Actualité
Appels à contributions
Proteus n°4 :

Proteus n°4 : "l'esthétique en philosophie de l'art"

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Revue Proteus)

La revue Proteus accueille des articles hors-thèmes que vous pouvez envoyer en dehors des dates limites fixées pour les articles sur thème.

Dans son article « "Pièce" contre l'esthétique », Timothy Binkley défend la thèse selon laquelle la philosophie de l'art n'est pas – ou plus – une question d'esthétique. La démarche, le concept ou encore le dispositif l'emporteraient sur l'aspect sensible, ils l'emporteraient à tel point que ce dernier deviendrait négligeable. Cependant, une telle approche semble réduire l'esthétique à l'apparence de l'objet d'art, alors même que l'esthétique relève normalement d'une subjectivité, celle du spectateur. Il est en effet important de considérer également la sensibilité de l'individu recevant de l'art, de voir si elle est ou non stimulée par l'oeuvre qu'il appréhende et en quoi elle impacte l'expérience artistique ; l'impact semblant possible même dans le cas d'une oeuvre sans apparence sensible. L'esthétique n'est exclusivement ni de la perception, ni de la connaissance, mais peut-être une relation particulière entre différentes facultés qui fait que certaines sensations accèdent au domaine de l'esthétique, ou deviennent esthétiques.

L'évolution des pratiques artistiques a peut-être modifié les questions que se posait la philosophie de l'art au moment de l'avènement de l'esthétique : alors que Kant voulait savoir ce qui se passait entre le moment où une tulipe est perçue et celui où un plaisir est éprouvé, pour qui les tulipes sont belles, les préoccupations philosophiques du xxe siècle ont été fort occupées, et pour cause, par l'objet même d’oeuvre d'art. La question du plaisir esthétique, plus généralement de l'émotion esthétique, n'est pas pour autant à évacuer : devons-nous reposer une question semblable à celle de Kant devant chaque oeuvre d'art ou devons-nous conclure que certaines expériences artistiques ne sont pas esthétiques, peut-être même qu'aucune ne l'est légitimement ? Il s'agit en quelque sorte d'interroger la place de l'émotion dans la relation à l'art.

Ce numéro de la revue Proteus se veut être un lieu de débat où théories pour l'esthétique et contre l'esthétique tentent de montrer leur pertinence dans un discours sur l'art. Il s'agit autrement dit d'étudier la place de la sensation et de l'émotion en philosophie de l'art. La question peut être abordée d'un point de vue théorique, où de brèves analyses d'oeuvres viendraient exemplifier le propos, mais aussi en se focalisant sur une oeuvre ou un groupe d'oeuvres précis afin d'en faire un cas paradigmatique, voire même un cas isolé si l'approche est novatrice. Bien entendu, seront privilégiées les approches témoignant d'un engagement comme par exemples celles prônant la part esthétique de l'art conceptuel ou la valeur artistique non-esthétique d'oeuvres réputées fortement émotives.

Il ne s'agit pas de faire manifeste pour l'une ou l'autre position, mais de réunir différents points de vue et différents arguments afin de mieux saisir la complexité de la relation qui existe entre l'art – quelle que soit sa forme – et celui qui en fait l'expérience.

 

Suggestions d'approches :

– approches épistémologiques des deux disciplines

– approches ontologiques sur le statut de l'oeuvre d'art

– la primauté et la suffisance du dispositif dans la relation avec l'oeuvre d'art

– les approches cognitives de l'esthétique

– l'éventuelle portée esthétique de l'art conceptuel

Nous attendons vos propositions d'article d'une page environ avant le 10 février, en pièce jointe anonyme, ainsi qu'une brève présentation de l'auteur située dans le corps du mail adressé à contact [@] revue-proteus.com