
Peut-on encore regarder la tragédie comme un genre défunt ? Dans Tragédies de la décolonisation. Théâtre francophone africain, caribéen, malgache (1942-1992), Charlotte Laure montre que l’association d’un genre canonique et d’un sujet politique contestataire s’avère féconde. Non seulement la tragédie n’est pas morte, mais elle est renouvelée par des auteurs francophones de la deuxième moitié du XXe siècle. Le parcours est tout entier placé sous le signe de ce mot de Kateb Yacine à Brecht lors de leur recontre en 1955 : "Brecht m’a dit qu’il ne pensait pas que c’était le temps de la tragédie. Je lui ai alors répondu : Actuellement, en Algérie, nous vivons une tragédie, et c’est ça que j’écris".
(Illustr. : Une saison au Congo d'Aimé Césaire, m.e.s Christian Schiaretti, Théâtre des Gémeaux, 2013)