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La disparition d'Albertine
Publié le par Marc Escola

Luzius Keller avait tenté une première approche dans le volume Marcel Proust. Écrire sans fin (CNRS, 1986). Jacques Dubois lui avait consacré tout un livre pour lire À la Recherche du temps perdu avec ses yeux, dans Pour Albertine. Proust et le sens du social (Seuil, 1997), et il lui avait ensuite déclaré ouvertement sa flamme dans Lectures du désir. Pour une critique amoureuse (Les Impressions nouvelles, 2011). Anne Caron l'avait mise sur la scellette dans l'Atelier Albertine. Un personnage de Proust (Seuil, 2007). Pascal Ifri pose aujourd'hui la question : Albertine assassinée ? Enquête sur une mort suspecte dans À la recherche du temps perdu (Hermann). Car que sait-on exactement des circonstances de sa disparition, et n'y a-t-il pas lieu de douter de la réalité de sa mort, qui est sans conteste l'un des épisodes-clé du roman ? Pascal Ifri en fait tout un roman, précisément : son narrateur, archétype du narrateur non fiable, présente un récit contenant de nombreux indices qui permettent de douter de la réalité de l’accident de cheval. Au croisement de la critique policière et de la théorie des textes possibles, cet ouvrage offre une lecture attentive et rigoureuse de la Recherche qui soulève toutes sortes de questions sur le sort réel de la "maîtresse" de Marcel, considérant tous les scénarios probables : l’accident bien entendu, mais aussi le suicide, la possibilité qu’Albertine ne soit pas morte et même – et surtout  – celle qu’elle ait été assassinée… Fabula vous invite à l'introduction de l'ouvrage…

On se souviendra à cette occasion qu'Albertine est chez elle sur Fabula mieux encore qu'à Balbec, et l'on remontera dans le temps : les Colloques en ligne offrent depuis de longues années un sommaire intitulé À la recherche d’Albertine disparue, et on pourra lire dans l'Atelier de théorie littéraire, sous la signature de Maya Lavault, deux impeccables mises au point sur la prolifération de "textes possibles" engendrée par la découverte en 1987 de manuscrits d'Albertine disparue et de La Prisonnière, avec les comptes rendus des travaux et éditions de Jean Milly puis Nathalie Mauriac-Dyer: "Albertine disparue, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre" et "Albertine disparue et ses possibles".

Illustr.: René François Xavier Prinet, Femme à son secrétaire, 1928, coll. privée.