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Penser, travailler, écrire à deux. Les couples d’historiennes et d’historiens de l’art / Thinking and Working Together: Couples and the Writing of Art History

Penser, travailler, écrire à deux. Les couples d’historiennes et d’historiens de l’art / Thinking and Working Together: Couples and the Writing of Art History

Publié le par Université de Lausanne (Source : Charlotte Foucher Zarmanian)

Appel à communication :

« Penser, travailler, écrire à deux. Les couples d’historiennes et d’historiens de l’art »

20 mai 2020

Paris, Institut national d’histoire de l’art, salle Giorgio Vasari

Journée d’étude organisée par l’Institut national d’histoire de l’art,

en partenariat avec le Centre national de la recherche scientifique (LEGS UMR 8238) et l’École du Louvre.

 

Date limite pour l’envoi des propositions : lundi 6 janvier 2020

 

Nombreux sont les couples en histoire de l’art qui offrent matière à réflexion : Charles et Elizabeth Eastlake ; Bernard Berenson et Mary Logan ; Galienne et Pierre Francastel ; Adolph Goldschmidt et Wilhelm Vöge ; Margot et Rudolf Wittkower ; Jane et Marcel Dieulafoy ; Richard et Trude Krautheimer ; Gaston Brière et Clotilde Brière-Misme ; Gabrielle et Léon Rosenthal ; Erna et Otto Grautoff ; Clementina Anstruther-Thomson et Vernon Lee ; Rose et Salomon Reinach ; Georges-Henri Rivière et Nina Spalding Stevens ; Marianne et Paul Pelliot…

Les écrits à quatre mains, les associations privées ou publiques, la postérité inégale de ces figures n’ont cependant que rarement retenu l’attention des historiens de l’art soucieux d’interroger l’histoire de la discipline. Quelques travaux comme ceux d’Emily J. Levine sur Dora et Erwin Panofsky ou de Kathryn Brush sur Arthur Kingsley Porter et Lucy Wallace Porter ont pourtant donné une idée vive, pleine d’attendus, sur un tel programme. Hors de l’histoire de l’art, les exemples d’Auguste Comte, Simone de Beauvoir ou Max Weber, parmi ceux qui ont fait l’objet de recherches récentes, montrent combien l’œuvre de ces auteurs peut être réexaminé à la lumière du couple.

Née de l’ambition d’explorer cette matière complexe et s’inscrivant dans un champ d’études encore embryonnaire en France, cette journée autour des couples d’historiennes et d’historiens de l’art est ouverte à tout cadre chronologique et géographique ainsi qu’aux différents domaines artistiques (peinture, sculpture, architecture, photographie, archéologie, arts domestiques, costume…) ; l’histoire de l’art y est envisagée dans toutes ses variations et dimensions possibles (musées, archives, bibliothèques, universités, traductions…).

Le couple est ici entendu dans une acception plus large qu’habituellement comme « deux personnes, souvent un homme et une femme, réunies dans une activité » (Petit Robert, 2015) ; hétérosexuel ou non, marié ou limité au seul périmètre professionnel – à l’image de Gertrud Bing et Aby Warburg –, il peut aussi revêtir un caractère fictif lorsqu’il est fait usage d’un alter-ego pseudonymique. Cette définition implique que la dimension intime voire anecdotique de la relation ne doit pas faire l’objet d’une analyse univoque et biographique, mais bien servir l’histoire des idées et des processus intellectuels.

Quelles sont les possibilités offertes, ou non, par le couple ? Comment se construit à deux le partage des savoirs et des tâches ? Une division nette du travail et de la production scientifique est-elle perceptible ? Quelles stratégies le couple peut-il servir ? Reconduit-il des rapports hiérarchiques de pouvoir ? Est-il un lieu de rivalité ou d’émulation ? Quelles sont les logiques d’effacement de soi qui peuvent être à l’œuvre ? Autant de questions qui pourront être posées lors de cette journée où examen des savoirs, étude de fonds d’archives et génétique des textes s’articuleront à une réévaluation de personnalités souvent situées « à l’ombre de ».

