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Culture, oralité et écriture. L'Algérie à travers ses langues et ses textes (Béjaia, Algérie)

Culture, oralité et écriture. L'Algérie à travers ses langues et ses textes (Béjaia, Algérie)

Publié le par Marc Escola (Source : Mohand Haddad)

Université de Béjaia, Faculté des Lettres & des Langues

Département de langue et littérature françaises, Laboratoire LESMS

Culture, oralité et écriture. L'Algérie à travers ses langues et ses textes

Lundi 20 & mardi 21 octobre 2025

Les rapports unissant la culture algérienne à l’oralité et à l’écriture sont souvent décrits comme complexes. La société algérienne a de tout temps usé de l’oralité comme principal vecteur de sa culture. Ses traditions, ses récits historiques, ses contes, mythes et légendes se sont surtout transmis via l’oralité. Bien qu’ayant intériorisé l’écrit -et l’écriture- depuis fort longtemps, cette société a su conserver, et même développer, des mécanismes qui ont souvent donné prédominance à l’oralité. D’aucuns soupçonneraient même des réticences de cette société à adopter l’écriture comme principal mode d’échange et de communication, comme pour demeurer dans un fonctionnement rappelant celui des « sociétés orales ». Peut-être juste parce que, comme le suppose P. Macherey : « l’oralité représente la forme la plus authentique de la pensée, une forme que l’apparition de l’écriture serait venue à un certain moment dénaturer, ou du moins modifier » (2014, pr. 7).

L’oralité est ici positivement définie, mais il est à rappeler que souvent celle-ci est perçue dans un rapport pour le moins complexe relativement à l’écriture. Mamoussé Diagne affirme que : « [l]e concept d'oralité se définit, la plupart du temps, négativement. Il prend place dans une topique dualiste qui le réfère négativement à l’écriture ... L'oralité est posée comme l'indice d'un manque de ce dont l'écriture figure le plein. » (2005 p : 15). Partant de là, certaines réflexions n’ont pas hésité à dévaloriser le savoir portée par la culture et la tradition orale relativement à l’écriture. Mais des postures comme celles qu’épouse cet auteur nous permettent de comprendre comment et pourquoi « il défend l'idée que le support de communication et les modes de connaissances qu'il détermine ne doivent pas être pensés sur un mode hiérarchique […], mais simplement comme différents. » (Fouéré M-A. 2009, pr. 3).

Le couple oralité – écriture devient encore plus complexe si nous tenons compte du fait que les avancées technologiques les plus récentes ont donné lieu à des situations jusque-là inédites. Ainsi, à la suite de Walter J. Ong, parlera-t-on d’oralité primaire et d’oralité secondaire. Pour P. Macherey, « l’oralité secondaire est celle qui a été mise en place grâce aux moyens offerts par les technologies électroniques : elle est donc complètement artificielle, à la différence de l’oralité primaire qui, elle, est naturelle. ».            (2014. pr. 8, note n° 8). Walter J. Ong précise quant à lui que : « [l]’oralité secondaire est à la fois remarquablement semblable et remarquablement dissemblable à l’oralité primaire » (2014, p. 154) ». Serait-il possible de postuler que cette « oralité secondaire » offrirait l’occasion à ces sociétés dites « orales » d’appréhender plus « efficacement » les défis de la modernité ? Dès lors, il y aurait nécessité d’élargir notre vision pour aborder autrement cette problématique à la lumière des évolutions actuelles, principalement celles en rapport au numérique. 

Qu’en est-il de cette problématique dans la société algérienne ? Pour raconter et se raconter, cette société a toujours « préféré » se dire (s’écrire) par les langues de l’Autre (des autres) tout en les faisant, souvent, siennes. C’est en son sein que le « premier roman » de l’humanité a vu le jour même si Apulée, son auteur, a « préféré » l’écrire en latin.

Si nous rappelons ce fait, ce n’est pas pour nous enorgueillir à l’idée que cette société a su demeurer « non dénaturée » en se maintenant dans une certaine oralité, pour reprendre Macherey. Ni dans l’idée d’offrir à celle-ci le mérite du premier roman de l’Histoire. Nous le faisons plutôt pour nous interroger sur le rôle, au sein de cette société, de l’oralité et de l’écriture en tant que modalités principales d’expression et d’élaboration des faits culturels. Ceci pour plaider en faveur de l’idée de devoir, comme le souligne Walter J. Ong, « élargir notre compréhension du passé oral, mais aussi notre présent en libérant nos esprits conditionnés par le texte » (2014 : p. 175).

