Politiques de vérité et esthétique d'investigation

Un nombre croissant d'artistes contemporains opte pour le mode de l'enquête. Plutôt que de "faire œuvre", ces artistes se soucient avant tout de documenter la violence d'État, l'effet des technologies répressives ou la destruction de l'environnement. En parallèle, des journalistes, des avocats et des activistes ont de plus en plus recours à des pratiques de visualisation issues du domaine de l'art. En croisant vidéos amateurs, images satellites et témoignages, des contre-enquêtes voient le jour dont la dimension visuelle et esthétique a d'autant plus d'impact. Le livre signé par Matthew Fuller, Eyal Weizman aux Presses du Réel sous le titre L'art de la contre-enquête – Esthétiques de l'investigation – Politiques de vérité donne à voir toute l'ampleur de cette nouvelle "esthétique d'investigation" : en mobilisant des stratégies éprouvées en art ou en architecture, il s'agit de montrer les torts subis et de faire émerger une vérité souvent inconfortable. Il vient révéler le travail mené depuis désormais de longues années par Forensic Architecture rejoint d'autres pratiques de contre-analyse citoyenne, afin de briser les monopoles d'État sur les technologies de surveillance et de contredire les récits officiels. Que ce soit dans l'atelier ou le laboratoire, la salle d'audience ou la galerie, en ligne ou dans la rue, cet art de la contre-enquête replace la vérité au cœur d'un souci partagé et tisse les liens d'un nouveau "sens commun". Fabula vous invite à lire quelques pages sur le site de l'éditeur…
(Illustr. : Forensic Architecture, The Architectural-Image-Complex, Rafah: Black Friday, 2015)