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Les oubliés de l'histoire de la danse

Les oubliés de l'histoire de la danse

Publié le par Marion Moreau (Source : Delphine Vernozy)

Les oubliés de l’histoire de la danse

Atelier des doctorants en danse

Centre national de la danse, Pantin

Mardi 31 janvier 2012

Cet atelier propose aux doctorants, souvent disséminés au sein de différentes universités et dans des disciplines très variées, un lieu de travail commun où puissent s’exposer librement les difficultés rencontrées par chacun dans son travail de thèse, ainsi que les méthodologies choisies et expérimentées.

Pour ce deuxième atelier de la saison 2011-2012, nous vous proposons de réfléchir ensemble à la question des oubliés de l’histoire de la danse, qui a trait au problème de la mémoire (de qui, de quoi se souvient-on ? qui oublie-t-on ? pourquoi ?) mais aussi à l’écriture de l’histoire de la danse. Outre les raisons pratiques liées aux difficultés d’accessibilité des sources et malgré l’ouverture du champ de la recherche à la critique historiographique et à l’étude de nouvelles formes et contextes de danse, beaucoup de figures restent absentes de l’écriture de l’histoire de la danse. Ce constat, loin de rejeter les apports de l’ensemble de ces recherches, nous confronte à la nécessité de rassembler les questionnements autour des modalités et des enjeux de la construction de l’histoire de la danse.Au cours de cette journée nous serons ainsi amenés à nous demander dans quelle mesure toute recherche se confronte à l’oubli (ne serait-ce qu’à travers la disparité des sources) et à l’aide de quels outils aborder un objet de recherche que l’historiographie néglige, passe sous silence ? Cet atelier vise également à proposer une réflexion sur les causes et les conséquences de cet oubli dans la construction des savoirs en danse. Nous questionnerons ainsi la mise en oubli – qu’elle soit inconsciente ou volontaire – de certaines pratiques, figures, événements, en interrogeant les raisons sociales, politiques et culturelles de ce processus

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L’équipe de l’Atelier des doctorants en danse :

Stéphanie Gonçalves, doctorante en histoire contemporaine, Université libre de Bruxelles.

Audrey Gouy, doctorante en histoire de l’art antique, École pratique des Hautes Études, Paris, et Université Ca’ Foscari, Venise.

Camille Paillet, doctorante en danse, Université de Nice-Sophia Antipolis.

Delphine Vernozy, doctorante en littérature française, Université Paris-Sorbonne, Paris 4.

L’Atelier des doctorants en danse est organisé avec le soutien du Centre national de la danse. 

 

PROGRAMME

Journée en présence de :

Laure Guilbert, docteur en histoire de l’Institut universitaire européen de Florence. Elle a enseigné l’histoire et les théories de la danse et du théâtre aux universités de Metz, Versailles, Lille et Paris 3. Depuis 2002, elle est responsable des Publications de la danse de l’Opéra national de Paris. Ses recherches actuelles portent sur l’exil et les diasporas des danseurs allemands et autrichiens dans l’entre-deux-guerres. Elle est l’auteur de Danser avec le IIIe Reich. Les danseurs modernes sous le nazisme, Bruxelles, Éditions Complexe, 2000, André Versaille Éditeur,2011.

Marie-Thérèse Mourey, Professeur de littérature allemande et d’histoire culturelle du monde germanique à l’Université Paris-Sorbonne, Paris 4.Ses recherches portent essentiellement sur les périodes de la Renaissance et du baroque (XVIe-XVIIIe siècles). Elle travaille sur les spectacles (ballet de cour, opéras), sur la danse (pratiques sociales, modes de civilité) de l’espace germanique, en contexte européen, ce qui inclut la question des transferts culturels et de la circulation des modèles. Les perspectives vont de l'histoire culturelle et de l'anthropologie historique aux questions de poétique et d'esthétique de l'art de la danse. Elle a publié récemment (en collaboration avec Stephanie Schroedter et Giles Bennett) : Barocktanz. Quellen zur Tanzkultur um 1700/ La danse baroque. La pratique de la danse à la lumière des sources vers 1700/ The Baroque Dance. Sources on Dance culture around 1700, Hildesheim, Olms, 2008. Réédition fac-similé avec notes et commentaires (trilingues) de deux traités de danse parus en Allemagne en 1705, qui étaient précisément des “oubliés” de l’histoire de la danse. Elle vient en outre de publier les actes du colloque sur J.G. Noverre (parution Musicorum n°10, 2011).

9h    Accueil des participants

9h30     Paola Braga, doctorante en danse au laboratoire d'analyse des discours et pratiques en danse, Université Paris 8, et Ludmila Ivanova, diplômée du master danse de l’Université Paris 8 : Xenia Palley : une danseuse éclipsée.

L’histoire de la danse a toujours été écrite à partir des “grands noms” qui l’ont peuplée. Passer à côté de la riche contribution de centaines de danseurs qui ont commencé une carrière prometteuse et qui l’ont finie dans l’obscurité signifie renoncer à une énorme fraction de cette mosaïque qu’est l’histoire de la danse occidentale. Notre intervention relie deux mouvements d’une même recherche : d’un côté, la rencontre avec une personne liée à la danseuse Xenia Palley et la recherche menée sur sa vie ; de l’autre, les questions et discussions théoriques surgies au cours de cette démarche.

10h15     Veronika Vassilieva, doctorante en littérature française, Université Paris-Sorbonne, Paris 4 : L’oubli et les Ballets Russes : un paradoxe ?

L’oubli posthume pour certains membres de la troupe des célèbres Ballets Russes a déjà commencé de leur vivant et nous tâcherons de cerner la liste des causes principales de la mise à l’écart pratiquée au sein de la compagnie. Ensuite, nous évoquerons la doctrine officielle de l’URSS qui a banni de la mémoire les artistes russes ayant choisi de rester en Occident après la Révolution de 1917. Sans oublier que le but lucratif impose aux biographes contemporains le choix de quelques noms mythiques avec un parfum de scandale, comme Diaghilev ou Nijinsky.

11h-11h15    Pause

11h15     Marion Sage, doctorante en histoire et esthétique de la danse au Centre d'Etudes des Arts Contemporains (CEAC), Université Lille 3 : Remonter les mémoires dispersées : Jean Weidt et Julia Marcus.

À partir des biographies de Jean Weidt et Julia Marcus, tentons de comprendre leur exclusion historiographique. Considérés comme des danseurs d'expression d'Allemagne, ces artistes débutent leur carrière sous la République de Weimar, s'engagent au Parti communiste allemand (KPD), et s'exilent à Paris pour fuir le régime nazi. L'expérience de l'exil qui déplace les problématiques de l'espace et du temps en danse et complexifie la traçabilité des chorégraphies rend d'emblée difficile le rassemblement des matériaux (souvent immatériels) qui simplifierait l'écriture de ces histoires singulières. Ne pleurons pas cette complexité, réunissons les témoignages épars, restituons les images oubliées, tentons de créer des liens entre les textes trouvés pour composer une mémoire possible de ces danses.

12h-14h     Déjeuner

14h     Guillaume Sintès, doctorant en danse au laboratoire d'analyse des discours et pratiques en danse, Université Paris 8 : Le groupement professionnel des chorégraphes du Syndicat National des Auteurs et Compositeurs de Musique (1962-1984).

Les années 80 sont communément assimilées, dans les histoires de la danse en France, à une période d’“explosion” artistique qui voit naître une génération de chorégraphes regroupés sous la bannière journalistique : “Nouvelle Danse” ou “Jeune Danse”. Impressionnés (aux sens physiologique et photographique du terme) par la modernité américaine et l'influence japonaise au cours des deux décennies précédentes, les acteurs du champ chorégraphique français (historiens, institutionnels, critiques, programmateurs, mais aussi danseurs et chorégraphes) auront vite fait de ne s'intéresser qu'à la partie visible d'un travail de fond mené pendant plus de 20 ans par un groupe syndical, qui aboutit à la professionnalisation et à la structuration du métier de chorégraphe. La présente communication tentera d'établir plus en détail les causes de l'oubli de cette expérience syndicale d'un groupe de chorégraphes qui a réuni près d'une centaine de membres.

14h45     Aude Thuries, doctorante en arts au Centre d'Études des Arts Contemporains (CEAC), Université Lille 3 : Susanne Langer, une philosophe de la danse "oubliée" en France.

L'américaine Susanne Langer (1895-1985) a initié Outre-Altantique une réflexion sur la danse qui a permis de constituer cette dernière en digne objet de l'étude philosophique, une démarche qui a influencé nombre de chorégraphes, enseignants et universitaires. Pourtant, elle demeure largement méconnue en France, et ses travaux n'ont jusqu'à présent jamais été traduits. Nous tenterons de comprendre la raison de cet “oubli”, en interrogeant notamment les différentes tendances de la philosophie de la danse en France et aux États-Unis.

15h30-15h45    Pause 

15h45     Dora Kiss, doctorante en musicologie, Université de Genève : Les “oublis” de la notation Feuillet.

Réalisant une partition Feuillet, le danseur peut sembler dissimuler derrière la « reconstitution » d’une danse l’oubli partiel dont elle continue de pâtir. Le scientifique quant à lui recherche des indications historiques qui suppléent aux manques de la partition, mais qui servent (seulement) à constituer une interprétation théorique. Qu’en est-il lorsque les démarches de l’un et de l’autre se conjuguent ? Il en découle que certains des “oublis” de la notation sont mieux cernés… et que des certitudes se muent en doute.

16h30     Marianne Lacharrière, doctorante en sciences de l'information et de la communication au laboratoire GRIPIC du CELSA, Paris-Sorbonne, Paris 4 : L'oubli nécessaire.

L’oubli peut avoir une fonction positive, émancipatrice, mais peut à l’inverse devenir mortifère. Avec l’inscription d’une chorégraphie, la notation de la danse propose une trace, la possibilité d’une Histoire, ainsi qu’une vision spécifique du corps humain. Mais cette sauvegarde possible par l’écriture se trouve questionnée en permanence par le corps vivant et singulier, par l’inimitable expérience de la pratique du mouvement. La mémoire de la danse pourrait en réalité être définie comme “vive” : lieu où traces et oublis se complètent ; comme un texte qui se lit où l’interprétation surgirait des blancs et des non-dits, toujours en métamorphose.

17h15 Synthèse et discussion 

PARTICIPATION AUX ATELIERS

Réservation obligatoire : 01 41 83 98 98 / reservation@cnd.fr

Conférence dansée La danse libre de François Malkovsky (par Suzanne Bodak, interprété par Suzanne Bodak, Cecilia Bengolea, Christine Caradec, François Chaignaud, Enora Rivière),  mardi 31 janvier à 20h30.

Le soir de l’atelier, 30 places sont disponibles pour les participants de l’atelier doctorants à tarif préférentiel (8 euros). Vous pouvez acheter votre place auprès de la billetterie à ce tarif, dans la limite des places disponibles, en même temps que vous réservez pour l’atelier.

CONTACTS

Pour joindre l’équipe de l’Atelier des doctorants : doctorantsendanse@gmail.com

Pour joindre le service Recherche et répertoires chorégraphiques : recherche.repertoires@cnd.fr

Abonnez-vous au flux RSS de l’espace doctorants :http://isis.cnd.fr 

VENIR AU CND

1, rue Victor Hugo, 93507 Pantin cedex, Métro Hoche, ligne 5 - RER E, Pantin