éditoriaux

Une saison de classiques mineurs

Une saison de classiques mineurs

Judith Schlanger nous le rappelait dans son récent essai, L'Écorce des choses : "L'été est la saison des classiques mineurs : chefs d'œuvres secondaires, livres du second rayon. Il faudrait célébrer leur statut, leur survie, leur présence, et la joie gratuite d'être avec eux." Avant de s'adonner à ces bonheurs majeurs, l'équipe Fabula a pris le temps de relire, et ouvre ainsi à la veille de l'été "Un cabinet de lectures" pour les 25 ans d'Acta fabula (lire ci-dessous et ci-contre).

Elle vous invite aussi comme à l'accoutumée à feuilleter l'album du printemps dernier, soit l'ensemble des éditoriaux publiés depuis janvier dernier sur les trois pages d'accueil du site, à parcourir les dernières livraisons de la revue des parutions et à retrouver la mémoire de ses dossiers critiques, à vous plonger dans les récents numéros de la revue Fabula-LhT, à arpenter les quatre collections des Colloques en ligne, ou encore à vous perdre dans le labyrinthe de l'Atelier de théorie littéraire, dans lequel nous finirons bien par mettre un peu d'ordre. Rendez-vous dès le 18 août pour découvrir les essais de la rentrée.

25 ans d'Acta fabula : un cabinet de lectures

25 ans d'Acta fabula : un cabinet de lectures

Les revues littéraires ne sont pas si nombreuses à pouvoir fêter leurs vingt-cinq années d’exercice. Un quart de siècle d’existence, à raison de onze numéros par an, ce sont plus de 4000 articles qui constituent aujourd’hui une précieuse archive des recherches sur la littérature (au singulier, c'est-à-dire dans le pluriel de ses langues). Ce sont aussi plusieurs générations de chercheurs qui ont trouvé dans la revue une chambre d’échos pour leurs lectures les plus vives, et un laboratoire pour l’incubation de leurs propres intuitions. Sous le titre "Un cabinet de lectures", le numéro anniversaire offre une série de chroniques personnelles qui sont autant de lectures au long cours et pour la plupart intempestives, qu’il s’agisse de rendre compte d’ouvrages passés sous les radars ou auxquels la revue n’a pas su donner la place qu’ils méritaient à leur date de parution, de rouvrir des volumes antérieurs à l’existence d’Acta fabula pour en montrer l’importance et l’actualité, ou de souligner l’influence qu’un livre a joué sur sa propre recherche, fût-ce à contretemps. Autant de façons de dire une dette personnelle et scientifique à l’égard d’un ouvrage ou d’un auteur singulier, et de signifier que la recherche n’a pas d’autre moteur que les vraies rencontres intellectuelles.

Le théâtre de la décolonisation

Le théâtre de la décolonisation

Peut-on encore regarder la tragédie comme un genre défunt ? Dans Tragédies de la décolonisation. Théâtre francophone africain, caribéen, malgache (1942-1992), Charlotte Laure montre que l’association d’un genre canonique et d’un sujet politique contestataire s’avère féconde. Non seulement la tragédie n’est pas morte, mais elle est renouvelée par des auteurs francophones de la deuxième moitié du XXe siècle. Le parcours est tout entier placé sous le signe de ce mot de Kateb Yacine à Brecht lors de leur recontre en 1955 : "Brecht m’a dit qu’il ne pensait pas que c’était le temps de la tragédie. Je lui ai alors répondu : Actuellement, en Algérie, nous vivons une tragédie, et c’est ça que j’écris".

(Illustr. : Une saison au Congo d'Aimé Césaire, m.e.s Christian Schiaretti, Théâtre des Gémeaux, 2013)

Écrire la lecture

Écrire la lecture

Inter-œuvres

Inter-œuvres

Le site Utpictura18 publie un nouveau numéro de sa revue en ligne Rubriques : "L'inter-œuvre", sous la direction de Philippe Ortel et Vérane Partenski. Dérivée des notions d’intertextualité et d’intermédialité, la notion suggère qu’une production artistique ne s’accomplit qu’en passant par la médiation de pratiques sociales, en particulier médiales et médiatiques, qui la débordent mais l’aident aussi à se constituer. Ainsi de ses conditions d’édition ou d’éditorialisation, de son hybridation avec d’autres formes de communication, des modèles ou matrices qui en informent le développement, comme les régimes pictural, photographique, cinématographique, télévisuel ou réticulaire de l’écriture, ou encore de sa diffusion, qui en étend le champ d’action. Toutefois là où l’"intertexte" désigne les énoncés qui circulent entre les textes (littéraires ou non) et l’intermédialité les énoncés, oralités et visibilités qui circulent entre les médias, l’inter-œuvre est une notion plus composite, puisqu’elle confronte une production restreinte, généralement individualisée – l’œuvre – à des pratiques sociales collectives, voire de masse. Ainsi comprise, elle met en tension d’une part les forces centripètes de la création – celles conduisant par exemple un poète à réunir ses textes en recueil ou ses performances sur son site personnel – et d’autre part les forces centrifuges d’activités sociales, notamment communicationnelles, prioritairement destinées à se diffuser dans le monde pour y agir.

Politiques de la littérature. Fortunes et infortunes d’une formule critique

Politiques de la littérature. Fortunes et infortunes d’une formule critique

Quinze ans après la publication de Politique de la littérature (Galilée, 2007) de Jacques Rancière, dont Pascale Fautrier avait rendu compte pour Acta fabula, la formule "politique(s) de la littérature" s’est largement répandue dans la recherche littéraire contemporaine. Son usage témoigne d’une volonté de repenser la place du littéraire dans l’espace social, et de la tentation de déplacer « hors du livre » l’enquête sur les liens entre politique et littérature. Plusieurs travaux se sont approprié la réflexion de Rancière, mais également les conceptualisations amorcées par Benoît Denis et Jean-Francois Hamel au sujet des "politiques de la littérature". Un nouveau dossier accueilli dans la collection "Le fond de l'air" des Colloques en ligne de Fabula propose de revenir sur cette formule. Le sommaire réuni par Lucie Amir, Justine Huppe et Julien Jeusette prend acte de son hétérogénéité, présente les objets de recherche qu’elle a permis de penser et les prolongements auxquels elle a pu – et peut encore – donner lieu.  

(Illustr. : The Book Bloc)

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