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Le théâtre amateur amazigh : dynamiques, enjeux et perspectives de reconnaissance. Amezgun amri amaziγ: timwiwlin, tisrusin d tmegliwin n wakkaz (Béjaia, Algérie)

Le théâtre amateur amazigh : dynamiques, enjeux et perspectives de reconnaissance. Amezgun amri amaziγ: timwiwlin, tisrusin d tmegliwin n wakkaz (Béjaia, Algérie)

Publié le par Marc Escola (Source : Lamri Wahid)

Timlilit taɣelnawt (Colloque national)

Ussan n 11 d 12 tuber 2025 (11-12 octobre 2025)

Amezgun amri amaziγ: timwiwlin, tisrusin d tmegliwin n wakkaz

(Le théâtre amateur amazigh : dynamiques, enjeux et perspectives de reconnaissance)

Le théâtre amazigh, occupe aujourd’hui une place centrale dans le paysage culturel nord-africain. Porteur d’une mémoire collective, il puise ses racines dans des pratiques performatives ancestrales ; contes, poésies chantées, rituels agraires et fêtes communautaires qui, bien que n’étant pas du théâtre au sens strict, en constituent la matrice symbolique et esthétique. Le théâtre amazigh a connu une transformation majeure, passant progressivement d’une fonction rituelle, par ces formes pré-dramatiques, à une dramaturgie structurée qui intègre les codes de la mise en scène contemporaine

Avec l’avènement de la modernité, le théâtre amazigh se développe aujourd’hui sous deux formes complémentaires mais contrastées. D’un côté, un théâtre professionnel, soutenu officiellement, interprété par des comédiens de métier et bénéficiant de moyens conséquents et d’une reconnaissance institutionnelle. De l’autre, un théâtre amateur, pratiqué hors des institutions, porté par des troupes locales, des associations culturelles et des passionnés qui, malgré des moyens limités, continuent de produire une œuvre riche, inventive et profondément ancrée dans la société. Bien que souvent limitées en ressources techniques et financières, ce théâtre amateur se distingue aujourd’hui par une créativité foisonnante, explorant une grande diversité de formes, allant des adaptations de récits traditionnels aux créations engagées, en passant par des performances pluridisciplinaires mêlant danse, musique et expression corporelle. Dans ce contexte, et en raison du manque d’infrastructures adaptées, ces troupes font preuve d’une ingéniosité remarquable dans la conception de leurs scénographies. À défaut de plateaux équipés, elles élaborent des dispositifs visuels épurés où le décor, souvent minimaliste, revêt une fonction hautement symbolique. L’utilisation de matériaux de récupération et l’intégration d’éléments naturels permettent ainsi de construire des espaces scéniques évocateurs, en parfaite adéquation avec l’esthétique et les exigences dramaturgiques de leurs spectacles. Cependant, malgré cette dynamique artistique, le théâtre amateur amazigh reste confronté à des défis majeurs, notamment un manque de visibilité, une reconnaissance institutionnelle encore fragile, des difficultés de financement et une légitimation critique et académique insuffisante, freinant son développement et son inscription durable dans le paysage théâtral national et international.

Dans ce contexte, il devient essentiel d’examiner la place et l’évolution du théâtre amazigh amateur, qui se développe en marge des circuits institutionnels tout en faisant preuve d’une vitalité remarquable. Son dynamisme, en dépit des contraintes matérielles et du manque de reconnaissance officielle, soulève des réflexions sur les stratégies d’adaptation et d’innovation qu’il mobilise. De même, ses spécificités esthétiques et narratives méritent d’être analysées afin de mieux cerner les formes qu’il emprunte et les discours qu’il véhicule. Enfin, la question de sa transmission et de sa pérennisation se pose avec acuité, impliquant une réflexion sur les moyens de valoriser et de structurer cette pratique sans en altérer la spontanéité ni l’ancrage communautaire qui en font toute la richesse.