Bien que le propos concerne, dans cette citation, le passé oral et le présent de toute société, cet élargissement duquel il est question interpellerait davantage encore la société algérienne. 

Dans celle-ci, l'oralité a toujours été prédominante même si l'écriture a pris de l'ampleur et est devenue un phénomène incontournable engageant toutes les sphères qui composent cette société. Mais la « tension » entre ces deux formes d’expression culturelle a autant pris de l’ampleur. Elle a même fini par devenir, par exemple en littérature, une thématique explorée par plusieurs auteurs. Ainsi, Kateb Y. A. Djebar, M. Dib, N. Fares, ou encore T. Djaout, ont tous puisé de cette oralité pour élaborer des récits écrits.

Par ailleurs, les langues en présence en Algérie ; le tamazight -tel qu’enseigné et tel que pratiqué en société à travers ses variétés-, le français, l’arabe (classique et dialectal), charrient toutes, dans leurs modalités d’usage, des particularités –et des particularismes – induits par les conceptions que développent leurs locuteurs face à l’oralité et à l’écriture et de leur façon de vivre et de penser celles-ci.

En somme, nous aimerions, durant ce colloque, débattre de l’Algérie à travers ses différentes manifestations culturelles à partir de ses langues et des textes oraux (contes, adages, expressions …) ou écrits (romans, essais, textes divers), qui la disent et qui la décrivent pour saisir les dynamiques sous-jacentes au couple oralité-écriture et les spécificités de ce dernier tel que vécu dans cet espace - Algérie -. … Ceci sur les plans (socio)linguistique et (socio)didactique, sur celui poétique et littéraire … mais aussi sur tout autre plan impliquant tout objet sémiotique à même d’aider à comprendre le couple « oralité – écriture » tel que vécu en « Algérie ».

Nous nous pencherons ainsi sur les langues d’Algérie :

Que dit-on dans cet espace à propos des langues d’Algérie vues sous l’angle de l’oralité et de l’écriture ? Quel rôle ces deux formes d’expression jouent-elles dans la construction des représentations en rapport à ces langues ? Qu’est-ce qui caractérise les discours qui prennent ces thématiques comme objet de leur dire ? Qu’est-ce qui légitime ce dire ? Quelles postures adopte-t-il face à chacune des langues en présence ? Que donnera une description profonde des rapports de l’Algérien (en tant qu’être social) face à ses langues à partir de ces discours ? Quelles sont ses attentes, en tant que consommateur (écoles, médias, livres …) ? En tant que producteur (auteur, manipulateur institutionnel de la langue …) ? …

… Mais aussi sur différents textes :

Que donnera une analyse (littéraires, (socio)linguistique, sémiotique …) des textes littéraires ayant comme objet l’Algérie face à l’oralité et à l’écriture ? Quel descriptif en donnent-ils ? Comment des éléments de la tradition orale se retrouvent investis dans la littérature écrite ? Qu’en est-il des autres types de textes (journalistiques, éducatifs, pédagogiques …) ? Sont-ils autant investis par des éléments relevant de l’oralité ? 

… et sur différentes autres manifestations culturelles :

            Comment se présente le rapport - oralité / écriture -  dans les autres arts ? Ces autres objets sémiotiques (art culinaire, chanson, musique, manifestations sportives …) développent-ils un rapport particuliers face à ces deux formes ? La famille algérienne, l’être algérien, l’école et les autres institutions, vivent-ils le phénomène - oralité - de la même façon ? Sinon, en quoi diffèrent-ils dans leur conception de l’oralité algérienne ?

Ce sont là les principaux questionnements auxquels cette rencontre tentera de porter réponse. Les interventions peuvent s’articuler autour des axes suivants : 

 -      Axes de recherches (A titre indicatif) :

Axe 01 : L’Algérie à travers (son) (l’)oralité

Axe 02 : oralité, orature et oraliture à travers les réalités algériennes

Axe 03 : Culture et manifestation du culturel en Algérie

Axe 04 : Langues d’Algérie / langues algériennes. Unité et diversité en Algérie.

