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Manières de lire les textes dramatiques. Métacritique, historiographie, théorie (XIXe-XXIe s.). Soutenance de thèse de Romain Bionda (dir. D. Chaperon, Univ. de Lausanne)

Manières de lire les textes dramatiques. Métacritique, historiographie, théorie (XIXe-XXIe s.). Soutenance de thèse de Romain Bionda (dir. D. Chaperon, Univ. de Lausanne)

Publié le par Université de Lausanne

Manières de lire les textes dramatiques.
Métacritique, historiographie, théorie (XIXe-XXIe s.)

Soutenance de thèse de Romain Bionda
sous la direction de Mme la Professeure Danielle Chaperon, Université de Lausanne

Lundi 21 juin 2021 (14h00 - 18h00) - Anthropole 2024, et en ligne 
 

Membres du jury :
M. Raphäel Baroni, Professeur, Université de Lausanne
M. Eric Eigenmann, Professeur, Université de Genève
M. Jean de Guardia, Professeur, Université Grenoble Alpes, France
Mme Muriel Plana, Professeure, Université Toulouse - Jean Jaurès, France
 

Pour tout renseignement, merci de contacter Monsieur Romain Bionda (romain.bionda@unil.ch).


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Résumé de la thèse

Comment lisons-nous les textes dramatiques ? Pour fournir des éléments de réponse, ce travail assemble et analyse un corpus de commentaires écrits par des universitaires francophones entre 1880 et 2020 à propos de textes dramatiques et théâtraux variés (d’Euripide à Angélica Liddell). Cette enquête est métacritique et historiographique : elle prête attention aux présupposés théoriques des commentaires étudiés, aux débats critiques dans lesquels ils s’inscrivent et plus encore s’élaborent, aux organisations disciplinaires qui les déterminent en partie, à leurs visées argumentatives propres, mais aussi aux états du théâtre et de la littérature commentés et contemporains du commentaire. Afin de cerner au mieux les éventuelles spécificités de ce corpus, certaines observations sont mises en perspective : d’une part avec la situation dans certains pays non francophones, d’autre part avec la critique non universitaire. Sur la base de ces observations – en particulier celles ayant trait aux mécanismes interprétatifs activés et à l’imagination « scénique » des critiques – et des nombreuses mises au point théoriques auxquelles l’enquête donne lieu, le travail se poursuit par un exercice de théorisation. Il s’agit de réfléchir aux diverses manières de lire le théâtre et d’identifier leurs enjeux herméneutiques et didactiques – dans une attention à divers phénomènes intermédiaux ou transmédiaux déterminants –, afin d’encourager leur prise en compte dans la réflexion actuelle sur l’appréhension des fictions dramatiques et théâtrales.

L’une des hypothèses explorées par ce travail est qu’il existe en France (notamment) un discours de fond sur la lecture des textes de théâtre (et des textes dramatiques pouvant être lus comme tels) qui se standardise à la fin du XIXe siècle et qui participe à la fédération d’une communauté interprétative à l’université : celle des spécialistes de théâtre (qui sont historiennes et historiens, linguistes, philosophes, etc.). Ce discours de fond consiste à estimer que la lecture littéraire des textes de théâtre est insuffisante et à encourager une manière de lire reconnue comme étant mieux adaptée – appelée lecture scénique dans ce travail –, au gré de divers arguments critiques, historiens et théoriques dont certains deviennent de véritables topoï. Ceux‑ci sont (ré)interrogés dans ces pages à la lumière des développements les plus récents dans des domaines peu mobilisés pour l’étude des textes de théâtre – à savoir les théories de la lecture, les théories de la fiction, la narratologie transmédiale, l’esthétique dite « générale », l’histoire de l’édition, etc. –, sans oublier les acquis propres à l’étude des relations entre les textes et les scènes depuis le XIXe siècle, aux théories de la représentation théâtrale, à la sémiologie, etc. Ce travail aboutit à plusieurs propositions théoriques, pensées notamment pour faciliter un dialogue interdisciplinaire parfois difficile : il organise les réponses données à certaines questions importantes par des critiques et par des théoriciennes et théoriciens et signale quelques pistes utiles à des recherches ultérieures.
 

