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Colloque : "Post(-)moderne / post(-)colonial : le post en débat" (Côte d'Ivoire)

Publié le par Aurelien Maignant (Source : Gervais-Xavier KOUADIO)

POST (-) MODERNE / POST (-) COLONIAL: LE POST EN DEBAT

 

Colloque International

Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo (Côte d’ivoire)

 

PRÉSENTATION

Le Département de Lettres Modernes de l’Université Péléforo Gon Coulibaly en collaboration avec le Groupe de Recherche en Analyses et Théories Littéraires (GRATHEL) et le Laboratoire des Pratiques et Enquêtes culturelles (LAPEC) de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan organisent un colloque international sur le thème : « Post (-) moderne / post (-) colonial /: le post en débat » les 11, 12 et 13 Juin 2020 à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo (Côte d’ivoire).

 

ARGUMENTAIRE

Dans le sillage, d’un côté, de la deuxième guerre mondiale, et de l’autre, de la période des décolonisations africaines, émergent le postmoderne et le postcolonial, deux concepts qui se proposent de déconstruire respectivement les métarécits modernes de légitimation et de régulation et les structures impériales de la domination occidentale. Pour ses théoriciens (Edward Saïd, Gayatri Spivak et Homi Bhabha), la théorie postcoloniale se veut un regard autant caustique que lucide posé sur l’ordre colonial et sa perpétuation même après les soleils des Indépendances. Si l’on en croit Homi Bhabha :

La critique postcoloniale témoigne des forces inégales et inégalitaires de représentation culturelles qui sont à l’œuvre dans la contestation de l’autorité politique et social au sein de l’ordre mondial moderne. Les perspectives postcoloniales naissent du témoignage des pays du Tiers-monde et des discours des « minorités » dans le cadre des divisions entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud. Elles interviennent dans les discours idéologiques de la modernité qui tentent de conférer une « normalité » hégémonique au développement inégal et à l’histoire différenciée. […] Elles formulent leurs révisions critiques autour des questions de la différence culturelle, de l’autorité sociale et de la discrimination politique, afin de révéler les moments antagonistes et ambivalents de l’entreprise de « rationalisation » de la modernité. [i]

Quant au « postmoderne », disons qu’il est le signe d’un processus de désémiotisation sociale propre aux sociétés post-industrielles. Dans la foulée, tel que le fait valoir celui qui en sera, à tort et à travers, le porte-flambeau (Jean François Lyortard), la postmodernité est une condition. Etat des lieux de sociétés devenues incrédules à l’égard des rubriques du projet moderne : la Raison, l’Etat, le savoir du récit etc. Quoi qu’il en soit, il existe entre le signe postcolonial et le signe (vide ?) postmoderne un étymon, un paradigme commun. Leur post- serait la marque, ou peut-être la trace (au sens derridien du terme) d’un deuil ; celui de la modernité. 

Leur contexte d’émergence, la tradition de la déconstruction et l’existence d’une filiation poststructuraliste commune[ii] semblent être à l’origine des nombreuses confusions et controverses qui se font jour dans une critique africaine où l’on note un regain d’intérêt pour le postcolonial et le postmoderne ces dernières années. Dans le domaine de la littérature, par exemple, les mêmes traits de distinction sont couramment retenus pour qualifier à la fois une œuvre de postcoloniale et/ou de postmoderne. Sony Labou Tansi, Henri Lopès, Ahmadou Kourouma, Calixte Béyala…seraient aussi postcoloniaux qu’ils sont postmodernes. Ainsi n’est-il pas rare de voir le qualificatif « postmoderne » ou « postcolonial » affecté à un roman combinant, entre autres traits et thèmes, le jeu de la polyphonie, l’oralité, l’hybride, l’hétérogénéité, l’intertextualité, le féminisme, la mobilité... Au demeurant, aucun des régimes ne désigne une période historique claire. Une aporie qui pose la nécessité d’un questionnement de l’archéologie, de l’acception et des potentiels épistémiques à l’œuvre dans ces deux concepts… 


Déjà en 1994, l’on retrouve une telle entreprise épistémologique avec Marie Vautier dans son article « Les métarécits, le postmodernisme et le mythe postcolonial au Québec »[iii] . La chercheure ramène la distinction entre « « postmoderne et « postcolonial » à une question de « point de vue ». À partir du cas singulier du Québec, elle arrive au constat d’une fluctuation de sens des deux concepts selon que l’on en parle depuis la sphère d’influence euro-américaine (le centre) ou depuis une ex-colonie (la marge ou la périphérie). Le postmoderne privilégierait une approche eurocentrée des métarécits et serait plus attentive à l’analyse des propriétés formelles du texte (: parodie, ironie et métafiction.). Le postcolonial, pour sa part, en plus de porter son attention sur l’omniprésence des jeux de langage, l’oralité, la réinscription de contes et de légende, postulerait une attention à la relecture historique et le refus de la notion d’universalité. 