Axe 05 : Langue, représentations et attitudes sous l’angle de l’oralité et de l’écriture

Axe 06 : Narrer, conter et raconter l’Algérie à l’oral et à l’écrit

Axe 07 : Oralité / écriture à travers les institutions pédagogique et universitaires (école / université) algériennes.

Langues de communication du colloque : français, tamazight, arabe.

Calendrier et informations pratiques

- Lancement de l’appel à communications : 8 mai 2025

- Date limite pour la soumission des propositions de communication : 20 juillet 2025

- Communication des décisions du comité scientifique :  10 août 2025

- Date du colloque : 20 - 21 octobre 2025

- La proposition de communication doit inclure : 

-l’intitulé de la communication,

- un résumé de 3500 signes au maximum, espaces compris, 

- 7 à 10 références bibliographiques pertinentes, 

- 5 mots clés et

- l’indication de l’axe choisi.

Elle doit être accompagnée d’une brève notice bio-bibliographique comportant les renseignements suivants : le nom, le statut, l’affiliation et les coordonnées de l’auteur.

Elle doit être adressée en document Word à l’adresse suivante :

oraliteecriturecolloque@gmail.com

Bibliographie indicative

Bakrim Noureddine. Les discours identitaires sur Internet : différenciation et usages de l’image. Signes, Discours et Sociétés [en ligne], 2. Identités visuelles, 22 janvier 2009. Disponible sur Internet : http://www.revue-signes.info/document.php?id=652. ISSN 1308-8378.

Benramdane Farid. « Espace, signe et identité au Maghreb. Du nom au symbole », in Insaniyat, n° 9, Oran, CRASC. 1999.

Bounfour Abdallah. Oralité et écriture : un rapport complexe. In : Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, n°44, 1987. Berbères, une identité en construction. pp. 79-91.

Bourdieu Pierre. Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistique. Editions Fayard. 1982. Claudot-Hawad, Hélène, « Les tifinagh comme écriture du détournement : Usages touaregs du XXIe siècle » Études et documents berbères. Page 2. , 2005, pp.5-30.

Déglisse-Coste Béatrice, Représentations du monde et symbolique élémentaire. Thèse de doctorat en Philosophie. Sous la direction de Pierre Guenancia. Soutenue le 21-06-2013.

Du Pasquier, Marie-Alice. « L'écriture entre corps et langage », Le français aujourd'hui, vol. 170, no. 3, 2010, pp. 65-70

Dourari Abderrezak. Penser les langues en Algérie. Editions Frantz Fanon, 2022

Dourari Abderrezak. Politique linguistique en Algérie : entre le monolinguisme d'Etat et le plurilinguisme de la société. In : Synergies pays germanophones. N° 5. Pages 73-89. Éditeur. Gerflint

Dourari Abderrezak.Les malaises de la société algérienne d'aujourd'hui : crise de langues et crise d'identité. Casbah éditions, 2003

Fouéré Marie-Aude, « Diagne, Mamoussé, 2005, Critique de la raison orale. Les pratiques discursives en Afrique noire », Journal des africanistes [En ligne], 79-1 | 2009, mis en ligne le 21 juillet 2011, consulté le 06 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/2920 

Guichard Éric. « Ce que l’internet fait à l’écriture ». Revue Belge de psychanalyse, Société Belge de Psychanalyse, 2017, Internet, l’écrit et les psychanalystes, 71, pp.1-7.

Lacoste-Dujardin, Camille. Le conte kabyle. Étude ethnologique. Editions La découverte. Paris 2003.

Macherey Pierre. Compte rendu de Walter J. Ong, « Oralité et écriture ». url : https://philolarge.hypotheses.org/1492#identifier_3_1492. Date de consultation : février 2018. 2014.

Mamoussé Diagne. Critique de la raison orale. Les pratiques discursives en Afrique noire, Paris, Karthala. 2005.

Medjahed Lila. Penser l’algérianité dans la littérature « d’ici et de là-bas » : lecture comparative. Insaniyat N°s 69-70 | 2015 | Les migrations vues du Sud| p. 111-126.

Mwamba Cabakulu. De l’oralité à l’écriture ou de l’africanité à la tranculturalité. URL : https://pdfs.semanticscholar.org/f0fb/83ab9c25a2be05ab1864f0c5a52eb08fa5d6.pdf. Consulté le 21 janvier 2024.

