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Rémanence de

Rémanence de "l’écrire classique" en régime littéraire contemporain (Années 1980-2020)

Publié le par Marc Escola (Source : Adrienne Petit)

Colloque international de l’Université de Lille et de la Sorbonne Nouvelle 


ULR 1061 ALITHILA, EA 7345 CLESTHIA et UMR 7172 THALIM 


22-24 septembre 2022

 

Les présentes rencontres entendent évaluer l’actualité, le statut et les enjeux formels (poétiques, rhétoriques et stylistiques) de « l’écrire classique » dans les littératures d’expression française contemporaines (années 1980-2020). La formule entre guillemets est empruntée à Roland Barthes (1980). Chez ce dernier, elle renvoie à la perception que les XIXe et XXe siècles français se sont fait de la langue dite « classique » : celle des écrivains, des savants, et, plus largement, des lettrés des années 1650-1780, dont les protocoles rédactionnels ont été progressivement réglés par des ouvrages de « grammaire », de « logique », des recueils d’ « observations » et de « remarques », des « dictionnaires » monolingues – généraux et spécialisés –, des « traités de rhétorique » voire, des « arts d’écrire », dans le cadre d’un  mouvement d’accompagnement plus vaste encore que celui de la stricte « grammatisation » du français (au sens de Sylvain Auroux 1994[i]). Cette construction tout à la fois linguistique, sociale et politique a constitué, pour des générations et des générations, un modèle de langue académique – ou « belle langue[ii] » – ayant vocation à être transmis dans les classes ; elle a pu aussi, parallèlement, être reçue, à partir des années 1850, comme l’envers d’une certaine « langue littéraire » moderne, en quête d’expérimentations linguistiques nouvelles : autrement dit, comme un standard de norme haute qui, à privilégier l’exemplarité sur l’inouï, en devenait encombrant. L’histoire de cette réception amphibie, faite d’héritage et de déni d’héritage, est bien documentée[iii]. Elle nous conduit jusqu’au seuil des années 1980. Soit, jusqu’au moment précisément où Roland Barthes appelle de ses vœux un changement de statut pour « l’écrire classique » : 
Pendant longtemps, la « langue essentielle », c'est-à-dire la langue classique, la langue d’écriture a dominé [...] Mais aujourd’hui, il y a renversement : le « bien écrire », entraîné dans la débâcle esthétique de la bourgeoisie, n’est plus « respecté », c’est-à-dire qu’il n’est plus « observé [...] ni aimé » [...] Notre attitude, notre décision : nous n’avons plus à concevoir l'écrire-classique comme une forme qu’il faut défendre en tant que forme passée, légale, conforme, répressive; etc., mais au contraire comme une forme que le roulement et l’inversion de l’Histoire sont en train de rendre nouvelle [...] Autrement dit, nous devons concevoir aujourd’hui l’Écriture Classique comme déliée du Durable, dans lequel elle était embaumée [...] il faut la travailler, cette Écriture classique, afin de manifester le devenir qui est en elle. (Roland Barthes, La Préparation du roman, « Séance du 23 février 1980[iv]).
Dans quelle mesure les littératures contemporaines d’expression française réalisent-elles tout ou partie du programme ici esquissé ? Les présentes rencontres se fixent plusieurs objectifs :  

(i) circonscrire, pour cet entre-deux-siècles conduisant des années 1980 aux années 2020, le corpus des écrits francophones contemporains faisant explicitement référence à la « langue classique » – et, plus largement, à la « culture classique »[v], verbale et non verbale (picturale, musicale…)[vi] ;

(ii) interroger, en son sein, le « régime d’historicité » (au sens de François Hartog 2003[vii]) de l’écrire classique :  un régime « anti-barthésien », encore très fortement rétrospectif (ou passéiste), de type patrimonial et centripète, érigeant la langue classique – dans son versant standard et académique – en source d’exemplarité stylistique ? Un régime, tout au contraire, « pro-barthésien », prospectif (ou futuriste), de type visionnaire et centrifuge, révélant la langue classique à elle-même en en faisant advenir des ressources jusque-là inaperçues et insoupçonnées ? On l’aura compris : le pari de Roland Barthes est de soumettre l’écrire classique à une révolution de perspective. Il envisage son objet non plus tant comme un modèle linguistique résiduel, ie, comme un modèle dépassé, ayant perdu tout ou partie de sa valeur d’usage ; mais dans son fonctionnement de reliquat, comme produit toujours valide et autorisé, résistant à son élimination ; non plus, somme toute, au titre de ce qui en fait un dispositif archaïque, au sens de Franck Neveu (2010)[viii], mais bien, inversement, au titre des dispositions linguistiques, jusqu’ici négligées, qui l’exhaussent au rang de référence rémanente – au sens de Claire Badiou-Monferran (2020)[ix]. Soit : de source d’inspiration pour le présent littéraire, en dépit de la disparition des causes (culturelles, linguistiques…) à l’origine de son émergence et de son développement historique ;