On ne saurait, toutefois, être aussi péremptoire pour deux raisons. Au moins trois décennies d’enquêtes anthropologiques ont montré les répercussions de la lame de fond du mode de vie post-industriel sur les sociétés postcoloniales, au point d’avoir vu sourdre la notion de « glocal » pour dire la rencontre du global et du local. La « Weltlitteratur » s’est, au même titre, muée en un ardent désir de littérature-monde. De plus, bon nombre de chercheurs proclament un régime d’historicité hybride où s’intriqueraient les signes postcoloniaux et postmodernes. On pense, entre autres concepts, à la postcolonialité chère à Alfonso de Toro et à la poétique transculturelle de Josias Semujanga. 
Aussi ce colloque vise à interroger les spécificités du postmoderne et du postcolonial dans les sciences humaines en particulier (Littérature, Philosophie, Histoire, Sociologie, Anthropologie, Géographie…).  Il propose d’explorer sous l’angle de la conjonction, de la disjonction et de la disruption, les liens entre ces deux notions. Plus précisément, il s’agira d’observer le traitement de l’histoire ou du passé dans chacun de ces régimes ; d’investiguer le sens que couve le préfixe post- qui les singularise et les rapproche ; d’interroger les manifestations littéraires et les implications épistémologiques de l’étiquetage « postcolonial » ou « postmoderne » d’un objet littéraire africain. En clair, l’un des deux termes est-il transcendantal ? Le postcolonial est-il l’arkhè moderne d’une condition postmoderne du fait esthétique africain ? Avons-nous atteint, dans le champ littéraire africain francophone, le stade d’une incertitude quant à leur distinction ?

 

CALENDRIER / INFORMATIONS

15 Février 2020 : Date limite d’envoi des propositions de communication

Les propositions (titre + résumé d’environ 300 mots) doivent indiquer clairement la problématique abordée et faire état des principaux résultats qui seront exposés dans la présentation de 20 minutes (suivie de 10 minutes de discussion).

Les propositions de communication sont à envoyer à :  colloquepoststudies@gmail.com

Frais de participation : 30.000 fcfa / 50 euros. Ils comprennent les pauses-café, le dîner-banquet du premier jour (jeudi 11 juin 2020) et les kits de participation . Les frais de transport et de logement, les formalités éventuelles de visa et autres frais de restauration sont à la charge des participants. Les organisateurs se mettent à la disposition de ceux-ci pour tous les renseignements nécessaires relatifs au voyage à Korhogo, à l’hébergement et aux repas.

Comité Scientifique

  • Papa Samba DIOP, Université Paris Est -Creteil (France)
  • Late-Lawson HELLU, Université Western Ontario (Canada)
  • Sylvère MBONDONBARI, Université de Saarbruck (Allemagne)
  • Georice -Berthin MADEBE, IRSH/ CeReS (Gabon/ France)
  • Frédéric MAMBENGA, Université Omar Bongo, (Gabon)
  • Jean -Marie KOUAKOU, Université F.H. Boigny (CI)
  • Virginie KONANDRI, Université F.H. Boigny (C.I)
  • David NGORAN, Université F.H. Boigny (CI)
  • Adama COULIBALY, Université F.H. Boigny (CI)
  • Parfait DIANDUE, Université F.H. Boigny- Abidjan
  • Phillip ATCHA, Université F. H. Boigny (CI)
  • Ramsès Thiémélé BOA, Université Felix Houphouet (CI)
  • Adama SAMAKE, Université F. H. Boigny (CI)
  • Jean -Fernand BEDIA, Université Alassane Ouattara (CI)
  • Roger TRO DEHO, Université Alassane Ouattara (CI)
  • Germain-Arsène KADI, Université Alassane Ouattara (CI)
  • Ludovic Fié DOH, Université Alassane Ouattara- (CI)

 

Comité d’organisation

  • Jackin Simplice YAO, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo   
  • Arthur -Modeste ACHIE, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo  
  • Franck G. SILUE, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo
  • Antoine Kouadio ADOU, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo
  • Jean -Marie Gbakré, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo                      
  • Abdoul S. DIOMANDE, Université Péléforo Gon Coulibaly, Korhogo
  • Escoffier-Ulrich KOUASSI, Université Péléforo Gon Coulibaly, Korhogo
  • Yacouba FANNY, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo                      
  • Landry PENAN, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo   
  • Daouda COULIBALY, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo                                       
  • Gervais-Xavier KOUADIO, Université Péléforo Gon Coulibaly/ Korhogo
  • Tite LATTRO, Université Félix Houphouet Boigny /Abidjan
  • Junior Damo KOFFI, Université Félix Houphouet Boigny /Abidjan
  • Augustin DOBE, Université Félix Houphouet Boigny /Abidjan
  • Nicaise Kobenan ATTA, Université Felix Houphouet Boigny/ Abidjan
  • Jean-Marie KONAN, Université Felix Houphouet Boigny/ Abidjan

 

Porteurs du projet

  • Dr. Gervais -Xavier KOUADIO, Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.
  • Dr. Augustin Dago DOBE, Université Felix Houphouet Boigny de Cocody/Abidjan
  • Dr. Tite LATTRO, Université Felix Houphouet Boigny de Cocody/Abidjan.
  • Dr. Junior Damo KOFFI, Université Felix Houphouet Boigny de Cocody/Abidjan.

 

NOTES

[i] Homi Bhabha, Les Lieux de la culture : une théorie postcoloniale, Paris, Payot, p. 171. C’est nous qui soulignons

[ii]Le postcolonial et le postmoderne convoquent tous deux certains des concepts proposés par les philosophes ou essayistes que la critique anglo-saxonne et la philosophie analytique appellent la « French Theory » et la « French Philosophy », la théorie et la philosophie françaises : Jacques Derrida, Michel Foucault, Lyotard, Jean Baudrillard, Lacan, Gilles Deleuze…

[iii] Marie Vautier, « Les métarécits, le postmodernisme et le mythe postcolonial au Québec. Un point de vue de la « Marge », Études Littéraires, Vol.27 N°1, 1994, 43-57