Acta fabula
ISSN 2115-8037

DOSSIER CRITIQUE n°87

2025Mai 2025 (volume 26, numéro 5)
titre du numéro

Dispositifs de vision

Dir. Noé Maggetti

Ce dossier s’intéresse aux échanges féconds entre littératures et dispositifs de vision. Au fil des contributions, plusieurs objets littéraires sont interrogés au prisme de dispositifs visuels variés, de la peinture au cinématographe, en passant par l’aquarium et les clichés spirites, à travers des emprunts à au grand nombre de méthodes et de disciplines. Empruntée à l’archéologie des médias, la notion de dispositif devient ainsi à la fois une porte d’entrée dans le texte et un véritable outil d’analyse permettant de rendre compte de la place centrale que revêt le regard, et à plus forte raison le regard médié, au sein de la production textuelle des XIXe et XXe siècles.

Les ouvrages commentés ici approchent tous une question littéraire en y intégrant la question de la visualité, et plus encore, celle des agencements techniques, sociaux, politiques et culturels qui permettent de faire voir, par le texte et au sein de ce dernier. Les ouvrages recensés sont présentés selon un ordre chronologique, partant des dispositifs visuels et des textes du XIXe siècle pour avancer ensuite avancer dans le XXe siècle.

Le premier dispositif visuel à l’honneur dans la contribution de Nathan Maggetti est celui de l’aquarium, apparu dans le courant du XIXe siècle et vecteur d’un imaginaire aquatique notamment prégnant dans la peinture de Claude Monet, mais aussi dans le fantasme d’élaboration d’une « littérature aquarium », comme le suggère Clélia Nau dans Machine-aquarium. Claude Monet et la peinture submergée. Dans son commentaire du volume collectif Mondes invisibles, dirigé par Sylvain Ledda, Sarah Juilland propose ensuite un parcours à travers différents dispositifs de l’occulte qui hantent le xixe siècle et ses productions textuelles et visuelles, des tables tournantes chez Victor Hugo à l’émergence de la photographie spirite et son pouvoir de figer des spectres. L’ouvrage de José Moure parcouru par Noé Maggetti, Aux commencements du cinéma, s’interroge quant à lui sur les représentations littéraires de dispositifs cinématographiques au tournant du XXe siècle, bien avant l’institutionnalisation de la machine des frères Lumière. Prolongeant la réflexion autour du médium filmique, Vincent Annen propose quant à lui un compte rendu de l’ouvrage Borges et le cinéma de Vincent Jacques, qui se penche sur les rapports multiples entretenus par le célèbre écrivain argentin avec le médium cinématographique, entre méfiance et fascination. Enfin, Valentine Bovey interroge la question de la visualité et du regard (gaze) dans sa riche analyse de Nudités féminines. Images, pensées, et sens du désir de Laurence Pelletier, une critique de la manière dont les corps féminins ont longtemps été instrumentalisés par les écrits philosophiques, entre autres.