Les premières romances françaises du XIXe siècle sur des poèmes du XVIe siècle".
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(Illustr.: Albert Robida, illustration pour Le Tiers Livre de Rabelais (1859), où Panurge, arborant les bésicles qui témoignent de son désir de savoir comme de son inquiétude, se voit transformé en un gentleman fin-de-siècle).
La commande littéraire

"Eh oui, Monsieur, le tableau le plus célèbre du monde a été commandé par la lie de la terre avec les plus mauvaises intentions du monde, il faut nous y faire". Prononcés par le narrateur des Onze de Pierre Michon, ces mots révèlent la façon dont le phénomène de la commande embarrasse une représentation commune qui fait du projet créateur un critère cardinal de l’auctorialité moderne. Ils suggèrent aussi combien cette variété hétéronome d’occasion du livre est souvent ignorée, méprisée et, ajoutera-t-on, non moins monnaie courante. À l'initiative d'Adrien Chassain, Maud Lecacheur, Fanny Lorent et Hélène Martinelli, la 29e livraison de la revue COnTEXTES porte sur les logiques de la commande littéraire à l'époque contemporaine.
Lira bien qui lira le dernier

La Nouvelle Revue d'Esthétique consacre sa dernière livraison de l'année 2020 à celui qui a sans doute le plus œuvré au rapprochement entre la théorie littéraire et l'esthétique : Gérard Genette, en publiant les actes du colloque d'hommage tenu à l'EHESS en octobre 2019 réunis par Marc Cerisuelo. En proposant d'amples parcours de l'œuvre du théoricien, le sommaire invite à ressaisir plusieurs des problématiques forgées entre le premier volume des Figures et le deuxième tome de L'Œuvre de l'art, et à repenser les relations entre les essais théoriques et la "suite bardadraque" publiée hors collection "Poétique". Il lève aussi un coin du voile sur le fonds Raymonde et Gérard Genette déposé à l'EHESS, en offrant un rare document: un récit de "La Mort de Marcel" par Bergotte, exhumé une première fois à l’automne 1987 dans le second numéro de l'éphémère Journal littéraire d’Alain Garric.