
Mettre en scène les classiques
Journées d’étude
Jeudi 30 novembre et Vendredi 1er décembre 2023
Avignon Université (Théâtre 0W33) et Maison Jean Vilar (Salon de la Mouette)
Responsables scientifiques :
Antonia Amo Sanchez (ICTT, Avignon Université)
Pascale Chiron (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès)
Philippe Chométy (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès)
Nicolas Diassinous (ICTT, Avignon Université)
Charles Louarn (ICTT, Avignon Université)
Jean-Baptiste Raze (Bibliothèque nationale de France, Département des arts du spectacle)
Organisateurs :
Philippe Chométy (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès)
Nicolas Diassinous (ICTT, Avignon Université)
Jean-Baptiste Raze (Bibliothèque nationale de France, Département des arts du spectacle)
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Qu’est-ce qu’un classique ? Un auteur excellent, de « première classe ». Une référence. Un modèle digne d'être enseigné en classe. Le classique appartient au patrimoine littéraire, culturel et humain. Il est connu de tous, cité, imité, adapté – tellement familier que chacun (il faut bien le dire) se croit parfois dispensé de le lire… Il en est des auteurs antiques (Sophocle, Euripide, Eschyle) comme de Molière, et comme de Shakespeare, et comme d’autres encore : les classiques anciens, aussi bien que modernes, nous questionnent sur leur éternel présent – leur éternelle présence au cœur du canon littéraire, tant français que mondial.
Lire, voir, écouter, étudier, interroger les grands auteurs classiques du passé, c’est donc se placer face à l’« ici » et au « maintenant » que nous pouvons reconnaître en eux. À l’heure où l’enseignement de la culture classique, et de ce qu’on désigne communément sous le nom d’humanités, se heurte à des difficultés quasi insurmontables, au sein des classes, dans les établissements du secondaire, comme à l’université, on pourrait être tenté de cesser de les transmettre, de les faire circuler, de les cultiver. Le pari de cette journée d’études est de montrer combien les chercheurs, les enseignants, les étudiants, les créateurs, ont vocation, aujourd’hui plus que jamais, à renouveler sans cesse l’approche des classiques. Car il y a tout intérêt à approfondir scientifiquement la compréhension de ce que signifie, pour tous ceux qui veulent y réfléchir, la notion de « classique », à faire preuve d’innovation pédagogique, à développer des projets créatifs, littéraires, artistiques, pour contribuer à revivifier le regard que nous portons sur tous ces auteurs classicisés, muséifiés, monumentalisés, parfois déclassés, que l’on juge susceptibles de figurer (ou non) dans les programmes scolaires. L’enjeu est en effet de taille : « Que sont les classiques, sinon les plus nobles pensées humaines jamais couchées sur le papier ? » (Thoreau)
Le geste de mettre en scène ce qu’il est convenu d’appeler un « classique » est à cet égard l’un des plus significatifs, l’un des plus puissants facteurs de réappropriation, voire de redynamisation du sens, de la valeur, ainsi que du plaisir que promettent les grands textes littéraires. Cette promesse est contenue dans le passage même du texte à la scène : elle suppose qu’une œuvre théâtrale classique, dans sa réalisation complète (mise en scène, scénographie, jeu, etc.), présente la possibilité absolue de rester neuve pour les hommes et les femmes de notre temps.
Pour tenter de mieux cerner ce phénomène de revivification des classiques par l’action créative de la mise en scène, ces journées d’étude, inscrites dans l’axe 1 de PLH « Théâtres : scènes antiques et modernes » (université Toulouse – Jean Jaurès) et l’identité de l’ICTT (Avignon Université), et portées également par la Bibliothèque nationale de France, s’articuleront autour de trois axes thématiques :
1) Exploration d’archives. Comment met-on en scène les classiques ? Quels témoignages, quelles ressources, quelles analyses des metteurs en scène et comédiens du passé peuvent permettre d’éclairer ce que signifie historiquement le choix de « mettre en scène un classique » ?
2) Retour sur expériences pédagogiques. À quoi bon mettre en scène un classique à l’université ? Comment impliquer de nos jours les étudiants dans la découverte des classiques ? Quels sont les processus créatifs, comme les méthodes d’apprentissage, mis en œuvre pédagogiquement, dans l’institution universitaire, pour faciliter l’accès aux œuvres classiques, en faisant jouer les textes classiques par les étudiants ?
