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Les deux calendriers de nos vies. Impressions, anachronies et métaphore dans le modernisme littéraire (Marcel Proust, T.S. Eliot, Hart Crane, Elizabeth Bishop) - Soutenance de thèse de Théo di Giovanni (dir. Karen Haddad, Univ. Paris-Nanterre)

Les deux calendriers de nos vies. Impressions, anachronies et métaphore dans le modernisme littéraire (Marcel Proust, T.S. Eliot, Hart Crane, Elizabeth Bishop) - Soutenance de thèse de Théo di Giovanni (dir. Karen Haddad, Univ. Paris-Nanterre)

Publié le par Marc Escola (Source : Théo di Giovanni)

Théo di Giovanni soutiendra sa thèse de doctorat, intitulée

« Les deux calendriers de nos vies: Impressions, anachronies et métaphore dans le modernisme littéraire (Marcel Proust, T.S. Eliot, Hart Crane, Elizabeth Bishop)»,

préparée sous la direction de Karen Haddad, au sein du Centre de recherches en littérature et poétique comparée (LIPO),

le vendredi 5 décembre à 14h30, dans la salle F141 du bâtiment Simone Veil.

Composition du jury

Rapporteure : Mme Hélène AJI, Professeure des universités : École normale supérieure, PSL
Rapporteur : M. Vincent FERRÉ, Professeur des universités : Université Sorbonne Nouvelle
Membre du jury : Mme Karen HADDAD, Professeure des universités : Université Paris Nanterre.
Membre du jury : M. Langdon HAMMER, Professeur des universités : Yale University
Membre du jury : Mme. Tiphaine SAMOYAULT, Directrice d’études : EHESS
 
Résumé

Cette thèse se propose d’examiner, à travers l’œuvre de Marcel Proust, T. S. Eliot, Hart Crane et Elizabeth Bishop, la manière dont le modernisme littéraire a découvert une nouvelle temporalité subjective comme esthétique : « les deux calendriers de notre vie ». Partant d’une enquête sur la centralité de la notion d’impression à cette époque, ce travail explore comment l’expérience sensible désignée par ce terme suppose une forme d’anachronie traversant les vies comme les œuvres. Plus que d’avoir opéré un simple repli sur l’intériorité ou les mouvements auparavant imperceptibles de la conscience, nos auteurs ont ainsi mis au jour les modalités d’une forme de retard de l’expérience, où certains événements de nos vies semblent nous parvenir toujours trop tard, mais également sous l’apparence d’un objet, d’un visage ou d’une image apparemment sans rapport avec ceux-ci.

Si, à première vue, les œuvres de nos auteurs paraissaient avoir abandonné toute péripétie, nous découvrons là de nouvelles aventures intérieures, mais qui possèdent la propriété toute particulière de se faire à l’insu de leurs principaux protagonistes. Sous l’apparente tranquillité de ces existences, un calendrier plus secret semble porter les marques asynchrones d’événements aussi indéchiffrables que fondamentaux. Partant d’une telle expérience, nous avons entrepris de voir comment nos auteurs tentaient de refonder l’unité brisée de leurs œuvres.

D’une part, un premier vaste mouvement entraînait le déplacement de ces anachronies sur le plan de l’histoire. C’était le temps collectif qui se trouvait traversé aussi bien par des crises que par des survivances paradoxales. Pour tenter de colmater ces brèches du temps, certaines « méthodes » étaient alors préconisées, comme « la méthode mythique » formulée par T.S. Eliot et pratiquée également par Hart Crane, James Joyce, ou Ezra Pound. Il s’agissait d’user de formes narratives héritées du passé ou de la tradition, pour venir enserrer, malgré tout, un matériau rebelle à toute mise en forme. Proust procédait à un geste similaire en important la solidité architecturale de la cathédrale dans son œuvre. Mais cette méthode se révélait à bien des égards insuffisante, contaminée finalement par le pessimisme qu’elle avait pour but de déjouer.

Une autre solution semblait alors se présenter sous l’espèce de la métaphore. Celle-ci cherchait alors à faire fond sur le mouvement des impressions, pour reconnaître dans une chose étrangère le reflet de cette part intime bien que perdue des subjectivités. Au lieu de chercher à « ordonner », à l’aide d’une forme exogène, le mouvement de l’impression, la métaphore acceptait de l’épouser, selon la double logique d’une confiance faite au monde, à son pouvoir de nous rendre à nous-mêmes, mais également d’une confiance dans l’aventure toujours déjà advenue dont nos impressions sont les témoins.
 
Théo di Giovanni