Cette journée d’étude se propose d’envisager les représentations de la fortune dans ses liens avec la politique au cours de la période des guerres de Religion, du massacre de Wassy (1562) jusqu’à la paix d’Alès (1629). On cherchera à saisir la manière dont le terme même de fortune, et la figure à laquelle il renvoie, permettent de dire et de penser les aléas de la vie publique comme l’instabilité des positions individuelles. Dans le prolongement de traditions allégorique, romanesque et anti-curiale antérieures aux années 1560, la fortune peut dire la précarité de toute forme de pouvoir ou de reconnaissance, notamment à la cour (Le Roux, 2001) ; elle peut également désigner l’arbitraire apparent des décisions royales (Viaud, 2021) ; elle renvoie encore à l’opacité du réel avec laquelle doit composer toute prise de décision (Goyet, 2009).
À partir de ces quelques pistes, on s’attachera à la circulation et aux modulations de cette topique, aux divergences et aux parcours singuliers offerts par les textes dans une diversité de pratiques d’écriture (discours satirique, poésie, théâtre, traité politique, histoire, mythographie, recueil d’emblèmes, histoire tragique, nouvelle, écriture de soi…). On tâchera de mettre en perspective plusieurs genres, notamment au sein de l’oeuvre d’un auteur ou d’une autrice, ou bien à l’échelle d’un plus vaste corpus ; on pourra notamment s’interroger sur l’oeuvre polygraphique d’Agrippa d’Aubigné. Cette approche comparative permettra de saisir comment les discours sur la fortune se métamorphosent au fil du temps et au gré des formes pour mieux saisir les fluctuations politiques et sociales qui leur sont contemporaines. On se demandera en particulier dans quelle mesure des spécificités formelles peuvent influer sur les modalités de figuration et sur les significations de la fortune, ou bien comment, au contraire, certains aspects peuvent se perpétuer d’un genre, d’un type de discours ou de représentation à un autre.
9h-9h15 : accueil
1. Fortunes albinéennes. Présidence : Nadia Cernagora
9h15-9h45 : Jean-Raymond Fanlo, « « Fortune dans le livre des Princes : dimensions éthiques et religieuses »
9h45-10h15 : Amy Graves Monroe, « Faire barrage contre la fortune : la fortification militaire et littéraire chez Agrippa d'Aubigné »
10h15-10h30 : discussion
2. La fortune en vers et contre tout. Présidence : Guillaume Berthon
10h45-11h15 : Antoine Simon, « La fortune dans l’œuvre de Jean Vauquelin de La Fresnaye »
11h15-11h45 : Aurélien Billault, « ‘‘La grand’ vanité de la Fortune’’ : la fin d’une allégorie ? (1583-1606) »
11h45-12h : discussion
3. Les vicissitudes d’un motif. Présidence : Julien Goeury
13h30-14h : Emmanuel Buron, « Fortune, vicissitude, destin et sort chez Jodelle »
14h-14h30 : Tiphaine Pocquet, « La fortune est commune : la mort du roi chez C. Billard et Malherbe »
14h30-15h : Lionel Piettre, « Variations sur le motif de la fortune variable des Français chez Blaise de Vigenère »
15h-15h30 : discussion et conclusion