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Territoire textuel. L’espace comme ressource et les ressources de l’espace dans les littératures française et francophone

Territoire textuel. L’espace comme ressource et les ressources de l’espace dans les littératures française et francophone

Publié le par Marc Escola (Source : Laura Wiemer)

La complexité de l’espace et l’importance cruciale de ses ressources

Depuis le spatial turn, l’espace est devenu un paradigme clé des sciences culturelles et littéraires. Il n’est plus considéré comme un simple réceptacle ou décor, mais comme un champ dynamique de relations, de différences et de pratiques dans lequel s’inscrivent des processus sociaux, politiques et esthétiques. Les textes littéraires ne se contentent pas de rendre ces dimensions visibles, ils créent l’espace de manière performative : ils structurent la perception, ouvrent des champs de possibilités et imaginent des ordres alternatifs. Sous le titre Territoire textuel, la section souhaite explorer la manière dont les littératures française et francophone conçoivent l’espace comme une ressource – en tant que base de vie menacée, terrain socialement disputé, lieu de mobilité et d’exclusion – et comment, à leur tour, les ressources de l’espace sont utilisées.

Trois paradigmes interdépendants de notre époque sont au centre de cette réflexion : les perspectives écologiques, la diversité et l’intersectionnalité, ainsi que la migration et les espaces transculturels.

Thème 1 : Dimensions écologiques

Sous le signe de la crise climatique, l’espace devient une ressource précaire : les sols s’érodent, l’eau se raréfie, les villes côtières sont menacées par la montée des eaux. La littérature reflète ces menaces, dénonce les pertes et développe en même temps de nouvelles formes de coexistence entre l’homme, la nature et le monde animal. La littérature francophone des Caraïbes et du Maghreb, mais aussi les textes contemporains européens, mettent en scène des espaces à la fois naturalistes, politiques et poétiques, allant de la plantation comme lieu d’exploitation coloniale des ressources au terrain vague urbain. Les écritures géopoétiques ouvrent des espaces d’expérience esthétiques dans lesquels sont expérimentées des éthiques écologiques et des projets d’avenir. Les frontières entre les habitats humains et animaux ainsi que les visions d’écologies partagées et hybrides présentent ici un intérêt particulier.

Thème 2 : Diversité et intersectionnalité

Les espaces ne sont jamais neutres : les questions d’accès, de visibilité et d’exclusion influencent leur utilisation. Les textes littéraires montrent comment le genre, la classe sociale, l’origine, le handicap, la religion ou l’orientation sexuelle structurent l’accès aux espaces. Ils offrent un aperçu des processus de marginalisation – par exemple dans les banlieues ou les « non-lieux » – tout en négociant des scénarios d’émancipation. Des auteur.e.s tel.le.s que Annie Ernaux, Didier Eribon ou Leïla Slimani mettent en évidence la manière dont les inégalités sociales se concrétisent dans l’espace. Dans le même temps, le corps lui-même apparaît comme un espace et une ressource, comme le théâtre de la violence sociale mais aussi de l’autonomisation. Les perspectives intersectionnelles montrent clairement que les axes d’inégalité se superposent et se renforcent, créant ainsi de nouveaux espaces d’invisibilité, mais aussi de résistance.

Thème 3 : Migration et espaces transculturels

La migration, la post-migration et la diaspora marquent l’espace d’une manière particulière en tant que ressource. Elles soulèvent des questions sur les frontières, le transit et l’appartenance et créent des espaces intermédiaires hybrides dans lesquels l’identité culturelle est renégociée. Les textes de Assia Djebar, Fatou Diome, Alain Mabanckou ou Scholastique Mukasonga traitent de l’expropriation, de la mémoire, des lieux de transit et des camps, ainsi que des réappropriations imaginatives de l’espace. Dans ce contexte, la dimension de la violence apparaît également : Achille Mbembe a utilisé le concept de nécropolitique pour décrire des zones de privation de droits dans lesquelles les migrant.e.s sont exposé.e.s au risque de disparition ou de mort en Méditerranée. La littérature révèle ces espaces et montre en même temps comment de nouvelles formes de communautés relationnelles peuvent émerger, dans l’esprit de la Poétique de la relation de Glissant. Le texte littéraire lui-même devient un « troisième espace » dans lequel l’hybridité n’est pas un déficit, mais une ressource.

Synthèse : La ressource spatiale dans le miroir de l’œuvre littéraire

Ces trois thèmes principaux sont étroitement liés : la destruction de l’environnement génère des mouvements de fuite, l’accès inégal aux ressources aggrave les inégalités sociales, les questions de diversité posent de nouvelles exigences en matière de participation spatiale. La littérature réagit à ces interdépendances non seulement en décrivant des espaces, mais aussi en les créant : comme scène, comme champ de conflit, comme réservoir de projets d’avenir. Elle permet de comprendre que l’espace est toujours disputé et négociable, mais qu’il recèle en même temps le potentiel d’imaginer de nouvelles formes de vie sociale, esthétique et politique.
Cette section souhaite rassembler des contributions qui traitent de l’espace en tant que ressource dans les littératures française et francophone. Les analyses qui associent des questions écologiques, sociales et migratoires sont les bienvenues, tout comme les contributions issues de domaines connexes. L’objectif est de rendre visible le territoire textuel en tant que champ de recherche contemporain et d’explorer la diversité des ressources spatiales dans le domaine des études littéraires.

Nous attendons des propositions de contribution en allemand ou en français, les résumés n’excédant pas 500 mots (bibliographie exclue).

La soumission des résumés se fait à l’aide du formulaire ci-joint.

Veuillez envoyer votre proposition jusqu’au 31 janvier 2026 (date limite) aux adresses suivantes :

florian.luetzelberger@uni-bamberg.de  et wiemer@uni-wuppertal.de

Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 28 février 2026.