Comme l’histoire de l’art et des artistes, l’histoire de l’histoire de l’art a produit des discours où se répètent souvent les mêmes noms et où sont conviées les mêmes voix. Elle s’est largement construite sur une survalorisation individuelle, pour ne pas dire vocationnelle, oubliant parfois que le travail scientifique se nourrit aussi de dynamiques collectives, de réseaux et de discours plurivoques allant à l’encontre d’un auteur unique et héroïque, d’une signature autoritaire et tutélaire. Cette fabrique historiographique, si elle a le mérite de brosser les contours d’une discipline en quête d’identité et de validité, a aussi contribué à forger des modèles d’identification qui ne laissent qu’une place marginale aux femmes. Interroger les couples est une façon de reprendre cette histoire, par une voie trop peu empruntée.

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Bibliographie indicative

ALAMBRATIS Maria, AVERY-QUASH Susanna, FRASER Hilary (dir.), 19. Interdisciplinary Studies in the Long Nineteenth Century, n° 28 ("Old Masters, Modern Women"), 2019, revue en ligne : https://www.19.bbk.ac.uk/98/volume/2019/issue/28/

BOLOGNE Jean-Claude, Histoire du couple, Paris, Perrin, 2016.

BRUSH Kathryn, « Medieval Art Through the Camera Lens: The Photography of Arthur Kingsley Porter and Lucy Wallace Porter », Visual Resources: An International Journal on Images and Their Uses, vol. XXXIII, n° 3-4, 2017, p. 252-294. 

DAIGLE Christine, GOLOMB Jacob (dir.), Beauvoir and Sartre. The Riddle of Influence, Bloomington, Indiana University Press, 2009. 

FOUCHER ZARMANIAN Charlotte, OLÉRON EVANS Émilie, « Figures de l’ombre ? Trois traductrices dans l’historiographie de l’art en Europe (XIXe – XXe siècles) », "Dire presque la même chose". L’histoire de l’art et ses traductions, Adriana Sotropa et Myriam Métayer (éd.), Le Kremlin-Bicêtre, éditions Esthétiques du divers, p. 87-103.

FRASER Hilary, Women Writing Art History in the Nineteenth Century: Looking like a Woman, Cambridge, Cambridge Books, 2014.

LALLEMENT Michel, Tensions majeures. Max Weber, l’économie, l’érotisme, Paris, Gallimard, 2013.

LAVIGNE Emma (dir.), Couples modernes (1900-1950), catalogue d’exposition, Metz, Centre Pompidou, Londres, Barbican Centre, Paris, Gallimard – Centre Pompidou Metz, 2018.

LEVINE Emily J., « PanDora, or Erwin and Dora Panofsky and the Private History of Ideas », The Journal of Modern History, vol. 83, n° 4, décembre 2011, p. 753-787.

MARTIN François-René, « Postface. Histoires d’éternité et d’infamie. Mythe et histoire dans les vies d’artistes », Les Enfants de Saturne. Psychologie et comportement des artistes de l’Antiquité à la Révolution française, Rudolf et Margot Wittkower, Paris, Macula, 2016, p. 516-556.

MIGNINI Maria, Diventare storiche dell'arte. Una storia di formazione e professionalizzazione in Italia e in Francia (1900 - 1940), Rome, Carocci, 2009.

MIRABILE Andrea, « Equivalenze Pittorico-Verbali in Roberto Longhi e Anna Banti », Romance Notes, Vol. 43, N° 3, printemps 2003, p. 271-278.

PASSINI Michela, L’œil et l’histoire. Une histoire de l’histoire de l’art, Paris, La Découverte, 2017.

PYCIOR Helena, SLACK Nancy, ABIR-AM Pnina (dir.), Creative Couples in the Sciences, New Brunswick, NJ, 1996.

RACINE Nicole, TREBITSCH Michel (dir.), Intellectuelles. Du genre en histoire des intellectuels, Bruxelles, Complexe, 2004.

RECHT Roland, SÉNÉCHAL Philippe, BARBILLON Claire, MARTIN François-René (dir.), Histoire de l’histoire de l’art en France au XIXe siècle, Paris, La Documentation française, 2008.

SMITH Bonnie, « Historiography, Objectivity, and the Case of the Abusive Widow », History and Theory, vol. 31, n° 4, décembre 1992, p. 15-32.

THERRIEN Lyne, L’Histoire de l’art en France : Genèse d’une discipline universitaire, Paris, éditions du CTHS, 1998.

VENTRELLA Francesco, « Feminine Inscriptions in the Morellian Method : Constance Jocelyn Foulkes and the translation of connoisseurship », Migrating Histories of Art: Self-Translations of a Discipline. Studien aus dem Warburg-Haus, Berlin – Boston, De Gruyter, 2018, p. 37-58.

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Modalités de soumission des propositions :

Les communications pourront avoir lieu en français et/ou en anglais.

Les propositions de 3000 signes maximum (soit 500 mots), accompagnées d’un bref CV et d’une liste des publications, devront être adressées à Pascale Cugy (pascale.cugy@inha.fr), Charlotte Foucher Zarmanian (charlotte.foucher@legs.cnrs.fr) et François-René Martin (francois-rene.martin@ecoledulouvre.fr) avant le lundi 6 janvier 2020.

Le comité de sélection sera attentif à la variété des situations et des aires géographiques, mais aussi des domaines et espaces de travail étudiés. La publication d’un livre prolongera cette journée.

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Call for Papers: “Thinking and Working Together: Couples and the Writing of Art History” (Paris, Institut national d’histoire de l’art, May 20, 2020)

 

Study day organized by the National Institute for Art History (INHA) in partnership with the National Center for Scientific Research (CNRS-LEGS UMR 8238) and the École du Louvre.

Deadline: January 6, 2020

Many art historian couples offer food for thought: Charles and Elizabeth Eastlake, Bernard Berenson and Mary Logan, Galienne and Pierre Francastel, Adolph Goldschmidt and Wilhelm Vöge, Margot and Rudolf Wittkower, Jane and Marcel Dieulafoy, Richard and Trude Krautheimer, Gaston Brière and Clotilde Brière-Misme, Gabrielle and Léon Rosenthal, Erna and Otto Grautoff, Clementina Anstruther-Thomson and Vernon Lee, Rose and Salomon Reinach, Georges-Henri Rivière and Nina Spalding Stevens, Marianne and Paul Pelliot... Collaborative writings, intimate or public partnerships: the unequal reception of these figures has, however, rarely attracted the attention of art historians concerned with the history of the discipline. Some academic works such as those by Emily J. Levine on Erwin and Dora Panofsky or Kathryn Brush on Arthur Kingsley Porter and Lucy Wallace Porter have nevertheless given a compelling vision, full of new expectations, of such a field of study. Outside the scope of art history, the examples of Auguste Comte, Simone de Beauvoir and Max Weber among many others, show how much the work of these authors can be re-examined through the notion of the couple.

Born out of the ambition to explore this complex topic, part of a research area that is still nascent in France, this study day exploring art historian couples seeks to look at a breadth of subjects, across all time periods and regions as well as to the various artistic fields (painting, sculpture, architecture, photography, archaeology, domestic arts, costume history...). Art history is considered here in all its possible variations and dimensions (museums, archives, libraries, universities, translation).

The couple here is understood in a broad sense as “two people, often a man and a woman, united in an activity” (Petit Robert, 2015), heterosexual or not, married or limited to the sole professional sphere – like Gertrud Bing and Aby Warburg –, it can also include a relationship with a fictional character (when art historians use a pseudonymic alter-ego). This definition implies that the intimate or even anecdotal dimension of the relationship should not be the subject of a univocal and biographical analysis, but serve the history of ideas and intellectual processes.

What are the possibilities offered, or not, by the writing of art history as a couple? How is the sharing of tasks built among partners? Is there a clear division of labour and knowledge production? What are the strategies offered by this specific method of work? Does it reconfigure power hierarchies? Is the couple a place of rivalry or emulation? What are the dynamics of self-effacement within an art historian couple? These issues will all be examined during this one-day conference, which intends to combine textual genetics with a reassessment of the personalities often active “in the shadow of”.

 

Like the history of art and artists, the history of art history has produced narratives in which the same names are often repeated and the same voices invited. It has largely been built on an overemphasizing of individualities, not to say of vocation, sometimes forgetting that academic work is also nourished by collective dynamics, networks and plural discourse against a single and heroic author. This historiographical construct, while it has the merit of outlining a discipline in search of identity and validity, has also helped to forge role models that leave only a marginal place for women. Exploring art historian couples is one way to rewrite this history and open new perspectives.

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Format

Papers can be presented in French or English.

Proposals should address the topic above in 3 000 characters (500 words) or less, and can be submitted with a brief CV to Pascale Cugy (pascale.cugy@inha.fr), Charlotte Foucher Zarmanian (charlotte.foucher@legs.cnrs.fr) and François-René Martin (francois-rene.martin@ecoledulouvre.fr) before January 6, 2020.

The selection committee will pay particular attention to the diversity of situations and geographical areas, as well as to the diversity of the research fields covered. This conference will form the material for a further publication.