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Imaginaire nobiliaire dans les œuvres fictionnelles de Barbey d'Aurevilly et de Villiers de l'Isle-Adam (Sorbonne Université, Paris)

Imaginaire nobiliaire dans les œuvres fictionnelles de Barbey d'Aurevilly et de Villiers de l'Isle-Adam (Sorbonne Université, Paris)

Jonathan de Chastenet présentera ses travaux de thèse intitulés Imaginaire nobiliaire dans les œuvres fictionnelles de Barbey d'Aurevilly et de Villiers de l'Isle-Adam. Le discours social élitaire d'un romantisme politique à contre-courant de la modernité. La soutenance aura lieu en Sorbonne (salle Louis Liard) le samedi 29 novembre 2025 à 9 heures, devant un jury composé de Pascale-Auraix Jonchière (Université Clermont-Auvergne), Michela Gardini (Università degli studi di Bergamo), Pierre Glaudes (Sorbonne Université), Julien Schuh (Université Paris-Nanterre) et Bertrand Vibert (Université Grenoble-Alpes).

Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) et Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889) ne se fréquentaient guère. L'article polémique de Barbey paru en 1870, éreintant La Révolte, l'une des pièces de Villiers, devait éloigner longtemps les deux hommes de lettres, jusqu'à leur réconciliation tardive en 1886. Leurs écrits offrent pourtant à un degré important des similitudes frappantes. Si l'influence du premier sur le second, de trente ans son cadet, fait encore débat, il n'en demeure pas moins que les convergences sont objectivement nombreuses et remarquables. Celles-ci affleurent très nettement s'agissant de leur imaginaire politique cohérent, que structure de manière essentielle le leitmotiv de l'élite. Une lecture croisée de leurs productions fictionnelles permet d'établir qu'en leur sein s'énonce un discours et un imaginaire élitaires hérités des représentations hiérarchiques de l'Ancien Régime, lesquelles se fondaient alors sur les mythes légitimateurs de la race et du sang. Barbey et Villiers revendiquent cette ancienne croyance sociale et en élargissent la portée à toutes les formes de supériorité censées à leurs yeux renouveler l'élite nobiliaire, à une époque où cette dernière est menacée dans son existence en tant qu'ancien groupe socialement et juridiquement défini. Les deux écrivains s'appuient en effet sur une conception organiciste de la société pour comprendre et dénoncer le monde atomisé né de la Révolution, constatant sur le mode d'un désenchantement antimoderne la victoire historique des forces libertaires et égalitaires de l'argent, signal selon eux d'un inquiétant déclin de la civilisation européenne. Pour autant, Barbey et Villiers envisagent l'hypothèse d'une survie de l'élite dominatrice, non sans paradoxe : comment restaurer l'aristocratie en régime démocratique ? Semble l'emporter la conscience d'un échec irréversible des tentatives de rétablissement d'une hiérarchie de type qualitatif, dont les aristocrates sont par ailleurs rendus responsables en raison d'une dégénérescence fautive. Seule la figure héroïque de l'artiste radical échapperait au phénomène supposé d'un nivellement universel. L'artiste maintiendrait en vie l'idéal élitiste, tout particulièrement le poète. L'écriture testimoniale en un style privilégié, réactualisant la dialectique classique de la plume et de l'épée, apparaît comme un possible champ conservatoire de valeurs aristocratiques à préserver et à transmettre.