Questions de société

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Le roman national

Le roman national

Après "Ennemis mortels". Représentations de l’islam et politiques "musulmanes" en France à l’époque coloniale (La Découverte), O. Le Cour Grandmaison nous ouvre les portes de La fabrique du roman national-républicain (Amsterdam). Qui sont les promoteurs du roman national ? Quels sont les mythes qui, hier et aujourd’hui encore, le soutiennent et structurent les représentations et les pratiques des élites dirigeantes, et celles de nombreux clercs devenus des scribes consciencieux ? Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…

Rappelons le sommaire de la revue Rubriques accueilli par le site Utpictura18, déjà salué par Fabula : "Illustrer le roman national", sous la direction de Nicolas Bianchi et Nicolas Diassinous. Adossée à la riche base de données iconographique Utpictura18, le sommaire fait le pari de la pluridisciplinarité (études littéraires, arts de la scène, histoire et histoire de l’art, études médiatiques, didactique, etc.) pour aborder au fil d’un long XIXe siècle (1789-1918) des supports iconographiques aussi variés que possible (manuels scolaires, pièces de théâtre, affiches, peinture d’histoire, jeux de société), en leur posant quelques-unes des grandes questions que soulève cette mise en image du roman national.

Mais aussi, aux éditions Mare & Martin, l'essai de Margot Renard, Aux origines du roman national. La construction d’un mythe par les images, de Vercingétorix aux Sans-culottes (1814-1848).

(Illustr : Paris, le 16 mai 1931. Inauguration du Musée permanent des colonies, dans le cadre de l’Exposition coloniale. À gauche, V. Beauregard souhaite la bienvenue à P. Reynaud, ministre des colonies et à M. Olivier, ancien gouverneur général de Madagascar et co-organisateur de l’Exposition avec le Maréchal Hubert Lyautey, ©Agence Rol / Wikimedia)

Qui a peur des bibliothèques ?

Qui a peur des bibliothèques ?

Qui a peur des bibliothèques ? On doit se poser la question, avec la dernière livraison de la NrF. Elles vivent depuis la nuit des temps à l’ombre de la censure, nous rappelle l’écrivain, traducteur et ancien directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine Alberto Manguel dans un éloge à ces temples du livre. Lieux de savoir à l’usage du pouvoir depuis leur création, nous rappelle, avec Ovide, le professeur au Collège de France William Marx. Lieux de fantasmes et de symboles aussi, pour l’éditeur Julien Brocard, qui échafaude la vertigineuse bibliothèque des livres qui n’ont jamais été écrits. Tandis que Vanessa de Senarclens, enseignante à l’université Humboldt de Berlin, revient sur « les pertes de guerre » des bibliothèques allemandes. Quel scénario d’avenir à l’heure de l’IA et de la numérisation des collections ? L’avenir appartient aux rats de bibliothèque, affirme dans une fiction déjantée le romancier et directeur de la Bibliothèque de littérature française et comparée de la Sorbonne, Cyrille Martinez.

Les États-Unis sont-ils en train de renouer avec les pratiques de l'autodafé ? Un second dossier donne la parole à l’ancien directeur de la bibliothèque de Harvard, Robert Darnton, qui revient sur la multiplication des interdictions de livres aux États-Unis, tandis que les écrivaines Alice Kaplan et Isabelle Jarry passent au crible deux livres-symboles de cette censure nouvelle : Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain et 1984 de George Orwell.

Mythologies du web

Mythologies du web

Au gré de ses trois principales évolutions (des sites et moteurs de recherche aux chatbots de l’Intelligence artificielle, en passant par les réseaux sociaux), le web a eu de plus en plus tendance à devenir le propre de la communication individuelle et collective. Instance de validation des informations et de formation des croyances, agent supplétif de connaissance et de création, il infléchit la dynamique même de l’expression et de la cristallisation des identités humaines. Dans Mythologies web, Jean-Marie Schaeffer montre comment le web nous impose ses "mythologies", comme s’il s’agissait de nous immuniser contre l’épreuve du réel. "Nous commençons à en payer le prix. Il est sans doute temps de nous réveiller... en commençant par dire ce que nous sommes et ce que le Web – et l’IA en particulier–n’est pas ni ne sera probablement jamais".

Subvertir le male gaze

Subvertir le male gaze

Else von Freytag-Loringhoven à la table des grands

Else von Freytag-Loringhoven à la table des grands

Longtemps oubliée, l’artiste et écrivaine Else von Freytag-Loringhoven (1874-1927) a été redécouverte à partir des années 1980. Celle que l’avant-garde new-yorkaise surnommait "la Baronne" s’est alors vu attribuer Fontaine, le célèbre urinoir de 1917 signé R. Mutt, même s’il est désormais établi qu’elle n’en est pas l’auteure. À New York dans les années 1910, on admire cette baronne allemande sans le sou pour sa manière d’incarner Dada, dans son travail de modèle comme dans les performances qu’elle improvise hors de l’atelier. Elle écrit aussi : des poèmes, publiés par la revue d’avant-garde The Little Review avant d’être censurés pour obscénité (à côté de l’Ulysse de Joyce dont elle prit la défense), ou un récit autobiographique, qu’elle centre sur sa quête de l’orgasme en réclamant ses sex rights… Ce qui caractérise EvFL (sa signature), c’est que L’art, c’est la vie. Tel est aussi le titre de l'essai qu'Éric Fassin et Joana Masó consacre à Else von Freytag-Loringhoven critique de Marcel Duchamp (Macula). Ils font la démonstration qu'il ne suffit pas d’ajouter des artistes femmes à un panthéon de grands hommes : "L’enjeu de cette première monographie française consacrée à Else von Freytag-Loringhoven n’est pas de faire admettre une artiste méconnue à la table des grands hommes, mais de redessiner cette table". Fabula vous invite à feuilleter le livre sur le site de l'éditeur…

(Illustr. : George Grantham Bain, Baroness von Freytag-Loringhoven, circa 1922)

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Le romantisme français et la renaissance arabe

Le romantisme français et la renaissance arabe