Questions de société

éditos

L'anglais ? Du français mal prononcé

L'anglais ? Du français mal prononcé

Langue officielle et commune de l’Angleterre médiévale durant plusieurs siècles, le français a pourvu l’anglais d’un vocabulaire immense et surtout crucial. Traversant la Manche avec Guillaume le Conquérant, il lui a offert le lexique de sa modernité. C’est grâce aux mots français du commerce et du droit, de la culture et de la pensée que l’anglais, cette langue insulaire, est devenu un idiome international. Les "anglicismes" que notre langue emprunte en témoignent. Bernard Cerquiglini en fait la démonstration dans un essai roboratif, qui inscrit la langue anglaise au patrimoine universel de la francophonie. :  "La langue anglaise n'existe pas". C’est du français mal prononcé (Folio Essais).

Mémoires d'une féministe intégrale

Mémoires d'une féministe intégrale

La doctoresse Pelletier (1874-1939) fut d’abord une féministe des plus radicales. Elle porta ce combat dans les partis de gauche, dans la franc-maçonnerie, et partout où elle put dans le débat public. Première femme admise à passer le concours des asiles d’aliénés, elle empoigna les enjeux de l’affranchissement des femmes à la lumière de sa culture scientifique, de sa pratique de la médecine et de sa grille d’analyse matérialiste. Se sentant née  "trop tôt", elle batailla en première ligne, sans troupes mais pas sans courage. Elle voulait une égalité absolue, par la voie d’une virilisation des femmes que réprouvaient les féministes, trop timorées à son goût. Elle défendait la virginité militante comme moyen de résistance au patriarcat. Les antiféministes en firent une cible privilégiée. Elle paya par l’internement à l’asile son engagement concret pour la liberté de l’avortement. Dans Mémoires d'une féministe intégrale restés inédits, et que donne à lire Christine Bard dans un volume de la collection Folio, elle fait la démonstration que "le privé est politique".

Paroles folles

Paroles folles

L’observation du langage est aujourd’hui centrale dans l’examen psychiatrique et l’échange verbal est au cœur de nombreuses pratiques psychothérapeutiques. Quand la médecine mentale a-t-elle commencé à appréhender les propos des patients ? Sur quelles normes les médecins d’asile ont-ils désigné une parole comme pathologique ? Pourquoi certains sons ou mots jugés étranges sont-ils devenus des symptômes permettant de fonder des diagnostics ? Dans Paroles folles dans la psychiatrie du XIXe siècle qui paraît ces jours-ci aux éditions Hermann avec une préface de Vincent Barras, Camille Jaccard retrace les étapes de la constitution d’une véritable clinique de la parole dans l’aliénisme de la première moitié du XIXe siècle jusque dans la sémiologie psychiatrique des années 1910, principalement en France et en Allemagne. Il dresse un panorama des ressources pratiques et théoriques avec lesquelles les auteurs d’études médicales ont observé, défini et analysé l’expression orale des "fous". Fabula donne à lire la Préface de Vincent Barras… ainsi que la Table des matières de l'ouvrage…

Rappelons à cette occasion l'essai de Gérard Dessons, La Manière folle. Essai sur la manie littéraire et artistique (Manucius, 2010), dont on peut lire l'introduction dans l'Atelier de théorie littéraire de Fabula : "Qu'est-ce qu'une œuvre folle", et dont Chloé Laplantine avait rendu compte pour Acta fabula : "Le poème est le nom de la folie dans le langage".

Ricœur à Chicago

Ricœur à Chicago

Sur le peu de diversité

Sur le peu de diversité

Tout contre la littérature politique

Tout contre la littérature politique

Dans Qu'est-ce que la littérature ?, Sartre disait que les "mots sont des pistolets chargés". Des pistolets de Sartre aux fusils de Sandra Lucbert, le vocabulaire martial ne semble guère avoir changé pour décrire le pouvoir politique de la littérature. La confiance accordée dans le pouvoir des mots n'est pourtant plus la même : critiques et auteur·ices semblent concéder volontiers le caractère limité de l’opérativité de la littérature, sans pour autant y renoncer totalement. Ce sont les paradoxes et les ambiguïtés de la relation entre littérature et politique qu'interroge le nouveau dossier critique d'Acta fabula dirigé par Esther Demoulin et Léo Mesguich et intitulé "Littérature et politique. Nouvelles perspectives théoriques". Réunissant pas moins de dix-sept contributions, le sommaire rend aussi hommage à l'engagement des "petites maisons" d'édition.