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Traductions dans le roman francophone : pratiques et enjeux

Traductions dans le roman francophone : pratiques et enjeux

Publié le par Université de Lausanne (Source : Edouard Djob li kana )

Helge Vidar Holm, Université de Bergen, Département des langues étrangères

Edouard Djob-li-kana, Université de Douala, Département de français et d’études francophones

TRADUCTIONS DANS LE ROMAN FRANCOPHONE : PRATIQUES ET ENJEUX

Le roman francophone est un lieu de création, d’imagination et de représentations des réalités diverses. Ses auteurs sont les porte-paroles d’un imaginaire francophone multilingue. Ressortissants d’Afrique, des Caraïbes, d’Europe, d’Asie etc., et passionnés de l’idée de « littérature-monde », ils aspirent à faire connaitre à leurs lecteurs internationaux la culture, la mentalité et les valeurs de leurs territoires d’origine. Henri Lopes, écrivain congolais, l’exprime dans son livre « ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les gaulois » : « J’écris parce que je suis un africain. Un homme vieux de plusieurs millions d’années dont la mémoire et l’imaginaire ne tiennent qu’au fil tenu et fragile d’une tradition orale brumeuse ; un homme dont la bibliothèque date de moins d’un siècle. J’écris pour introduire dans l’imaginaire du monde des êtres, des paysages, des saisons, des couleurs, des odeurs, des saveurs et des rythmes qui en sont absents ; pour dire au monde des quatre saisons celui des saisons sèches et des pluies ; pour dire au ciel de la Grande Ourse celui de la Croix du Sud » ( Lopes 2003, 111) L’évocation du territoire natal dans certains romans francophones soulève plusieurs défis, entre autres les défis de traduction : comment reproduire en français, des langues et des cultures qui n’ont rien en commun avec la langue et la culture française? Comment traduire en une autre langue que le français (le norvégien, l’anglais, le chinois, le russe le danois, l’espagnol, l’allemand etc.) une œuvre écrite en français et où l’interférence des cultures natives de l’auteur s’affiche nettement à tous les niveaux langagiers? Voilà autant de défis qui interpelleraient tout traducteur et tout critique des traductions du roman francophone ; des défis que nous explorerons dans cette contribution. En effet, notre ouvrage propose une réflexion sur la façon dont peut être envisagé le roman francophone en traduction. Il explore deux problèmes de traduction consubstantiels à ce roman : la traduction opérée des langues natives des auteurs (langues et cultures sources) à la langue française (la langue d’écriture et la langue cible) ; et celle consistant à transposer un texte de la langue française (une langue française composite, mélangée aux références culturelles locales des auteurs) vers une autre langue (le norvégien, l’anglais, le chinois, le russe le danois, l’espagnol, l’allemand par exemple.) La traduction opérée des langues natives des auteurs à la langue française (la langue d’écriture) est liée au caractère hybride des romans. Elle est effectuée par l’écrivain luimême. Ce dernier, qui appartient à la fois à la culture de la langue source (la langue native) qu’il connaît bien et à celle de la langue cible (la langue française), transpose non pas les textes, mais les cultures (Tymoczko, 1999). Il traduit sa culture native en français. D’où les nombreuses étrangetés lexicales, morphosyntaxiques et thématiques dans son discours en français. Ferdinand Oyono, dans Une vie de boy (1956), par exemple, présentait déjà son texte comme une traduction de l’Ewondo (une langue du Sud du Cameroun) du journal de Toundi. Ahmadou Kourouma, dans une interview accordée à M. ZALESSKI (1988), reconnaît traduire le malinké en français. La traduction opérée de la langue française composite (celle dont la structure laisse transparaitre d’autres langues et d’autres cultures) vers une autre langue (le norvégien, le suédois, l’anglais, l’espagnol, l’allemand) est effectuée le plus souvent par un professionnel s’intéressant de près à l’auteur et à son aire géographique : on la voit chez Malika Lopez, traductrice espagnole de Tahar Ben Jelloun (Nourreddine, 2015, 127), chez Richard Philcox, traducteur anglais de Maryse Condé et chez Ingse Skattum, traductrice norvégienne de Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma (Schmidt-Melbye, 2014, 326). Cette traduction est assez complexe parce qu’elle inclut à la dichotomie traditionnelle « langue source » (la langue française) – « langue cible » (le norvégien, l’anglais, le chinois, le russe le danois, l’espagnol, l’allemand etc.), une troisième langue, la langue native de l’écrivain, celle désignant sa spécificité culturelle. Notre livre collectif accepte les articles qui se proposent de comprendre les méthodes, les mécanismes et les pratiques des traductions sus-évoquées. Ces articles, qui doivent cerner les enjeux spécifiques de ces traductions, notamment la façon dont elles gèrent les rapports interculturels, pourront s’inspirer des ouvrages de critique postcoloniale (Bhabba, 1994, Spivak 1988), des approches traductologiques culturelles (Bassnett et Lefevere, 1998) et des idées de Lawrence Venuti (1995).

