
Le Madrid des artistes francophones. Vivre et représenter Madrid aujourd’hui : si proche et si singulière
Le Madrid des artistes francophones
Vivre et représenter Madrid aujourd’hui : si proche et si singulière
Colloque international
Montpellier, les 8 et 9 octobre 2026
Comité d’organisation :
Catherine Berthet-Cahuzac, Philippe Wellnitz, Michel Boeglin, Florence Vinas Thérond, Lucille Soler, Laure Alexandre
IRIEC EA740, Institut de Recherche Intersite Etudes Culturelles, Université de Montpellier Paul-Valéry
Contact : catherine.berthet-cahuzac@univ-montp3.fr, secretariat.iriec@univ-montp3.fr
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Appel à communications
Après le Colloque consacré au Berlin des artistes francophones (F. Vinas-Therond et P. Wellnitz, avril 2023), l’IRIEC poursuit son cycle de recherche consacré aux communautés littéraires et artistiques dans les grandes métropoles cosmopolites en se tournant vers Madrid. Les liens avec la France sont en effet riches et multiformes. Ils s’ancrent dans une histoire partagée, faite tour à tour d’alliances et de conflits. On s’intéressera à l’ensemble des domaines artistiques et littéraires explorés par les créateurs francophones marqués par leurs liens avec la capitale espagnole, sans considération des hiérarchies culturelles académiques, entre culture légitime et culture populaire, culture dominante ou culture minoritaire, contestataire. La visée du colloque est transdisciplinaire, croisant analyse littéraire, analyse plastique, iconographique, sociologie, sociocritique, ethnologie culturelle, médiologie…).
Madrid est devenue rapidement un centre culturel de premier plan, après le transfert de la Cour, au XVI°, vers ce qui était alors une simple bourgade. Depuis lors, elle a toujours a attiré de nombreux artistes et écrivains. Son patrimoine artistique et littéraire est exceptionnel. Il témoigne d’un double mouvement, d’une part de rayonnement à l’étranger, avec notamment des musées parmi les plus importants au monde (le Prado, le Centre Reina Sofia, le musée Thyssen-Bornemisza…), et d’autre part, l’importation du modèle français, dont l’influence reste très visible sur l’architecture, avec l’implantation de la dynastie des Bourbon d’Espagne au XVIII°s. Cependant, bien qu’elle soit le coeur géographique et politique de l’Espagne, Madrid s’est trouvée longtemps concurrencée, économiquement ou culturellement, par les grandes villes de la périphérie. Les capitales andalouses ont été le vecteur d’une identité prétendument hispanique, d’une vision folklorisante dérivée de l’imaginaire romantique européen. Barcelone, industrialisée plus tôt, dès le XIX°s., résolument tournée vers l’Europe et très dynamique, a été sa grande rivale.
Les deux capitales espagnoles fascinent par leur effervescence culturelle. Pour ce qui est de Madrid, elle regorge de galeries d'art, de théâtres, de librairies, de cercles et cafés littéraires, dont certains restent aujourd’hui encore des lieux emblématiques, toujours actifs (le café Gijón, l’Ateneo, le Círculo de Bellas Artes...). S’y ajoute l’attrait d’une ville réputée pour son caractère festif, lequel a été un des moteurs de son rebond, au moment de la Transition à la démocratie : avec le mouvement de la Movida, spécifique de la capitale castillane, Madrid est devenue synonyme d’une vie nocturne trépidante. Mais la ville colorée et excentrique d’Almodóvar fut aussi une ville tragique, par deux fois haut lieu de résistance (contre l’armée napoléonienne, au début du XIX°s., contre les forces franquistes pendant la guerre civile), meurtrie à nouveau au XXI°s. par l’attentat islamiste du 11 mars 2004. C’est ainsi qu’au fil du temps, Madrid a donné lieu à un imaginaire contrasté, où se mêlent les vestiges d’une histoire mouvementée, associée à une grande intensité vitale, la reprise assumée des stéréotypes liés au pays et d’ambitieux projets de modernisation qui ont amené la réhabilitation et la promotion de nouveaux quartiers, autrefois marginalisés. Madrid est aujourd'hui une ville cosmopolite et dynamique, qui a su s’ouvrir au monde sans se départir d’une singularité nettement affirmée.