(iii) mesurer – voire, modéliser –, au sein de ce corpus émergent, les effets stylistiques, rhétoriques et poétiques des références au moment classique de la langue (et de la culture), tant à l’échelle locale (échelle du syntagme, de la proposition, de la phrase) que globale (échelle de la période, de la séquence, du texte) ;

(iv) évaluer, en invitant dans le débat la notion de « micro-diachronie », la part de rupture vs continuité avec les usages immédiatement antérieurs de « l’écrire classique » (parmi d’autres, chez Marguerite Duras[x] ou Claude Simon[xi]), et contribuer, à partir de cet observatoire, à une périodisation plus fine de l’histoire du changement stylistique, en documentant les conditions de possibilité des évolutions vs immuabilité mises au jour. 


Les présentes rencontres se proposent ainsi d’interroger l’actualité, jusqu’ici non documentée, de l’écrire classique en régime littéraire contemporain sous trois dimensions :  
 
Axe 1.  Le « redevenir discours[xii] » des littératures contemporaines d’expression française 

Il s’agira d’évaluer les points de rencontre et de divergence entre, d’une part, l’économie « classique » de la langue, moins soucieuse d’établir des frontières entre « langue commune » et « langue littéraire » que de faire communiquer l’une et l’autre, celle-ci constituant une norme haute pour celle-là ; et, d’autre part, comme en miroir, l’économie linguistique post-moderne des littératures contemporaines d’expression française, érigeant inversement la langue parlée, langue « de tous » (Annie Ernaux, 2008[xiii]), en modèle scriptural, selon l’horizon d’ « écriture courante » construit dès 1984 par Marguerite Duras[xiv]. 

En mobilisant – ou non – un corpus de contraste (ie, un corpus sans mention aucune de l’âge classique), on se demandera ce que, dans le corpus dédié, la référence, à la langue et/ou la culture classiques, dont le retour de la rhétorique n’est pas des moindres, fait, du point de vue du « redevenir discours » : 

(i) aux choix énonciatifs et aux formes et déclinaisons de l’énonciation embrayée, dominante dans les productions narratives de l’âge classique[xv] – que l’on pense à la multiplication des apostrophes ou figures d’adresse[xvi] (Suicide d’Édouard Levé, Ton Père de Christophe Honoré etc…), à la modélisation rhétorique des textes et, plus largement, à l’importance de la voix (Antoine Volodine).

(ii) au choix des unités syntaxiques de traitement (choix de la « phrase » et son appareil ponctuant[xvii] vs choix de la « période », au sens du Groupe de Fribourg 2012[xviii]) – alors que le brouillage des niveaux énonciatifs (Des Hommes de Laurent Mauvignier), la fragmentation des formes (chez Olivier Cadiot) ou bien encore la mise en valeur de la continuité textuelle (Zone de Mathias Énard) contribuent à la dilution du cadre phrastique[xix]. 

(iii) au mode de donation des référents (par anaphore « textuelle » vs anaphore « mémorielle »[xx])

(iv) au régime de cohérence (« descendant » vs « remontant selon une opposition modélisée, notamment, dans les travaux de linguistique diachronique de Bernard Combettes[xxi]  et dans ceux, synchroniques, de Michel Charolles[xxii])

(v) à la présence/absence de marques d’oralités/oralisation[xxiii] – fréquentes, on le sait, en français classique, à une période où le code écrit ne s’est pas encore totalement autonomisé du code oral. 



Axe 2. Vers un renouvellement du « purisme » et du « bon usage » ? 

Si, dans la seconde moitié du XXe siècle, la langue classique, parangon de la « belle langue », représente encore, malgré le rejet de la notion de « faute » grammaticale[xxiv], une norme stylistique à atteindre ou, au contraire, à transgresser, on se demandera quel rapport les auteurs contemporains entretiennent aujourd’hui avec elle. Nous faisons l’hypothèse que la fin d’une certaine forme d’académisme[xxv] permet des réappropriations moins convenues de l’écriture classique, tandis que la valorisation de l’usage commun et d’une norme spontanée à des fins, non de distinction mais de partage collectif, ouvre la voie à un renouvellement du « purisme » et du « bon usage ». 

On se demandera ce que, dans le corpus dédié, les références explicites ou implicites à la culture classique font à la langue et plus précisément :

(i) au travail sur le lexique. Quel sort accordé à l’archaïsme, au néologisme, au lexique de spécialité, aux termes relevant d’un registre de langue bas ou sublime ? Quel sort accordé, en retour, à la phraséologie (collocations, colligations, motifs)[xxvi], source de plaisir et de partage à l’âge classique ? Loin de perturber l’idéal puriste d’équilibre du singulier et du collectif[xxvii], la vulgarisation[xxviii] d’un vocabulaire de spécialité et la resémantisation des collocations chez Maylis de Kerangal permettent, par exemple, de sortir d’un régime de connivence pour inclure le spécifique dans le commun.

(ii) au travail du style et des figures. La prégnance de qualités stylistiques recommandées, au XVIIe siècle, par les promoteurs du « bon usage »[xxix], telles que la clarté, la sobriété, la simplicité[xxx], caractéristique de l’écriture d’un Jean Echenoz ou d’un Tanguy Viel, ou encore l’évidence (force imageante ou sensible du discours), dont Johan Faerber (2018) propose de faire, à partir, notamment, de l’œuvre de Célia Houdart, l’une des tendances du contemporain, peuvent-elles être interprétées comme le signe d’une rémanence (voir ci-dessus) classique ?


Axe 3.  Littérature du « care » et « civilité » classique 

 Dans le prolongement des travaux séminaux de Carol Gilligan (1982) sur l’éthique du care, nombreux sont aujourd’hui les travaux s’attachant à en décrire le réinvestissement en régime littéraire. Tout en reconnaissant que « la littérature et les arts ont investi le terrain du care avant même sa théorisation », l’appel du colloque « Caring lit’/Pour une littérature du care » d’octobre 2021 (Alexandre Gefen, dir.) n’identifie pas moins le grand moment de la « littérature du care » au « tournant relationnel » qui caractérise l’époque contemporaine : « l’émergence des humanités médicales, l’invitation des écrivains dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, les récits consacrés aux diverses formes de la vulnérabilité (de tout un chacun) et d’invisibilité contemporaines sont autant de signes de ce tournant relationnel qui conduit à décrire un vaste pan la littérature à travers le vocabulaire du care » (Alexandre Gefen). 

On se demandera alors quel rôle peuvent jouer ou non les références à la culture/à la langue classique – en tant qu’éléments du « processus de civilisation » documenté par Norbert Elias – dans le champ émergent de cette littérature du care. Quel soin langagier, poétique, narratif, symbolique sont-elles ou non[xxxi] en mesure d’apporter ? Chez Laurent Mauvignier, dans Histoires de la nuit (2020) – un sombre mais réjouissant thriller se déroulant en pleine campagne française – le motif des suites de Bach pour violoncelle dans l’interprétation d’Anne Gastinel interagit, de façon inattendue et bénéfique, avec les projets de l’un des preneurs d’otage et vient modifier, sinon provisoirement suspendre, le cours de l’intrigue. Au cinéma, des « documentaires-fictions » comme L’Esquive (2003) et, plus récemment, Nous, princesses de Clèves (2011), mettent en scène le pouvoir thérapeutique de l’écrire classique d’un Marivaux ou d’une Madame de la Lafayette sur des adolescents de banlieue[xxxii]. Par-delà l’incidence des références à la langue ou à la culture classiques sur la poétique, le cadre narratologique, la rhétorique des littératures d’expression française engagées dans la voie du care, dans quelle mesure la médiation de l’écrire classique, filtre anachronique mettant l’époque contemporaine à distance et permettant par là-même de mieux la comprendre[xxxiii], constitue ou non un « style civil »[xxxiv], en l’occurrence, un « dispositif littéraire performant le care »[xxxv] ? 