Le questionnement suivant peut servir d’axes de réflexion :

 Comment les traducteurs du roman francophone perçoivent-ils et transmettent-ils la culture de l’Autre?

 Comment les traductions du roman francophone traitent-elles le texte –source et comment le présentent-elles au lecteur-cible?

 Que préservent les traductrices et traducteurs du roman francophone? Les normes culturelles et linguistiques du pays d’arrivée? Ou l’inscription du roman dans son contexte d’émergence?

 Dans quelle mesure la traduction peut-elle influencer la diffusion du roman francophone dans les milieux littéraires non francophones? Les résumés des propositions (les résumés des articles), en français ou en anglais (en français si l’article est en français ; en anglais si l’article est en anglais), et d’une longueur maximale de 300 à 500 mots, sont à envoyer aux adresses suivantes : helge.holm@uib.no, edokana@yahoo.fr

Calendrier de soumission des propositions

Délai de soumission des résumés : 25.06. 2022

 Réponse du comité scientifique : 11.07. 2022

 Délai de soumission des articles rédigés : 11.12. 2022

 Publication de l’ouvrage : 01.10.2023

Conditions de contribution :

 La contribution à l’ouvrage collectif est ouverte aux chercheuses et chercheurs en littérature, en linguistique, en didactique des langues, en sociologie et en études traductologiques.

 La recherche ne doit pas être publiée auparavant

 Les langues de rédaction sont le français ou l’anglais

 La taille de l’article rédigé doit être comprise entre 12 et 20 pages, y compris les références bibliographiques

Les résumés et les articles rédigés feront l’objet d’une relecture anonyme par les membres du comité scientifique.

Comité scientifique : Flora Amabiamina (Université de Douala); Arianne Des Rochers (Université de Moncton); Laté Lawson –Hellu (University of Western Ontario); J. Alphonse Tonye (Université de Yaoundé I); Noumssi Gérard Marie (Université de Yaounde I) ; Servanne Woodward (University of Western Ontario); Susanne Gehrmann (Humboldt University, Berlin), Raymond Mbassi Ateba (Université de Maroua); Jean-Claude Abada Medjo (Université de Maroua); Désiré Atangana Kouna (Université de Yaoundé I) ; SchmidtMelbye Inger Hesjevoll,(Norwegian University of Science and Technology); Njoh Kome Freddy (Université de Douala) ; Jean Marcel Essiene (Université de Douala) ; Alain Fleury Ekorong (Université de Douala) ; Joseph Ozele Owono (Université de Yaoundé 1) ; Alexis Belibi ( Université de Yaoundé I); Isidore Pentecôte Bikoko (Université de Douala). Comité de lecture : Joseph Ako (Université de Douala) ; Laurain Assipolo (Université de Douala) ; Pierre Olivier Emouck (Université de Ngaoundéré) ; Jean Marie Yombo (Université de Ngaoundéré) ; Gérard Bouelet (Université de Douala) ; Tonga Nathalie ( Université de Yaoundé 1) ; Amos Kamsu (Université de Maroua) ; Ebanga Placid ( Université de Ngaoundéré) ; Roger Fopa (Université de Maroua) ; Alain Roger Boayeniak Bayo (Université de Douala) ; Marcelin Mbema (Université de Douala) ; Solange Medjo (Université de Douala) ; Claude Éric Owono Zambo ( Académie de Versailles) ; Olivia Nga (Université de Douala) ; Kebiheng A Maben (Université de Douala) ; Faty Myriam Mandou (Université de Yaoundé 1).