Le dialogue interculturel avec la France s’est nourri des mobilités entre les deux pays, que celles-ci soient nées de la contrainte de l’Histoire (exils politiques ou économiques vers la France), ou qu’elles soient dues à l’avènement de la société des loisirs et le développement de part et d’autre du tourisme. Les échanges interpersonnels se sont ainsi multipliés, en renforçant les influences réciproques entre les deux cultures. C’est ainsi que des écrivains d’origine espagnole ont fait le choix d’écrire tout ou partie de leur œuvre en langue française (Jorge Semprún, Agustín Gómez Arcos, Michel del Castillo, plus récemment Mercedes Deambrosis…). La présence française à Madrid est soutenue par les politiques publiques des deux pays, notamment grâce à des institutions bien implantées dans la capitale espagnole, telles que l’Institut Français ou la Casa de Velázquez ou grâce à des accords de coopération. En 2000, l’Acción Cultural Española (ACE) s’est rapprochée de la Ville de Paris pour proposer des échanges de résidence d’écriture entre les deux capitales. La Casa de Velázquez, une des cinq Ecoles françaises à l’étranger, joue un rôle majeur, en conjuguant événements scientifiques ouverts au public et programme de résidences de chercheurs et d’artistes.
L’objet de cette journée d’étude est d’analyser les stratégies éditoriales, la constitution des réseaux de diffusion par les services culturels, ainsi que les lieux de soutien à la création et les lieux de rencontre (la Casa de Velázquez et l’Institut Français, mais aussi l’Alliance Française, les galeries d’art, les librairies...). Il s’agira de proposer un bilan de cette présence littéraire et artistique francophone à Madrid, d’analyser quelle place occupe aujourd’hui cette communauté dans la vie intellectuelle, sociale, politique, franco-espagnole, puis de tenter d’en circonscrire les particularités.
Les communications se feront en français ou en espagnol.
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Les propositions de communication (2000 signes maximum), accompagnées d’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer avant le 21 novembre 2025 à :
Catherine Berthet-Cahuzac (catherine.berthet-cahuzac@univ-montp3.fr ) et Philippe Wellnitz (philippe.wellnitz@univ-montp3.fr).
Une réponse sera donnée au plus tard le 6 décembre 2026.
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Quelques repères bibliographiques
Mercedes Deambrosis, Candelaria ne viendra pas, Ed du Chemin De Fer, 2008(espagnole, écrivaine en LF, une femme madrilène)
Agustín Gómez Arcos, L'Agneau carnivore, Paris, Stock, 1975
___________________ L’homme à genoux, Paris, Julliard, 1989
Maurice Gouiran, Franco est mort jeudi, Jigal, 2018
Mark Greene, Réel Madrid, Plein jour, 2023
Kiko Herrero, ¡Sauve qui peut Madrid!, P.o.l., 2014
Marc Lambron, L’Impromptu de Madrid, 1988, Flammarion
Marin Ledun Au fer rouge, Flammarion, coll. Ombres noires, 2015
Sarah Manigne, Quitter Madrid, Mercure de France, 2020
Bernard Oustrières Atocha, ed Rail noir, 2008
Grégoire Polet Madrid ne dort pas, Gallimard, 2005
Annie Saumont, Les derniers jours heureux, Gallimard, 2002
Jorge Semprún, La Deuxième Mort de Ramón Mercader, Gallimard, 1969
_____________ L’Algarabie, Fayard, 1981
_____________ Federico Sanchez vous salue bien, Gallimard, 1992
Teresa Valero, Contrapaso : les enfants des autres, Dupuis, 2021
Responsables :
Catherine Berthet-Cahuzac (org.)
Philippe Wellnitz (Responsable du programme pluriannuel de l’IRIEC « Les capitales des artistes francophones »)