Abstract

How do we read dramatic texts? In order to answer this question, this work assembles and analyzes a corpus of commentaries written by French-speaking scholars between 1880 and 2020 about various dramatic and theatrical texts (from Euripides to Angélica Liddell). This investigation is metacritical and historiographic: it focuses on the theoretical presuppositions of the studied commentaries, on the critical debates in which they are inscribed and developed, on the disciplinary organizations that in part determine them, on their particular argumentative aims, but also to the states of the commented theater and literature and of the theater and literature contemporary to the commentary. In order to better understand the possible specificities of this corpus, some observations are put into perspective: with the situation in some non-French speaking countries on the one hand, and with non-academic criticism on the other hand. Based on these observations - in particular those relating to the interpretative mechanisms activated and to the “scenic” imagination of the critics - and on the numerous theoretical clarifications it offers, this investigation continues with an exercise in theorizing. It proposes a reflection on the various ways of reading the theater and identifies their hermeneutic and didactic stakes - paying attention to various determining intermedial or transmedial phenomena -, and argues for their inclusion in the current reflection on the apprehension of dramatic and theatrical fictions.

One of the hypotheses explored in this work is that there is in France (among others) a background discourse on the reading of theatrical texts (and of dramatic texts that can be read as such) that becomes standardized at the end of the 19th century and that participates in federating an interpretive community at the university: that of theatrical specialists (who are historians, linguists, philosophers, etc.). This background discourse consists in refusing the literary reading of theater texts and in encouraging a way of reading - called scenic reading in this work - that is recognized as being better adapted, according to various critical, historical and theoretical arguments, some of which become real topoï. These are (re)interrogated in these pages in the light of the most recent developments in fields that are not often mobilized for the study of theater texts - namely theories of reading, theories of fiction, transmedial narratology, so-called “general” aesthetics, the history of publishing, etc. -, without forgetting the propositions of the study of the relations between text and stage since the 19th century, theories of theatrical representation, semiology, etc. This work leads to several theoretical proposals, particularly designed to facilitate a sometimes difficult interdisciplinary dialogue: it organizes the answers given to important questions by critics and theorists and points out some useful avenues for further research.


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Notice bio-bibliographique

Après une maturité gymnasiale en grec ancien, allemand et latin à Genève, Romain Bionda obtient à l’Université de Lausanne un baccalauréat et une maîtrise universitaires ès Lettres en français moderne (BA et MA), histoire de l’art (BA et MA) et tibétain (BA). Lors d’un séjour Erasmus à la Freie Universität Berlin, il s’initie aux études théâtrales. Il rédige à son retour un mémoire intitulé L’Hésitation fantastique au théâtre. Il occupe alors deux postes d’assistant étudiant à l’UNIL.

D’abord assistant doctorant à l’Institut de littérature française de l’Université de Neuchâtel, où il enseigne l’écriture académique, il est ensuite assistant diplômé à la Section de français de l’Université de Lausanne, où il intervient principalement dans le module d’Histoire et actualité de la critique et dans le programme de Science et littérature élaboré pour l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Il participe aux activités du Centre d’études théâtrales (CET), du Centre interdisciplinaire d’étude des littératures (CIEL) et du Pôle en Narratologie transmédiale (NATRANS). Grâce à une bourse Doc.Mobility du Fonds national suisse de la recherche (FNS), il rejoint l’Institut de recherche en études théâtrales (IRET) de l’Université Paris III Sorbonne-Nouvelle et l’UFR de littérature française et comparée de Sorbonne Université.

Outre quelques comptes rendus, entretiens et traductions, il est l’auteur d’une vingtaine d’articles scientifiques qui, avec un intérêt particulier pour les questions théoriques et historiographiques, portent principalement sur les multiples relations entre la littérature et le théâtre aux XIXe, XXe et XXIe siècles, et plus secondairement sur le fantastique, le futurisme ou la science-fiction. Il a co-écrit l’ouvrage Faire littérature : usages et pratiques du littéraire (XIXe-XXIe siècles) (2019) et (co)dirigé plusieurs numéros de revue : Les Conditions du théâtre : le théâtralisable et le théâtralisé (2017), Les Conditions du théâtre : la théâtralisation (2017), La Mort de l’auteur (2019) et Les Études théâtrales à l’intersection des disciplines (2020). Il prépare actuellement un numéro intitulé Le Théâtre de science-fiction : premiers éléments de cartographie et un autre intitulé Publier la littérature. Il est membre du Groupe de recherche sur la Poétique de la scène contemporaine de Paris III (GRPSC), de Lire en Europe aujourd’hui ! (LEA) et du Conseil scientifique de Fabula.org, où il est co-responsable de la revue Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie.