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Rencontre des imaginaires, imaginaires transculturels au Canada et dans les Amériques. Littérature et art du 19e au 21e siècle (Winnipeg, Manitoba)

Rencontre des imaginaires, imaginaires transculturels au Canada et dans les Amériques. Littérature et art du 19e au 21e siècle (Winnipeg, Manitoba)

Publié le par Romain Bionda (Source : Irène Chassaing)

Rencontre des imaginaires, imaginaires transculturels au Canada et dans les Amériques. Littérature et art du 19e au 21e siècle

Colloque international
Jeudi 28 septembre – samedi 30 septembre 2017
Winnipeg, Manitoba, Canada


Ce colloque s’inscrit dans le cadre des activités de collaboration en études francophones entre l’Université de Winnipeg, l’Université du Manitoba et l’Université de Saint-Boniface. Il vise à rassembler des littéraires, des écrivains, des artistes, des critiques d’art et des commissaires d’exposition, dans une perspective transculturelle, autour de la question de la rencontre des imaginaires au Canada et dans le reste des Amériques.

À l’heure actuelle, le processus de mondialisation – avec sa propension apparente à l’uniformisation culturelle – semble s’orienter vers l’effacement des frontières imaginaires de l’altérité, désormais vues comme de simples obstacles à une véritable intégration culturelle et sociale à l’échelle mondiale. En réalité, ce phénomène donne lieu à un pluralisme complexe, issu d’un jeu de différences qui peut certes tendre vers un universalisme anthropologique, mais qui réactive aussi des processus de reconnaissance identitaire, de même que des ressentiments, angoisses et replis.

Ce colloque tentera de spécifier les aspects littéraires, discursifs et iconographiques de la rencontre des imaginaires, du point de vue de la production du sens et de l’évolution des transferts entre les cultures, du 19e au 21e siècle. Nous nous interrogerons sur la façon de représenter, de dire et de questionner la rencontre avec l’autre culturel par divers discours littéraires et artistiques, ainsi que par les stéréotypes qui y sont associés. Nous nous attacherons aussi à des exemples dans des expositions de musée qui permettent de discuter ce rapport au soi et à l’autre culturel. Notre but sera de faire état des manières de penser le croisement des imaginaires de l’altérité avec la rigueur et la distance scientifique requises, détournées des savoirs naïfs. Dans une perspective analytique, centrée par exemple autour des notions de « rencontre transculturelle » (P. Imbert), « transfert culturel » (W. Moser), « altérité » (J. Paterson), « créolité » (Glissant), « esprit migrateur » (P. Ouellet), « braconnage identitaire » (S. Harel), « perspectives comparatistes sur les visions du monde » (T. Highway), « mondialisation imaginaire » (García Canclini), nous chercherons à analyser les narrations et les concepts qui permettent d’étudier la rencontre des altérités, et d’en dégager les représentations, comme les connotés négatifs, parfois sous couvert de différencialismes positifs.

