
Si les lectrices ont longtemps été associées, d’une part, à une forme de vulnérabilité, liée au topos des dangers de la lecture, d’autre part à une vision érotisée de la lecture, force est de constater que la période contemporaine travaille à modifier ces images. L’essor des pensées féministes, de la réflexion sur le genre, et l’inflexion pragmatique des théories de la réception sont autant de nouveaux héritages critiques qui modifient la représentation littéraire des femmes et, a fortiori, des lectrices. De telles figures permettent alors, de manière privilégiée, de penser les pratiques de la lecture au prisme du genre. À l'initiative de Maxime Decout et Estelle Mouton-Rovira, la nouvelle livraison de Relief se demande si la lectrice est un lecteur comme les autres pour évaluer la manière dont la littérature crée ses propres savoirs critiques sur le genre. Rappelons au passage l'essai de Marie Baudry sur les Lectrices romanesques dont Eléonore Reverzy avait rendu compte pour Acta fabula, ainsi que le chapitre du dernier opus de Peter Szendy, Pouvoirs de la lecture, consacré aux "genres de la lecture" dans Si par une nuit d'hiver un voyageur. Léo Mesguich en avait également rendu compte : "Comment conjuguer le verbe lire ?".