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Pleurer dans les chaumières

Pleurer dans les chaumières

Au début des années 2000, on pouvait décrire un pan majeur de la littérature française contemporaine au prisme des “récits indécidables” (selon le terme de Bruno Blanckeman) ou du “roman ludique” (pour citer cette fois Olivier Bessard-Banquy). Ce temps semble lointain. Le “roman impassible” des éditions de Minuit ne paraît plus de mise, et les œuvres d’abord plus marginales de Marie NDiaye revisitant le mélodrame avec En famille en 1991, ou de Laurent Mauvignier faisant du monologue l’outil de la séparation des consciences dans Loin d’eux en 1999, témoignent au sein de cette maison influente de ce changement d’inflexion. L’ironie et le second degré qui avaient, depuis le Nouveau Roman, été revendiqués comme modes d’expression privilégiés d’une partie de la production littéraire en langue française se font certainement plus discrets. Avec le recul d’une évaluation formaliste de la littérature, ce sont aussi les caractéristiques ludiques et savantes de la littérature qui connaissent la même disgrâce. Le roman des années 2000 a peut-être renoué avec l'émotion et les larmes. À l'initiative de Dominique Rabaté et Maïté Snauwaert, la nouvelle livraison de Fixxion vient faire le point sur les liens entre "Roman et pathétique depuis les années 2000".

(S')interdire

(S')interdire

La nouvelle livraison de la revue Genesis, (S')interdire, dirigé par Elise Nottet-Chedeville, s’intéresse à la genèse du tabou en invitant à mesurer, dans les avant-textes ou la genèse post-éditoriale des œuvres littéraires, le rôle joué par les impératifs de la morale discursive. Le numéro analyse quels sont les domaines et les sphères langagières dans lesquels l’écrivain exerce un contrôle de lui-même, de quelle manière il le fait, à quelles fins, et quelles sont les poétiques d’écriture ainsi dessinées par ces interdits qui œuvrent. Une cartographie génétique du tabou qui étudie ses différentes inscriptions chronologiques et génétiques, l’implication de tiers portant la voix tabouisante, le dialogisme inhérent à l’interdit, les motifs d’autocensure, la plus ou moins grande conscientisation de la tabouisation, la diversité des stratégies discursives déployées pour ne pas dire, et enfin la réorientation générale de l’œuvre qu’entraînent les opérations de tabouisation.. Fabula vous invite à en découvrir le sommaire directement accessible en ligne via OpenEdition…

(Couverture : ©Gaspard Turin)

Le langage des vivants

Le langage des vivants

Les travaux des biologistes, éthologues et autres spécialistes de la communication animale et même végétale nous conduisent de jour en jour à réévaluer la notion même de langage, et posent un grand nombre de questions sur les rapports entre le langage humain et les autres formes de communication. Un volume Poésie et langages du vivant (XXe-XXIe siècles) édité en ligne Thomas Augais, Irène Gayraud et Thierry Roger vient remettre la poésie au premier plan des recherches sur les langages du vivant, qui ont pour l’instant été très centrés sur la fiction romanesque et l’essai, alors que le poème ne cesse de s’interroger sur l’articulation entre le langage et le réel, et que l’imaginaire poétique ne se satisfait pas des frontières entre les règnes.  "Que serait la biologie sans les poètes ?". s’interrogeait Francis Hallé citant Ponge et Valéry. Fabula vous invite à en découvrir le sommaire…

La créolisation des arts

La créolisation des arts

Parler de soi

Parler de soi

Longtemps décriée dans les sciences sociales du XXe siècle, l’analyse biographique est devenue au cours des dernières décennies un outil privilégié de l’histoire et de la sociologie. Les méthodes biographiques confrontent aussi les chercheuses et les chercheurs à leur propre trajectoire biographique, qui croise celle des actrices et des acteurs étudié·e·s, conduisant à faire preuve de réflexivité, de sensibilité et d’inventivité. Sous le titre Parler de soi. Méthodes biographiques en sciences sociales (EHESS éd.), un ouvrage collectif vient présenter l’ensemble de ces enjeux de méthode, en montrant que l’approche biographique est au cœur du renouvellement des sciences sociales.

Un cas de récidive

Un cas de récidive

Glorieuses modernistes

Glorieuses modernistes

OpenEdition vient de rendre accessible en ligne un volume paru en 2016 aux Presses de l'Université de Liège : Glorieuses modernistes. Art, écriture et modernité au féminin, édité par M. A. Caws et A. Reynes-Delobel. Le volume présente neuf artistes et écrivaines modernistes, connues ou moins connues, dans leur attitude de modernité : Judith Gautier, Dorothy Bussy, Suzanne Valadon, Emily Carr, Paula Modersohn-Becker, Dora Carrington, Isadora Duncan, Claude Cahun et Kay Boyle. Ces créatrices sont ici envisagées dans leur mode d'être historique, ce qui revient de fait à les détacher d’une pensée dualiste de l’altérité pour les resituer dans leur rapport de collaboration avec la réalité et l’actualité de leur temps. Un large choix d’extraits de lettres, journaux ou autres écrits autobiographiques, pour la plupart inédits ou proposés dans de nouvelles traductions, permet d’approcher au plus près leurs processus de création. Rappelons qu'on peut lire dans Acta fabula (Janvier 2017, vol. 18, n° 1) un article sur cet ouvrage : "Conscience moderne & esthétique au féminin", par Denise Ginfray.

(Photo. : Claude Cahun, 1927. Courtesy of Jersey Heritage Collections)