Afin d’ouvrir des pistes de réflexion, les études littéraires et les arts abordent la question de l’appartenance et de l’inclusion-exclusion à travers des rencontres identitaires et communautaires qui prônent l’hétérogénéité, des croyances partagées, des « crédulités » de sens commun, des rejets. La « circulation des savoirs » (P. Imbert) pourra être prise en compte. Elle concerne la dialectique de la culture d’accueil et de l’autre culture, telle qu’envisagée dans des textes explorant, soit le figé du ressentiment (D. Laferrière), soit les modalités des accords culturels temporaires (L’histoire de Pi de Y. Martel), et les va-et-vient entre les imaginaires de la culture qui observe et de celle qui est observée. La banalisation des discours stéréotypés (Amossy, Castillo Durante) pourra également être abordée dès lors qu’elle procède de la normalisation idéologique (M. Angenot). Les questions d’orientation littéraire et artistique porteront plus particulièrement sur la thématique de la rencontre, du déplacement, du voyage, de l’altérité, du métissage, de l’hybridité, des identités composites et des réseaux d’imaginaires chez des écrivains et des artistes. Nous mettrons l’accent sur les croisements du local, du national et du transnational. Des études diachroniques sur le corpus permettront non seulement de dégager des comparaisons, des combinaisons, des associations d’imaginaires, d’idées et de pratiques liées à des lieux communs culturels, régionaux ou (trans)nationaux mais aussi d’en étudier l’évolution, la vitalité et la fréquence. Des approches synchroniques et contrastives mettront également en lumière des éléments divergents et convergents entre imaginaires artistiques et représentations de l’altérité proches ou plus éloignées. On analysera aussi les diverses modalités du figement dans l’inconscient collectif (exclusion, ressentiment, racisme, peur…) qui représente la cristallisation imaginative et linguistique de siècles de représentation culturelle, le reflet des préjugés que le passé nous a laissé en héritage. Enfin, réfléchir à la rencontre avec l’autre comme étranger constitue une manière d’observer la transmission des imaginaires stéréotypés, aussi bien que leur évolution pour les générations futures.

Suggestions de pistes à explorer dans la littérature et l’art (liste non exhaustive) :

1/La rencontre des imaginaires de l’autre :
-    l’autre, l’étranger, l’inconnu, celui qui se situe aux bornes des plusieurs mondes, celui qui reste dissimulé, opaque, marginalisé, incompris, mal cerné ;
-    les réfugiés, les (im)migrants, les nomades, les vagabonds, les exclus, toutes ces incarnations de l’étrangeté, ceux qui suscitent l’aversion à cause de l’inquiétude qu’ils provoquent à l’intérieur des frontières ;
-    l’ennemi, susceptible d’engendrer la haine, le ressentiment, la peur ;
-    le monstrueux, l’horrible, le bizarre, l’hybride, qui menace à cause de son caractère affreux.

2/La rencontre des imaginaires du proche :
-    le familier, ce qui a à faire avec la vie quotidienne comme lieu de production d’images ; facettes d’une dialectique du semblable-dissemblable, du même et de l’autre ;
-    l’ami, la représentation de l’altérité la moins menaçante, proche de nous ;
-    le faux étranger, l’étranger dénié, accepté, celui dont on atténue l’étrangeté ;
-    le soi transformé, altéré par l’étrangeté ;
-    représentations imaginaires de la proximité ;
-    les contes, les légendes, les mythes des premiers peuples ;
-    le local, le proche spatialement opposé à l’étranger, au lointain.  

3/ La rencontre des imaginaires de l’ailleurs, de la frontier :
-    les grandes espaces, la frontier, les figurations de l’ailleurs dans la littérature, l’art et les expositions de musée ;
-    le voyage, le déplacement, l’itinérance, l’errance ;
-    représentations des premiers peuples des Amériques (l’amérindien, l’autochtone, le créole, etc.), le sauvage « bon » ou « mauvais », à travers la dialectique civilisation vs. barbarie ;
-    la circulation des savoirs littéraires, culturels, historiques, scientifiques dans les œuvres fictionnelles, référentielles et artistiques ;
-    modalités de rencontre-confrontation avec la différence, dénonciation des  stéréotypes ancrés à des images primaires.


Les langues de communication du colloque sont le français et l’anglais. La publication d’un ouvrage collectif est envisagée.

Les propositions de communication (titre, résumé de 250-300 mots, courte notice biobliographique) en français ou en anglais, sont à envoyer avant le 10 octobre 2016 à l’adresse rencontredesimaginaires@gmail.com.

Les notifications d’acceptation seront transmises à la mi-décembre 2016.

La participation de jeunes chercheurs est encouragée.

Comité d’organisation :

Adina Balint, University of Winnipeg
Irène Chassaing, University of Manitoba
Lise Gaboury-Diallo, Université de Saint Boniface