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*


Les interventions ont vocation à faire émerger un nouveau corpus : celui des productions littéraires contemporaines d’expression française comportant des références directes ou indirectes à la culture classique et à sa langue. Pour autant, les communications produisant, selon une logique comparatiste, l’analyse d’un corpus de contraste (corpus constitué de textes ne comportant pas de références à l’âge classique, sous quelque forme que ce soit), seront également bienvenues. Les réflexions interrogeant, dans une perspective d’histoire du changement stylistique, les usages de l’écrire classique dans les productions lettrées antérieures aux années 1980, le seront également. Enfin, les chercheurs et chercheuses tout à la fois écrivain.e.s et spécialistes de l’âge classique seront invité.es, s’ils le souhaitent, dans le cadre d’une table ronde, à commenter la présence /absence de l’écrire classique dans leur propre pratique d’écriture. 

Les propositions de communication, qui prendront la forme d’un résumé de 10 à 20 lignes assorti d’un titre, sont attendues pour le 30 novembre 2021 au plus tard.

Elles sont à adresser aux trois membres du comité d’organisation (adresses ci-dessous). Le retour d’expertises se fera avant le 30 janvier 2022.

Une publication (dans des numéros de revue et/ou dans des actes de colloque) est envisagée.

Frais d’inscription : 20 euros

Contacts

claire.badiou-monferran@sorbonne-nouvelle.fr
adrienne.petit@univ-lille.fr
sandrine.vaudrey-luigi@sorbonne-nouvelle.fr

Comité scientifique 

Sémir Badir (Université de Liège), Bruno Blanckeman (Université Sorbonne Nouvelle), Stéphane Chaudier (Université de Lille), Florence de Chalonge (Université de Lille), Delphine Denis (Sorbonne Université), Jacques Dürrenmatt (Sorbonne Université), Lise Forment (Université de Pau et des Pays de l’Adour), Alexandre Gefen (CNRS), Sophie Hache (Université de Lille), Nicolas Laurent (École normale supérieure de Lyon), Ludovica Maggi (Université Sorbonne Nouvelle), Gilles Magniont (Université de Bordeaux), Hélène Merlin-Kajman (Université Sorbonne Nouvelle), Cécile Narjoux (Sorbonne Université), Anne-Marie Paillet-Guth (École normale supérieure de Paris), Gilles Philippe (Université de Lausanne), Françoise Poulet (Université de Bordeaux), Christelle Reggiani (Sorbonne Université), Laurence Rosier (Université libre de Bruxelles), Laurent Susini (Université Lumière – Lyon 2), Chantal Wionet, (Université d’Avignon).

