« RESILIENCES, ECOLOGIES ET PLURIVERS : DIALOGUES ENTRE SAVOIRS, SCIENCES ET CREATIONS (REPLU) » (Université de la Polynésie française)
Colloque international hybride « RESILIENCES, ECOLOGIES ET PLURIVERS : DIALOGUES ENTRE SAVOIRS, SCIENCES ET CREATIONS (REPLU) »
19, 20 mai 2026, Tahiti
Appel à communication
Dans un contexte mondial marqué par les crises écologiques, les dérèglements climatiques et les tensions autour de l’exploitation des ressources naturelles, les sociétés contemporaines se trouvent confrontées à la nécessité de repenser leurs modèles de développement, leurs rapports au vivant et leurs structures de production du savoir. La résilience climatique, la sécurité alimentaire, l’économie durable, la santé publique et la protection des ressources naturelles ne peuvent plus être envisagées séparément : elles relèvent d’une écologie intégrale où les approches sociales, politiques, culturelles et spirituelles du monde se croisent.
Ce colloque propose d’interroger les dialogues entre savoirs autochtones, sciences humaines, différentes approches scientifiques et pratiques artistiques et littéraires, dans une perspective décoloniale et pluriverselle. Inspiré par les théories du More-than-Human Turn et par les réflexions autour des Pluriversalist Revolutions — entendues comme des pratiques auto-poétiques de recherche-création entre arts performatifs et [contre-] anthropologies —, il s’agira de réfléchir aux manières dont les savoirs situés, les cosmologies locales et les formes esthétiques participent à la construction d’alternatives au paradigme extractiviste dominant.
Les représentations artistiques, littéraires et culturelles — qu’elles proviennent des communautés autochtones, des collectifs écologiques ou des milieux universitaires — jouent un rôle central dans la mise en récit de la résilience et de la réparation. Ces créations deviennent autant de laboratoires sensibles où s’expérimentent de nouvelles relations entre humain et non-humain, matière et esprit, mémoire et futur, nature et technologie.
Le colloque souhaite ainsi créer un espace de dialogue interdisciplinaire et intercontinental où chercheurs, artistes, penseurs, activistes et praticiens échangeront autour de ces enjeux, croisant les champs de l’anthropologie, de la philosophie, de la littérature, des arts vivants et visuels, de la sociologie et de différentes approches scientifiques, avec l’ambition de s’inscrire dans une pensée universelle.
Seront accueillies propositions venues de l’aire géographique du Pacifique, notamment de l’Amérique latine, région profondément marquée par l’extractivisme, la colonialité du savoir et les résistances écologiques et culturelles. Ces territoires partagent des expériences historiques de dépossession, mais aussi une même urgence à repenser les rapports entre humains et non-humains face aux bouleversements climatiques. Les savoirs autochtones, les pratiques artistiques et les cosmologies locales apparaissent comme des sources d’inspiration essentielles pour construire des alternatives au paradigme occidental du développement. En croisant les perspectives latino-américaines du buen vivir et du plurivers avec les conceptions océaniennes de la relation, de la continuité et du soin du vivant, il devient possible d’imaginer une écologie du lien et de la réciprocité. Ce regard croisé Sud–Sud entre la zone Pacifique latino-américaine et le Pacifique sud, ouvre ainsi la voie à une réflexion transocéanique sur la résilience climatique, la justice environnementale et la création artistique comme vecteur de réparation et de transformation collective, dans un Pacifique qui rarement se regard pas en tant que voisin géographique ni come des potentiels partenaires de réflexion et d’échange académique.
OBJECTIFS SCIENTIFIQUES
• Favoriser une approche interdisciplinaire et transocéanique.
• Mettre en dialogue les disciplines des sciences humaines, sociales et naturelles (anthropologie, sociologie, art, littérature, écologie, géosciences, santé publique, économie durable, etc.) afin de produire une compréhension globale des enjeux environnementaux et sociétaux du XXIe siècle.
• Explorer les dynamiques de la résilience et de la durabilité.