3) Approche contemporaine des classiques. Comment les professionnels du spectacle s’emparent-ils aujourd’hui des œuvres classiques ? Qu’en font-ils artistiquement ? et comment les entendent-ils ? À quelles ressources inventives recourent-ils pour dialoguer avec les classiques : (ré)écritures créatives, mise en musique, performance, croisement avec d’autres genres (comédie musicale, mime, science-fiction, etc.) ?
Programme
Jeudi 30 novembre, 13h-19h45, Maison Jean Vilar, salon de la Mouette
13h Accueil des participants
13h30 Ouverture des Journées d’étude par Nathalie Cabrera (directrice déléguée de l’Association Jean Vilar) et Antonia Amo Sanchez (ICTT, Avignon Université)
13h45 Introduction par les co-organisateurs des journées d’étude
Axe 1 - Exploration d’archives - Président de séance : Philippe Chométy (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès)
14h-14h30 Jean-Baptiste Raze (Bibliothèque nationale de France, Département des arts du spectacle) et Adrian Blancard (Association Jean Vilar)
Jean Vilar à l’épreuve des classiques : ce que nous disent ses archives
14h30-15h Nicolas Diassinous (ICTT, Avignon Université)
À propos de Phèdre mise en scène par Jean Vilar : les voix des archives
15h-15h30 Laurence Decobert (Bibliothèque nationale de France, Département des arts du spectacle)
La place de la musique dans les mises en scène de pièces de Molière au xxe siècle : les cas de Louis Jouvet avec Dom Juan et Jean-Louis Barrault avec Amphitryon (1947)
Pause
Axe 2 - Retour sur expériences pédagogiques - Président de séance et animateur de la table ronde : Jean-Baptiste Raze (Bibliothèque nationale de France, Département des arts du spectacle)
16h-17h Table ronde : Pascale Chiron (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès), Philippe Chométy (PLH-ELH, Université Toulouse – Jean Jaurès) et Julien Garde (LLA, Université Toulouse – Jean Jaurès), avec la participation d’Alice Tabart (metteuse en scène et comédienne, Compagnie Mesdames A) et Pierre Giangiobbe (ancien étudiant du Master Création, Université Toulouse – Jean Jaurès)
Retour sur Les Fâcheux : quand l’université produit une comédie-ballet…
17h-17h30 Bénédicte Louvat (CELLF, Sorbonne université)
Des classiques historiquement informés dans le cadre universitaire : retour sur deux expériences
Pause
17h45-19h45 Projection de la captation de L’École des femmes (mise en scène historiquement informée par le Théâtre à la source) suivie d’un bord de scène
Vendredi 1er décembre, 9h-17h, Avignon Université, Théâtre, salle 0W33
Accueil 8h45
Axe 3 - Approche contemporaine des classiques -
Séance du matin - Président de séance : Nicolas Diassinous (ICTT, Avignon Université)
9h-9h30 Charles Louarn (ICTT, Avignon Université)
Expérimenter la fantasy au théâtre par une réécriture shakespearienne
9h30-10h Cyrielle Garson (ICTT, Avignon Université)
Mettre en scène le corpus shakespearien dans le métavers : le cas de Tempest (2020) de Tender Claws et Piehole
Pause
10h30-11h Charly Guibaud (ICTT, Avignon Université)
Molière ajusté : réécritures scéniques de l'œuvre de Molière pour le jeune public
11h-11h30 Paola Ranzini (ICTT, Avignon Université / IUF)
(Re)découvrir Marivaux sur les scènes italiennes
12h Pause déjeuner
Séance de l’après-midi - Présidente de séance : Paola Ranzini (ICTT, Avignon Université / IUF)
14h-14h30 Entretien avec Paolo Bignamini (Centro Teatrale Bresciano)
Marivaux sulla luna Spazio e tempo nella regia de La Sorpresa dell’amore (2021)
14h30-16h Projection de la captation de La Sorpresa dell’amore (mise en scène Paolo Bignamini)
16h30 Fin des travaux.