 
Références bibliographiques

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[i] Ie, en tant qu’outillage de la langue au moyen des instruments que sont les grammaires et les dictionnaires.
[ii] Voir à ce sujet Gilles Philippe, dans Philippe et Piat (2009), p. 16-22.
[iii] Voir, parmi d’autres, pour le versant linguistique et stylistique, les travaux de Christelle Reggiani, de Gilles Philippe, de Julien Piat et de Sandrine Vaudrey-Luigi, ou encore, pour le versant littéraire, ceux d’Hélène Merlin-Kajman et de Lise Forment. 
[iv] La Préparation du roman réunit les tout derniers cours et séminaires de Roland Barthes au collège de France. Lors de l’ultime séance du 23 février 1980, Roland Barthes supprime quatre feuillets entièrement rédigés opposant la langue « brut[e] » et « immédiate » de ce qu’il nomme, après et avec Stéphane Mallarmé « l’Universel Reportage », à une langue « essentielle », langue « d’écriture », qu’il apparente à la « langue classique ». La première est réputée spontanée, elle est sans histoire (sans origine, sans rituel, sans religiosité) et sans nom. C’est la « langue du journalisme », des pratiques scripturales anonymes et collectives. La seconde correspond à « l’état absolument littéraire de l’écriture ». À la question : « peut-on aujourd'hui écrire classique ? » Roland Barthes répond dans les termes de l’extrait cité ci-dessus. 
[v] Voir à ce propos les actes en ligne du colloque de Bordeaux (2018) coordonnés par Myriam Tsimbidy et al., ainsi que l’ouvrage d’Anne Coudreuse (2015). 
[vi] Avec toutes les précautions que soulignent les guillemets et que rappelle Geneviève Salvan (2013 : 343) dans un article proposant une « lecture “classique” de Jean Rouaud » : « Les guillemets autour du mot classique témoignent de la précaution nécessaire dans l’emploi de ce terme, tant il est vrai, comme le constate Stéphane Chaudier [« La référence classique dans la prose narrative », La Langue Littéraire, G. Philippe et J. Piat, dir, 2009, p. 319], que “le mot classique est un mot piégé”. L’adjectif vise ici plus les caractéristiques d’un état de langue que la représentation de la langue catégorisée par la postérité sous le terme de classique. Ce faisant nous adoptons un point de vue décalé, puisque nous proposons de lire une prose contemporaine depuis une langue qui n’est plus, et partant, d’adopter une démarche stylistique transhistorique ». Le présent appel s’inscrit dans le prolongement de cette démarche programmatique. 
[vii] Ie, au sens des valeurs sociales accordées à chacun des temps « passé », « présent », « futur » et à la manière dont les éléments du corpus articulent ces trois catégories temporelles.   
[viii] Selon Franck Neveu (2010), l’archaïsme linguistique (i) doit avoir été préalablement attesté (contrairement au néologisme), (ii) est identifié comme tel, c’est-à-dire comme un item dont l’antécédence avérée fait partie des connaissances partagées ; iii) est archivé (ie, disponible dans la structure mémorielle) ; (iv) se (re)présente à la communauté linguistique comme une forme obsolescente, i.e., comme une « figure du discours»  jouant de la « connotation » ; (v) et à ce titre, s’apparente moins à un phénomène de « survivance » (celle-ci « se référ[ant] à un état passé de la langue perceptible dans l’état présent ») qu’à un phénomène de « résurgence » (celle-là se « référ[ant] à un usage significatif qui est fait d’un état passé de la langue » et constituant ainsi, non tant une « empreinte du temps dans la matérialité linguistique contemporaine » que « l’exploitation significative d’une connotation variationnelle de type chronologique »). 
[ix] Voir la livraison du Français moderne 2020/2, dir. Claire Badiou-Monferran, consacrée à la notion de rémanence en linguistique diachronique.  Les phénomènes rémanents se définissent comme des phénomènes qui persistent après la disparition de leurs causes. Leur mode d’être relève donc de la « survivance », et non de la « résurgence » (voir la note précédente). 
[x] Voir entre autres dans la bibliographie jointe les travaux de Sandrine Vaudrey-Luigi.
[xi] Voir les travaux de Sandrine Vaudrey-Luigi d’une part et de Claire Badiou-Monferran de l’autre, ou encore, pour d’autres écrivains et d’autres corpus, ceux de Claire Badiou sur Joëlle Gardes.
[xii] Expression paraphrasant les propos de Christelle Reggiani (2009, p. 149 : « Il y aurait ainsi un “devenir discours” de la littérature française contemporaine, grammaticalement défini par la progression conjointe du présent et de la première personne ») et à sa suite, de Julien Piat dans un entretien accordé à Fabula : https://www.fabula.org/acta/document10657.php, consulté le 15 juillet 2021. 
