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Littérature et presse (Paris 3)

Littérature et presse (Paris 3)

Publié le par Marc Escola (Source : CRP19)

Séminaire des doctorats du CRP 19 : séance "Littérature et presse" (ED120 - Paris 3)

Séance proposée par Blandine Lefèvre, Nicoletta Agresta, Cécile Besnard, Elise Cantiran.

Table-ronde : Alain Vaillant (Paris Nanterre), Marie Parmentier, Eléonore Reverzy, Henri Scepi, Paolo Tortonese (Paris 3)

Du fait du nombre de places limitées, la réservation est obligatoire auprès de:

 hortense.delair@ens-lyon.fr et frissonm@yahoo.fr

 

La séance « littérature et presse » du séminaire des doctorants du CRP19 a pour but d'analyser les rapports entre le texte journalistique et la littérature d'imagination. Il s'agira d'interroger la supposée objectivité des articles de journaux dans le contexte historique de la deuxième moitié du XIXe siècle. Celle-ci est en effet caractérisée par l'essor de la presse, ainsi qu'Alain Vaillant le souligne :

« Supports par excellence de l'émergence, de la promotion et de la reconnaissance des groupes littéraires, les revues font florès sous la IIIe République »1.

Blandine Lefèvre proposera donc une réflexion sur l'usage du lexème « parisien » dans la presse, ceci afin d'interroger l'imaginaire qui s'y rapporte. Ensuite, Nicoletta Agresta étudiera les variantes textuelles des nouvelles de Zola en fonction des lignes éditoriales visées. Enfin, Cécile Besnard analysera les stratégies stylistiques au sein même du texte journalistique chez Séverine, journaliste célèbre du XIXe.

Blandine Lefèvre, « "Des Parisiens parisiennant" : transferts du champ lexical parisien entre presse mondaine et littérature, dans la seconde moitié du XIXe siècle »

À partir du constat de la présence massive du sous-titre "roman parisien" dans les fictions des années 1880-1890, il s’agira de s’interroger sur le rôle de la presse dans la mise à la mode de l’adjectif "parisien" et de ses dérivés lexicaux. Avant tout présent dans la rubrique des échos mondains, qui, en relayant les événements quotidiens du Tout-Paris, contribue à organiser les représentations mythifiées de la vie parisienne, le vocabulaire "parisiennant" se diffuse ensuite aux autres rubriques du journal, y compris aux formes fictionnelles et littéraires qu'il abrite. Support de polysémie, ressassé, désémantisé jusqu’à l’absurde ( "parisien parisiennant de parisiennerie", peut-on lire dans le Figaro en 1860), ce champ lexical est également une clé pour faire naître dans l’esprit des lecteurs un imaginaire, des figures et des situations types du Paris mondain et boulevardier fin-de-siècle, voyageant ainsi entre presse et littérature.

Nicoletta Agresta « Le "recyclage" des contes : techniques de variation textuelle chez Zola conteur-journaliste »

En parcourant les coulisses de l’histoire des publications des contes et nouvelles de Zola – dans la presse et en librairie – cette communication se pose l’objectif d’analyser les variantes textuelles présentes dans les différentes versions de ces textes. Nous essayerons de retracer la présence de stratégies ou techniques constantes chez l’écrivain-journaliste et de réfléchir sur la flexibilité de son écriture.

Cette étude nous permettra de reconstruire l’évolution de la carrière journalistique de l’écrivain, de ses collaborations et de son positionnement dans le champ médiatique de l’époque.

Nous observerons comment les variations apportées dans les récits mettent en évidence la nécessité du chef de file du Naturalisme de s’aligner sur les exigences commandées par les impératifs éditoriaux de la presse dix-neuvièmiste et montrent, par le même biais, dans quelle mesure Zola exploite les engrenages du journalisme en se servant des innombrables potentialités du genre bref.

Cécile Besnard : « Séverine "la dame de la larme à l’oeil" : stratégies rhétoriques d’une journaliste de son temps »

"Notre dame de la larme à l’œil", tel était le surnom de Séverine en cette fin de XIXe siècle, où le métier de journaliste était très largement dominé par les hommes. Dans "une bipolarisation" des sujets traités soulignée par Marie-Eve Thérenty, Séverine, elle, s’engage à rendre la justice, peu importe le sujet, et renverse la tendance.

Celle que certains accusent "d’hypersensibilté", ne répondait-elle pas en réalité aux exigences du genre ? Son engagement dans les sujets traités laissent percevoir ses pensées intimes, mais en réalité, pouvons-nous la condamner ? L’objectivité totale est-elle possible dans les articles de journaux ?

L’utilisation du pathos semble être un outil commun aux journalistes d’une époque où le métier se professionnalise, mais qui répond aussi à des besoins spécifiques.

Séverine, dans son écriture, ne se défend pas d’être une femme, mais pour autant, ne semble pas si distante que cela de ses contemporains masculins. N’oublions pas qu’elle a été formée par Jules Vallès, et que ce qui prime pour elle, c’est la preuve, le journalisme de terrain, son "ethos" ne saurait être remis en cause.

Entre logos, ethos et pathos, la rhétorique de Séverine employée pour convaincre ses lecteurs, et davantage, semble avant tout reprendre les codes d’un secteur en évolution : le journalisme.

 

1 VAILLANT Alain, BERTRAND Jean-Pierre, Philippe REGNIER, Histoire de la littérature française du XIXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2006, p. 412.