La troisième journée d’études du réseau Essai XXI se tiendra dans la salle Matilde Salvador du bâtiment La Nau de l’Universitat de València le vendredi 24 avril 2026, avec le soutien de la Càtedra Joan Fuster.
Les propositions de communication, d’environ 300 mots, accompagnées d’une brève notice biobibliographique, doivent être envoyées à Gonçal López-Pampló (goncal.lopez-pamplo@uv.es) avant le 7 janvier 2026.
Dans un délai maximum d’un mois, l’acceptation ou le rejet de la proposition sera communiqué. Les propositions pourront être envoyées en catalan, espagnol, français, italien ou anglais, qui seront les langues de travail de la journée (un dispositif de traduction automatisée sera installé le cas échéant).
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Le réseau Essai XXI
Le réseau Essai XXI rassemble des professeur·es de différentes universités européennes qui consacrent une partie de leurs recherches à l’essai, sous différents angles et dans différentes langues. Avant le colloque de l’Université de València, deux colloques ont eu lieu : l’un à l’Université de Limoges (octobre 2025) et l’autre à l’Université Sorbonne Paris Nord (mai 2025).
Toutes les informations sur le groupe sont disponibles sur le site web : https://essaimedia.hypotheses.org.
Justification de la journée
Dans une entrée de son Diari de 1952-1960, Joan Fuster s’interrogeait : « Est-il permis de “parler” de musique ? », et il étendit bientôt sa réflexion à d’autres arts. Avec lui, nous nous demandons s’il est possible de réduire des œuvres d’art telles qu’une symphonie, une peinture ou une sculpture à des « concepts ». À travers les mots, peut-on transmettre les sensations visuelles ou auditives que nous ressentons lorsque nous contemplons ou écoutons une œuvre d’art ?
Fuster lui-même, en tant que poète, s’y est essayé avec différentes compositions évoquant une œuvre d’art spécifique ou imitant la musique d’un compositeur. Cependant, l’écrivain a fini par abandonner la poésie pour se consacrer à l’essai, et c’est dans ce genre que l’on retrouve la majorité de ses écrits traitant d’art, dont deux livres lui sont même exclusivement consacrés. Fuster a mis sa confiance dans l’essai pour approcher cet idéal. Avant lui, la critique d’art a trouvé avec Diderot l’un des premiers défenseurs d’une écriture qui cherche à retranscrire les émotions et sensations des spectateur·ices plutôt que la technique de production de l’œuvre.
Aujourd’hui, la relation entre les différents arts et le récit, la poésie ou le théâtre, est étudiée plus fréquemment – sous des angles tels que l’intermédialité – qu’avec l’essai. Il convient donc de se demander : l’essai peut-il imiter ou décrire des structures musicales ou visuelles à la manière d’autres genres littéraires ? Ou bien doit-il se limiter au commentaire, puisqu’il ne s’agit pas d’un genre mimétique – entendu au sens aristotélicien – comme les autres ?
Fuster ne pouvait pas connaître l’incroyable diffusion que l’Internet a signifiée dans ce sens, mais il préfigurait déjà certaines « collaborations techniques » qui permettraient aux essayistes de « parler » de l’art « avec justesse » à l’avenir. À l’heure actuelle, on ne peut pas ignorer l’importance de l’accès pratiquement universel à des œuvres d’art en résolution maximale, à une discographie infinie à travers des plateformes, à des reproductions 3D de sculptures, etc. Tout cela a transformé la façon dont l’art est consommé entre le XXe et le XXIe siècle. Et qui sait comment le paysage peut changer à mesure que le siècle avance et que les innovations telles que l’intelligence artificielle deviennent plus présentes dans notre vie quotidienne.
Ces changements signifient-ils vraiment que la façon dont nous parlons de l’art au XXIe siècle a changé ? L’accès universel assure-t-il une meilleure compréhension de l’art, étant donné que de nos jours il n’est potentiellement plus nécessaire de trouver dans le médium littéraire les moyens de reproduire l’expérience esthétique – puisque les technologies numériques facilitent l’enregistrement et la reproduction ? Dans quelle mesure ces innovations techniques sont-elles mises à profit lors de la rédaction d’essais ? Comment parle-t-on d’art dans les blogs, les sites Web ou les réseaux sociaux ? L’essai sur l’art a-t-il changé dès lors qu’il peut s’accompagner d’une reproduction aisée ou persiste-t-il par ses ressources propres (littéraires ou visuelles), à évoquer – comme Diderot en a fondé la pratique – une sensation ou une réflexion sur une forme artistique, même si on ne peut pas la contempler ou l’entendre directement ?
Pour répondre à ces questions, nous pouvons évoquer des auteur·ices contemporain·es qui abordent depuis l’essai l’« expérience de l’art », pour le dire à la manière du peintre Antoni Tàpies. Nous nous référons à des classiques comme Tàpies lui-même, Alexander Kluge, María Zambrano, Romà Gubern, Susan Sontag, W. J. T. Mitchell ou Roland Barthes, ainsi qu’à d’autres contemporains comme Alex Ross, Marisa Olson, Martí Domínguez, Manuel Baixauli, Irene Vallejo, Mary Beard ou Joan-Carles Mèlich. Cette liste d’exemples est représentative et en aucun cas exhaustive.
En résumé, l’objectif de cette journée est de répondre à cette question à travers quatre axes de recherche :
- La théorie littéraire et esthétique et son application à la compréhension de la relation entre essai et art.
- L’analyse pratique d’essais spécifiques illustrant les usages et les enjeux étudiés.
- L’exploration des limites dans l’approche du thème artistique entre un type d’essai plus orienté vers l’auteur ou un autre plus centré sur le sujet, c’est-à-dire la différence entre l’essai délibératif et l’essai informatif (selon López-Pampló, 2023) ou l’essai-méditation et l’essai-diagnostic (Angenot, 1982).
- L’étude comparative d’essais issus de différentes traditions littéraires, ainsi que le contraste entre différentes pratiques liées à de nouveaux espaces et formats d’expression.
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Références
Angenot, Marc (1982). La parole pamphlétaire. París: Payot
López-Pampló, Gonçal (2023). Primera lliçó sobre l’assaig. Barcelona: Publicacions de l’Abadia de Montserrat
Diderot (1984 [1795]. Essais sur la peinture. París: Hermann, p. 333-411
Vaugeois Dominique (2022). « Quand la fiction se manifeste : essais sur l’art & production de la fiction (Malraux, Bonnefoy) », Fabula / Les colloques, L'effet de fiction (2001) (dir. Alexandre Gefen). URL : http://www.fabula.org/colloques/document7661.php.
—. (2016) Malraux à contretemps : l’art à l’épreuve de l’essai, Paris : Jean‑Michel Place.
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Comité d’organisation
J. Àngel Cano (Universitat de València)
Chloé Conant-Ouaked (Université de Limoges)
Carme Gregori-Soldevila (Universitat de València)
Xavier Hernàndez i Garcia (Universitat de València)
Irène Langlet (Université Gustave Eiffel)
Gonçal López‑Pampló (Universitat de València)
Valérie Stiénon (Université Sorbonne Paris Nord)
Vanessa Vidal (Universitat de València)
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Comité scientifique
Guido Mattia Gallerani (Università di Bologna)
Magda Potok (Uniwersytet im. Adama Mickiewicza w Poznaniu)
Claus Zittel (Universität Stuttgart / Università Ca’ Foscari Venezia)
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