• Étudier les réponses locales et régionales face aux crises climatiques, alimentaires et sociales, en particulier dans les contextes insulaires et côtiers du Pacifique, tout en analysant leurs résonances avec les expériences latino-américaines.
• Mettre en valeur les savoirs autochtones et les épistémologies décoloniales.
• Reconnaître et intégrer les modes de connaissance issus des cultures polynésiennes, océaniennes et latino-américaines dans la réflexion scientifique, en les plaçant au cœur d’un dialogue avec la recherche académique contemporaine.
• Réfléchir aux relations entre humains et non-humains.
• Examiner les contributions des approches du more-than-human turn et des philosophies du vivant à la compréhension des interdépendances écologiques, culturelles et symboliques dans le Pacifique et en Amérique latine.
• Encourager la recherche-création et la médiation artistique.
• Valoriser le rôle des arts visuels, du théâtre, de la littérature et des pratiques performatives dans la production de savoirs sensibles sur l’environnement, la mémoire et la coexistence durable.
AXES THEMATIQUES (NON EXHAUSTIFS)
Résilience climatique et savoirs autochtones : pratiques locales de résistance et d’adaptation au changement climatique.
Sécurité alimentaire et souveraineté des peuples : agriculture durable, biodiversité et justice environnementale.
Économie durable et post-extractivisme : alternatives au modèle de croissance, éthiques de la réciprocité et du soin.
Santé publique et écologie intégrale : les liens entre bien-être, environnement et structures sociales.
Représentations artistiques et littéraires de l’écologie : narration du vivant, écopoétiques, arts de la réparation et de la mémoire.
Connectivités et développement social : infrastructures, mobilité et inclusion à l’ère de la transition écologique.
Dialogues entre sciences et créations : pratiques de recherche-création, méthodologies décoloniales, approches transdisciplinaires du vivant.
More-than-Human Turn : cosmopolitiques du vivant, rapports entre humain et non-humain, écologies sensibles.
MODALITES DE SOUMISSION
Les propositions de communication (entre 300 et 400 mots), accompagnées d’une courte notice biographique (100 mots maximum), devront être envoyées avant le 31 janvier 2026 à l’adresse suivante : johanna.carvajal_gonzalez@upf.pf
Les communications pourront être présentées en présentiel ou à distance, en français ou espagnol.
Les auteur·rice·s seront informé·e·s des résultats du comité scientifique au plus tard le 20 février 2026.
Une sélection de contributions fera l’objet d’une publication collective à paraître en 2027 aux Presses universitaires de la Polynésie française.
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Johanna CARVAJAL GONZALEZ, ATER d’espagnol, Docteure en Études hispaniques et latino-américaines et en Art (UPF)
Rodrigo DÍAZ MALDONADO, Professeur d’Études hispaniques et latino-américaines,
(Aix-Marseille Université), Directeur du Centre d’Études mexicaines de Paris - Université nationale autonome de Mexique (UNAM).
Youssef GUENZOUI, Maître de conférences HDR en Droit privé (UPF)
Yara Lorena JAFFE RIBBI, Professeure d’Astronomie, Université de Valparaíso (Chili)
Véronique LARCADE, Directrice du laboratoire EASTCO, Professeure d’Histoire moderne (UPF)
Olivier LEFEBVRE, Professeur de Physique-Chimie (UPF)
Mounir NAJMA, Docteur en Études hispaniques et latino-américaines (UPF)
Marine VALLÉE, Docteure en Histoire de l'art, conservatrice du Te Fare Iamanaha – Musée de Tahiti et des Îles, chargée de cours (UPF/INSPE)
Mayalen ZUBIA, Maître de Conférences en Écologie marine (UPF)
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Sociologie et anthropologie
Arturo Escobar, Sentir-penser avec la Terre. L’écologie au-delà de l’Occident, Seuil, 2018.
Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005.
Eduardo Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales. Lignes d’anthropologie post-structurale, PUF, 2009.
Marisol de la Cadena, Earth Beings: Ecologies of Practice Across Andean Worlds, Duke University Press, 2015.
