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Rythmes. Formes, politiques, enjeux (Sorbonne)

Rythmes. Formes, politiques, enjeux (Sorbonne)

Publié le par Marc Escola (Source : Mattia Bonasia)

Appel à communications

Rythmes. Formes, politiques, enjeux

Colloque international

(11-12 juin 2026)

Bien que la culture occidentale associe traditionnellement la notion de rythme à celles de temps et de régularité, son étymologie (ainsi que l’a démontré la linguistique) renvoie au concept de forme fluide, dans une acception autant spatiale que temporelle. Le rythme n’est donc pas une structure récursive toujours identique à elle-même, mais un composé dynamique, fait de fractures internes, continuellement modifiable. Cela peut être analysé de façon dialectique : dans les arts littéraires, visuels et performatifs en tant que « forme de vie », fonction par laquelle un sujet ou une collectivité organise et représente le réel (il relève alors de la mimesis et de l’écart par rapport à celle-ci); dans l’ecdotique en tant que système de relations synchroniques, diachroniques, géographiques, etc…, entre les témoins d’un texte ; dans les sciences humaines, en tant que complexe d’ordres historiques, sociaux et politiques à travers lesquels le pouvoir organise la vie de l’être humain. A la lumière de ces orientations, le rythme se fait une clé pour dépasser les dualismes qui opposent l’objectif au subjectif, la stabilité au mouvement, l’histoire à la littérature, la forme à la politique, le temps naturel au temps humain.

Le colloque international organisé par l’Équipe de Recherche des Jeunes Italianistes de Sorbonne Université (ERjIS) « Rythmes. Formes, politiques, enjeux », vise à recueillir les contributions qui affrontent la notion de rythme dans le domaine des études italiennes du le Moyen-Âge à l’époque contemporaine, dans un large éventail de déclinaisons théoriques, thématiques, formelles et favorisant une approche transdisciplinaire. Des propositions axées sur des cas singuliers (également dans une optique comparatiste) aussi bien que liées à des perspectives théoriques seront acceptées. Les interventions se portant sur les axes de recherches et d’études suivants seront particulièrement bienvenues :

● En poésie, la fonction-rythme se révèle particulièrement prolifique dans le domaine de l’histoire des formes ainsi qu’en tant qu’instrument d’exploitation de la littérature dans la société dans son rapport à l’oralité (pensons à l’histoire de l’octave). En outre, les questions de rythme peuvent se reconnaître dans le style, le lexique structurel, au niveau de l’organisation macro et microtextuelle, et, plus généralement, dans l’utilisation de la métrique ou par le biais de sa déconstruction. Un dernier aspect peut concerner le rapport entre poésie et prose ou entre poésie et d’autres formes d’art (pensons aux iconotextes).

● Dans le roman, le rythme peut être analysé comme modèle narratif du temps de la quotidienneté du réel, de sorte que la vitesse de la narration, comme l’enseigne le structuralisme, est définie par le rapport entre la durée de l’histoire et du récit et la longueur du texte. Une intrigue narrative est de fait toujours asynchrone, et prévoit des effets rythmiques : par exemple, le “rythme fondamental’’ du roman réaliste du XIXe siècle est constitué par l’alternance entre scène et résumé.

● En philologie, chaque texte est le fruit de l’étude critique de la tradition matérielle de ses témoins, dans leurs variantes graphiques, phonétiques et paléographiques. Dans cette optique, la notion de rythme permet de considérer le texte littéraire à la lumière de la pluralité et de la complexité de son histoire éditoriale. En particulier, l’étude d’un texte dans son développement chronologique, selon les catégories de la critique génétique, déconstruit une conception statique du texte littéraire.

● Dans le domaine de la traduction littéraire, l’attention au rythme du texte de départ (c’est-à-dire à la relation phonétique et morphologique de l’articulation linguistique) a été cruciale pour permettre le dépassement théorique et pratique de la dichotomie entre fidélité et infidélité à l’oeuvre originale en faveur du mouvement du langage.

● Dans les arts visuels et performatifs, le rythme est fondamental. Au théâtre, du temps scénique des répliques des personnages à la transposition des textes littéraires dans la parole scénique, le rythme accompagne la narration et la scansion des séquences. Au cinéma, en outre, il est possible d’analyser le montage comme une alternance rythmique entre plans et séquences. Pensons au contraste rythmique et programmatique du cinéma du néoréalisme ou
de la nouvelle vague par rapport au cinéma hollywoodien classique (où prévalent « temps morts » et « plans-séquences »).

● Le rythme peut enfin s’entendre comme scansion du temps irrégulier dans l’histoire, par exemple dans les processus révolutionnaires. Entendu comme une succession d’événements et de changements, il peut refléter les tensions et les dynamiques sociales, politiques et économiques qui caractérisent les révolutions, faisant émerger un modèle de discontinuité temporelle, où les phases d’accélérations et de pauses, dans le cours des événements, révèlent les complexités et les contradictions inhérentes aux processus de transformation collective. L’étude du rythme peut également jouer sur la ligne de crête entre nature et culture : il est possible d’identifier un rythme de l’humain et un rythme de la nature, de classer les différentes sociétés humaines sur la base des modèles temporels dans lesquels leur environnement s’est inscrit. La réflexion sur l’Anthropocène apparaît à cet égard particulièrement intéressante, tout comme celles sur les différences entre le rythme de l’humain, du post-humain et du non-humain.

Le colloque se tiendra les 11 et 12 juin 2026 à la Maison de la Recherche de la Sorbonne Université.

La candidature est ouverte aux doctorant.e.s et docteur.e.s ayant obtenu leur diplôme depuis moins de trois ans.

Les propositions de contribution, rédigées en italien ou en français, doivent être envoyées avant le 28 février 2026 à l’adresse électronique rythmes.erjis@gmail.com. Le fichier devra contenir le titre de l’intervention, un résumé (400 mots maximum) et une bibliographie essentielle ; en outre, un bref profil bio-bibliographique, l’université d’appartenance et les coordonnées électroniques/téléphoniques des candidats seront demandés.

Le comité d’organisation informera les personnes intéressées de l’acceptation de leur proposition avant le 15 avril 2026. 

Chaque intervention aura une durée maximale de 20 minutes. Chaque session sera suivie d’un moment de discussion. Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des participants. Après évaluation de chaque contribution par le comité scientifique, la publication des actes est prévue.

Pour plus d’informations : rythmes.erjis@gmail.com

Comité scientifique : Frédérique Dubard de Gaillarbois, Andrea Fabiano, Valeria Giannetti, Manuele Gragnolati, Davide Luglio

Comité d’organisation : Mattia Bonasia, Erika De Angelis, Joachim Gettler, Martina Mileto, Guglielmo Pellerino, Enrico Puorto, Matteo Zibardi