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Enfants de la honte - enfants de l’amour : textes littéraires et témoignages / Kinder der Schande – Kinder der Liebe : Literarische Bearbeitungen und Zeitzeugenberichte (Passau, Allemagne)

Enfants de la honte - enfants de l’amour : textes littéraires et témoignages / Kinder der Schande – Kinder der Liebe : Literarische Bearbeitungen und Zeitzeugenberichte (Passau, Allemagne)

Publié le par Marc Escola (Source : Alina Fritz )

Appel à communications pour une journée d’étude

Enfants de la honte - enfants de l’amour : textes littéraires et témoignages /

Kinder der Schande – Kinder der Liebe : Literarische Bearbeitungen und Zeitzeugenberichte 

Université de Passau, 26 juillet 2024

Organisation : Alina Fritz et Marina Ortrud Hertrampf

 

« Ce qui est terrible chez un enfant, ce n’est pas tellement de savoir qu’il n’est pas aimé, et pourtant c’est important, mais c’est de ne pas pouvoir aimer parce que ce noble sentiment est rejeté des autres. »[1] C’est par cette phrase que Daniel Rouxel, un enfant franco-allemand de l’Occupation, résume le dilemme des enfants déclarés enfants de la honte et enfants de l’ennemi.

Les descendants franco-allemands de l’Occupation, appelés enfants de la honte et enfants de l’amour, sont comme une évidence des dynamiques complexes de la guerre et de la paix, de l’identité et de l’étrangeté. Bien qu’ils soient souvent issus de relations amoureuses, ils ont été condamnés à souffrir d’une certaine culpabilité collective tout au long de leur vie. Leurs histoires individuelles constituent jusqu’à aujourd’hui un chapitre souvent oublié de l’histoire allemande, autrichienne, mais aussi française et belge. Elles illustrent la manière dont les conflits ne façonnent pas seulement le paysage géographique, mais influencent également, outre les récits nationaux, les histoires de vie d’innombrables individus, tant au niveau individuel qu’au niveau de la culture mémorielle et au niveau politique.

L’exclusion des enfants de l’occupation en tant que groupe marginalisé des structures collectives de mémoire et de souvenir reposait sur des mécanismes stratégiques de refoulement, fondés sur des mythes fondateurs initiés par la politique. Ces mythologies, qui visaient à reconstruire une identité nationale symbolique, ont conduit à isoler systématiquement les souvenirs des minorités et des groupes non mythifiés des structures de la conscience collective. La dissimulation, au sein de la famille, des origines identitaires des enfants de l’occupation a renforcé la stabilisation des tabous nationaux et a alimenté l’évolution vers des personnages secondaires marginalisés, tant dans les structures des discours que dans la capacité de mémoire collective et la conscience historique.

Malgré les travaux prometteurs de chercheurs renommés de la recherche germanophone et francophone (cf. Drolshagen 2005 ; Drolshagen 1998 ; Gries 2015 ; Heidenreich 2017 ; Kleinau/Mochmann 2016 ; Picaper/Norz 2005 ; Satjukow/Gries 2015 ; Satjukow/Stelzl-Marx 2015 ; Virgili 2009), cette thématique reste fortement sous-exploitée dans la recherche. Dans le contexte de la disparition prochaine de la génération des témoins de l’époque, l’échange culturel de mémoires, la consolidation des souvenirs dans des matrices mémorielles collectives et l’intensification des discours sociaux franco-allemands, ainsi que leur traitement par les sciences culturelles, s’avèrent d’une importance capitale, notamment pour lutter contre l’oubli total de cette thématique tout aussi complexe, que sensible. Dans un contexte mondialisé, l’étude culturelle avec comme thème oublié les enfants de l’Occupation, souligne en outre l’importance des échanges culturels, de la politique identitaire et de la promotion de la compréhension interculturelle dans les pays concernés.

Dans le but de contribuer à mettre en évidence les ambivalences de la mémoire et de l’oubli et de combler les vides existants, la journée d’étude souhaite présenter différentes narrations factuelles et fictionnelles issues des espaces francophones et germanophones et discuter réciproquement, de manière qualitative et intégrative, les différents récits identitaires individuels.

Les propositions de communications peuvent soit se baser sur des sources empiriques et factuelles (comme par exemple des témoignages), soit mettre l’accent sur le traitement des thèmes dans des textes littéraires (semi-)fictionnels. Les langues de présentation et de discussion sont le français et l’allemand. 

Bibliographie sélective

Drolshagen, Ebba D. (2005): Wehrmachtskinder. Auf der Suche nach dem nie gekannten Vater, München: Droemer Verlag.

Drolshagen, Ebba D. (1998): Nicht ungeschoren davonkommen. Das Schicksal der Frauen in den besetzen Ländern, die Wehrmachtssoldaten liebten, Hamburg: Hoffmann und Campe Verlag.

Gries, Rainer (2015): „Les enfants d’Etat. Französische Besatzungskinder in Deutschland“, in: Satjukow, Silke/Stelzl-Marx, Barbara (Hgg.): Besatzungskinder. Die Nachkommen alliierter Soldaten in Österreich und Deutschland, Wien: Böhlau Verlag, 380-407.

Heidenreich, Gisela (Hg.) (2017): Born of war – vom Krieg geboren. Europas verleugnete Kinder, Berlin: Ch. Links Verlag.

Kleinau, Elke/Mochmann, Ingvill C. (Hgg.) (2016): Kinder des Zweiten Weltkrieges. Stigmatisierung, Ausgrenzung, Bewältigungsstrategien, Frankfurt am Main: Campus Verlag.

Picaper, Jean-Paul/Norz, Ludwig (2004): Enfants maudits, Paris: Éditions de Syrtes. 

Satjukow, Silke/Gries, Rainer (2015): »Bankerte!«. Besatzungskinder in Deutschland nach 1945, Frankfurt am Main: Campus Verlag.

Satjukow, Silke/Stelzl-Marx, Barbara (Hgg.) (2015): Besatzungskinder. Die Nachkommen alliierter Soldaten in Österreich und Deutschland, Wien: Böhlau Verlag.

Virgili, Fabrice (2009): Naître ennemi. Les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris: Éditions Payot & Rivages.

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Modalités de soumission :

Les propositions de communication ne devront pas dépasser 300 mots et seront accompagnées d’une notice bio-bibliographique d’environ 150 mots. Elles seront envoyées par email au format Word à Marina.Hertrampf@uni-passau.de">Marina.Hertrampf@uni-passau.de avant le 15 décembre 2023.

Calendrier :

-date limite de la soumission de la proposition : avant le 15 décembre 2023.

-notification d’acceptation : avant le 31 décembre 2023 ;

-dates du colloque : 26 juillet 2024.

 

Comité d’organisation :

Prof. Marina Ortrud M. Hertrampf et Alina Fritz, BA, Université de Passau

 


[1] Picaper, Jean-Paul/Norz, Ludwig (2004): Enfants maudits, Paris : Éditions de Syrtes, 29.