Boaventura de Sousa Santos, Épistémologies du Sud. Mouvements citoyens et polémique sur la science, Desclée de Brouwer, 2016.
Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017.
Anna Tsing, Le champignon de la fin du monde, La Découverte, 2017.
Art, esthétique et recherche-création
Erin Manning & Brian Massumi, Thought in the Act: Passages in the Ecology of Experience, University of Minnesota Press, 2014.
Isabelle Stengers, Cosmopolitique I & II, La Découverte, 1997-1998.
Donna Haraway, Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Duke University Press, 2016.
Felwine Sarr, Afrotopia, Philippe Rey, 2016.
T. J. Demos, Decolonizing Nature: Contemporary Art and the Politics of Ecology, Sternberg Press, 2016.
Jean-Luc Nancy, Les Muses, Galilée, 1994.
Nicolas Bourriaud, L’Esthétique relationnelle, Les Presses du réel, 1998.
Arjun Appadurai, Modernity at Large: Cultural Dimensions of Globalization, University of Minnesota Press, 1996.
Philosophie et écologie politique
Michel Serres, Le Contrat naturel, Flammarion, 1990.
Catherine Larrère & Raphaël Larrère, Penser et agir avec la nature. Une enquête philosophique, La Découverte, 2015.
Pierre Charbonnier, Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées politiques, La Découverte, 2020.
Isabelle Stengers, Une autre science est possible ! Manifeste pour un ralentissement des sciences, Les Empêcheurs de penser en rond, 2013.
Deborah Bird Rose, Wild Dog Dreaming: Love and Extinction, University of Virginia Press, 2011.
Littérature, poétique et écocritique
Lawrence Buell, The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, Harvard University Press, 1995.
Serenella Iovino & Serpil Oppermann (dir.), Material Ecocriticism, Indiana University Press, 2014.
Jean-Marie Schaeffer, L’expérience esthétique, Gallimard, 2015.
Pablo Neruda, Canto General (sections sur la terre et la matière), 1950.
Édouard Glissant, Poétique de la Relation, Gallimard, 1990.
Juliana Faesler & Diana Taylor (dir.), Staging Resistance: Theatre and Politics in Latin America, Routledge, 1998.
Ethnographie, archéologie et territoire
Tim Ingold, The Perception of the Environment: Essays on Livelihood, Dwelling and Skill, Routledge, 2000.
Michael Taussig, Shamanism, Colonialism and the Wild Man: A Study in Terror and Healing, University of Chicago Press, 1987.
María Puig de la Bellacasa, Matters of Care: Speculative Ethics in More than Human Worlds, University of Minnesota Press, 2017.
Pierre Lemonnier, Matière à penser. De la culture matérielle à l’anthropologie, CNRS Éditions, 2012.
Sciences et climat
Jared Diamond, Collapse: How Societies Choose to Fail or Succeed, Penguin, 2005.
Naomi Oreskes & Erik M. Conway, Merchants of Doubt, Bloomsbury, 2010.
Val Plumwood, Feminism and the Mastery of Nature, Routledge, 1993.
IPCC (GIEC), Sixth Assessment Report, 2022 — section sur Impacts, Adaptation and Vulnerability.
Jason W. Moore, Capitalism in the Web of Life: Ecology and the Accumulation of Capital, Verso, 2015.
Donna Haraway & Anna Tsing, Reflections on the Plantationocene, AURA, 2019.
Post-extractivisme, plurivers et décolonialité
Walter Mignolo & Catherine Walsh, On Decoloniality: Concepts, Analytics, Praxis, Duke University Press, 2018.
Aníbal Quijano, Colonialidad del poder, eurocentrismo y América Latina, CLACSO, 2000.
Arturo Escobar, Pluriversal Politics: The Real and the Possible, Duke University Press, 2020.
Eduardo Gudynas, Extractivismos. Ecología, economía y política de un modo de entender el desarrollo y la naturaleza, CLAES, 2015.
Maristella Svampa, El colapso ecológico ya llegó. Una brújula para salir del maldesarrollo, Siglo XXI, 2020.