Walter J. Ong. Oralité et écriture (La technologie de la parole), 1982, trad. fr., Paris, Les Belles Lettres, 2014.

 Président du colloque :

Dr HADDAD Mohand

 Président du comité scientifique du colloque :

Pr LANSEUR Soufiane

Membres du comité scientifique :

Dr ABDELOUHAB Fatah (Université de Béjaia)

Pr ADJAOUT Rachid (université de Béjaia)

Dr AIT MOULA Zakia (université de Béjaia)

Dr AMAOUI Mahmoud (université de Béjaia)

Pre AKIR Hania (Université de Béjaia)

Pr AREZKI Abdenour (Université de Béjaia)

Dr BELKESSA Lahlou (université de Béjaia)

Dr BENALI Lounis (université de Béjaia)

Dre BOUKERCHI Lamia (université de Béjaia)

Dr BOURKANI Hakim (université de Béjaia) 

Pr BEKTACHE Mourad (Université de Béjaia)

Dre BELHOCINE Mounya (Université de Béjaia)

Dr BELKESSA Lahlou (Université de Béjaia)

Dr BENNACER Mahmoud (Université de Béjaia)

Dre BENBLAID Lydia (Université de Béjaia)

Dr BESSAI Bachir (Université de Béjaia)

Dre BOUNOUNI Widad (Université de Béjaia)

Pre CHACHOU Ibtissem (Université de Mostaganem) 

Pr DOURARI Abderrezzak (Université de Béjaia)

Dr HADDAD Mohand (Université de Béjaia)

Pr HAMEK Brahim (université de Béjaia)

Pre HAOUCHI Aida (université de Béjaia)

Pre KACI Fadela (université de Béjaia)

Dr KERBOUB Nassim (Université de Béjaia)

Pr LANSEUR Soufiane (Université de Béjaia)

Dr MEDJDOUB Kamel (CRLCA. Béjaia)

Pr MOUALEK Kaci (université de Tizi-Ouzou)

Dre NASRI Zoulikha (Université de Béjaia)

Pre OURTIRANE-RAMDANE Souhila (Université Sétif 2)

Dre OULD BENALI Naima (Université de Béjaia)

Dre OUYOUGOUTE Samira (Université de Béjaia)

Pre RAHAL Safia (Université d’Alger 2)

Pr SADI Nabil (Université de Béjaia)

Dre SADOUDI Oumelaz (Université de Béjaia)

Dre SAKRANE Fatima-Zohra (Université de Béjaia)

Pr SALHI Md Akli (Université de Tizi-Ouzou)

Dre SAMAHI Nadia (Université de Béjaia)

Dr SEGHIR Atmane (Université de Béjaia)

Dr SIDANE Zahir (Université de Béjaia)

Dr SLAHDJI Dalil (Université de Béjaia)

Dr TABOUCHE Boualem (Université de Bouira)

Pr TABTI Farid (université de Béjaia)

Dre TOUATI Radia (Université de Béjaia)

Dr YAHIA-CHERIF Rabia (Université de Béjaia)

Dr ZOUAGUI Sabrina (Université de Béjaia)

Dr ZOURANENE Tahar (Université de Béjaia)

 Président du comité d’organisation

Dr YAHIA-CHERIF Rabia

Membres du comité d’organisation :

ABDELLAOUI Aomar, ABDELOUHAB Fatah, AIT MOULA Zakia, AKIR Hania, BELLIL Kahina, BELKESSA Lahlou, BENAMSILI Sonia, BENBERKANE Younes, BENBELAID Lydia, BENNACER Mahmoud, BESSAI Bachir, BOUDAA Zahoua, BOUKERCHI Lamia, BOUNOUNI Ouidad, BOURKANI Hakim, BOUSSAID Abdelouahab, CHERIFI Hamid, HOCINI Zouina, KACI Faiza, KENNICHE Rabha, KERBOUB Nassim, LALILECHE Nadir, MAHFOUF Smail, MAHROUCHE Nesrine, MOUNSI Lynda, MOUSSOUNI Nouhed, NASRI Zoulikha, REDJDAL Nouara, REDOUANE Rima, SADOUDI Oumelaz, SAKRANE Fatima-Zohra, SAMAHI Nadia, OULD BENALI Naima, OU