[xiii] « Quand elle désirait écrire, autrefois, dans sa chambre d’étudiante, elle espérait trouver un langage inconnu qui dévoilerait les choses mystérieuses, à la manière d’une voyante. [….] Par la suite, ces rêves l’ont quittée. Il n’y avait pas de monde ineffable surgissant par magie de mots inspirés et elle n’écrirait jamais qu’à l’intérieur de sa langue, celle de tous, le seul outil avec lequel elle comptait agir sur ce qui la révoltait. » (Annie Ernaux, Les Années [2008], Gallimard, Folio, 2010, p. 252. Nous soulignons). 
[xiv] « Écriture courante » aux deux sens de l’adjectif, comme le documentent les travaux de Sandrine Vaudey-Luigi (2010 et 2019), ie, au sens, qualificatif, qui nous intéresse ici, de « banal, non concerté, non médiat », mais aussi au sens, relationnel, de « rapide, irréversible », dans le cadre de ce que Marguerite Duras a nommé plus tard, dans un entretien donné au Magazine littéraire en 1990, la « littérature d’urgence ». 
[xv] Sur cette question, et plus précisément, sur celle des conditions de possibilité d’une énonciation débrayée, voir le collectif, linguistique, de Claire Badiou-Monferran et Delphine Denis 2012, ou encore celui, plus littéraire, de Marc Hersant et Catherine Ramond 2017.  
[xvi] Pour Johan Faerber (2018), la littérature contemporaine serait ainsi, par opposition au régime intransitif de la modernité, une « littérature de l’adresse » (2018, p. 212). Sur les récits à la deuxième personne, voir le récent collectif d’Isabelle Boisclair et Karine Rosso (2018).
[xvii] Sur les questions de ponctuation en régime classique et en régime contemporain, voir entre autres Jacques Dürrenmatt, 2011 et 2015, Isabelle Serça 2012, Stéphane Bikialo et Julien Rault (dir.) 2015, Gilles Siouffi 2017.
[xviii] Voir, autour d’Alain Berrendonner, Grammaire de la période, Peter Lang, 2012, qui modélise le fonctionnement prosodique, syntaxique, énonciatif de l’unité périodique, à partir d’attestations empruntées à l’oral contemporain. Claire Badiou-Monferran (2019) a montré en quoi ce modèle rencontrait les procédures de segmentation des écrits préclassiques et classiques. 
[xix] Sur l’évolution de la perception de la phrase dans les fictions narratives contemporaines, voir le collectif dirigé par Cécile Narjoux et Claire Stolz (2014).
[xx] Voir à ce sujet la Grammaire du français classique de Nathalie Fournier, 1998, qui montre dans quelle mesure les productions lettrées du XVIIe siècle privilégie l’anaphore mémorielle (un choix très largement partagé dans le discours spontané contemporain). 
[xxi] Voir notamment Combettes (1998) et passim : https://perso.atilf.fr/combettes/publications/
[xxii] Voir notamment Charolles (2006) et passim :  https://books.openedition.org/enseditions/6905?lang=fr. L’oral contemporain, tout comme les productions lettrées de la période classique, construisent leurs développements selon une dynamique remontante, à partir du contexte gauche (contexte d’amont). 
[xxiii] Voir parmi d’autres le collectif récent de Marta Sais Sanchez, Amalia Rodriguez Somolinos, Sonia Gomez et Jordana Ferary , dir., 2020. 
[xxiv] Sur ce point et sur la distinction entre « purisme linguistique » et « purisme stylistique » voir Gilles Philippe (2008).
[xxv] Tel qu’il se déploie à compter des années 1980 en réaction « aux assauts successifs du formalisme », selon l’analyse de Bruno Vercier dans Dominique Viart et Bruno Vercier (2005).
[xxvi] On pourra s’appuyer à ce sujet sur les résultats de l’ANR « Phraséorom », ou encore sur les travaux de Dominique Legallois (parmi d’autres, Legallois 2012). 
[xxvii] Selon la lecture et la réhabilitation politique qu’Hélène Merlin-Kajman propose du « purisme » dans ses travaux (2003, 2004).
[xxviii] Au sens d’acclimatation, d’apprivoisement, de mise à disposition pour un public élargi. 
[xxix] Sur les « inventeurs du Bon usage (1529-1647) », voir Danièle Trudeau (1992). Sur la mobilisation de la notion à l’âge classique, voir, parmi d’autres, l’article séminal d’Harald Weinrich (1989), les contributions du collectif de Sonia Branca-Rosoff, Jean-Marie Fournier, Yana Grinshpun et Anne Régent (2011), ainsi que l’ouvrage de Gilles Siouffi (2010) ou encore celui de Wendy Ayres-Bennett et Magali Seijido, dir., (2013). 
[xxx] Voir par exemple Vaugelas, Remarques sur la langue françoise, éd. Z. Marzys, Préface : « l’excellence de la parole, ou prononcée, ou escrite, et des merveilles de l’eloquence, dont la pureté et la netteté du langage sont les fondemens […] », Genève, Droz, (1647) 2009, p. 114. 
[xxxi] Voir l’article de Laurent Susini (2019) sur Clèves de Marie Darrieussecq. 
[xxxii] Voir à ce sujet Hélène Merlin-Kajman (2011). 
[xxxiii] Du moins selon l’hypothèse de Giorgio Agamben (2008, trad. fr.). 
[xxxiv] Selon l’expression d’Hélène Merlin-Kajman : « avant de devenir une attitude normative prise dans un style de pouvoir décrit par Foucault et François Ewald, l’attitude puriste a d’abord été un style civil en lutte contre un certain exercice de l’intolérance et de la cruauté » (2004, p. 242).
[xxxv] Paraphrase d’Alexandre Gefen (appel du colloque « Caring lit’ », 2021).