Cette dynamique contrastée révèle une réalité plus complexe : le théâtre amateur amazigh se trouve aujourd’hui à un carrefour. D’un côté, il bénéficie d’un engouement croissant, porté par une jeunesse désireuse de s’approprier son héritage culturel ; de l’autre, il peine à trouver une légitimité dans les politiques culturelles officielles, souvent centrées sur des formes plus institutionnalisées. Cette tension entre vitalité créative et marginalisation institutionnelle soulève plusieurs interrogations qui constituent la problématique centrale de ce colloque :

 ·         Quelles sont les conditions de production de ce théâtre ?

·         Quel rôle joue ce théâtre dans la société amazighe contemporaine ?

·         Comment penser sa reconnaissance et sa transmission ?

·         Quelle relation entre théâtre professionnel et théâtre amateur amazigh ?

Inscrit dans le cadre du projet de recherche en cours au Centre de Recherche en Langue et Culture Amazighes (CRLCA), intitulé « Littérature kabyle. Approche socio-bibliométrique et sociopoétique », ce colloque, organisé à l’occasion du festival international du théâtre de Béjaïa, vise à interroger les dynamiques multiples du théâtre amazigh amateur qui, bien qu’évoluant en marge des circuits institutionnels, constitue un espace privilégié de création artistique, d’expérimentation esthétique et de réappropriation culturelle.

1.      Objectifs du colloque

·         Documenter les pratiques du théâtre amateur amazigh, encore peu étudiées.

·         Analyser ses spécificités esthétiques et ses conditions de production.

·         Favoriser les échanges entre chercheurs, artistes et institutions pour une meilleure reconnaissance.

·         Proposer des pistes pour la sauvegarde et la diffusion de ce patrimoine vivant.

2.      Axes principaux du colloque

Axe 1 – Origines, évolutions et ancrages du théâtre amazigh

·       Héritages préthéâtraux : rituels, contes, fêtes saisonnières (Yennayer, Amagar n tefsut).

·       Genèse des formes modernes : ruptures et continuités avec la tradition.

·       Le rôle du théâtre amateur dans la réactualisation du patrimoine culturel.

·       Répertoires : entre tradition revisitée et création contemporaine.

Axe 2 – Esthétiques, créations et pratiques scéniques

·       Conditions de production en contexte amateur : créativité face aux contraintes.

·       Hybridation des formes (musique, danse, expression   corporelle).

·       Spécificités du théâtre amateur amazigh : codes, langages, circulation des œuvres.

Axe 3 – Reconnaissance, transmission et politiques culturelles

·       Enjeux de reconnaissance institutionnelle et légitimation critique du théâtre amazigh.

·       Rôle des festivals, associations, médias et archives dans la pérennisation.

·       Place du théâtre amateur dans les politiques culturelles amazighes : soutien, marges, perspectives.

 Axe 4 – Approches méthodologiques et interdisciplinaires

·       Comment étudier le théâtre amateur ? (Ethnoscénologie, sociologie des pratiques culturelles, analyse des textes dramatiques.)

·       La critique théâtrale amazighe : état des lieux, sources, outils et terminologie.

·       L’analyse des études académiques portant sur la critique théâtrale amazighe : Bilan historiographique, méthodologies dominantes et perspectives de recherche.

Axe 5 – Théâtre professionnel vs théâtre amateur : coexistence ou dualité ?

·       Interactions entre scènes institutionnelles et pratiques communautaires.

·       Complémentarité, tensions ou concurrence : quels modèles de cohabitation ?

·       Vers un espace théâtral amazigh pluriel et articulé.

3.    Thématiques proposées (ateliers/communications)

·       Cartographie des troupes et initiatives théâtrales amateurs en milieu amazigh.

·       Études de cas : parcours de troupes, expériences marquantes, festivals emblématiques.

·       Partenariats troupes amatrices/institutions. Les défis de la professionnalisation (formation des acteurs, financement, structuration).

·       L’écriture dramatique amazighe : entre oralité et littérarisation.

Bibliographie indicative :

1.       Ait Ahmed, M. (2013). Masques berbères et théâtre maghrébin. L’Harmattan.

2.       Alloula, R. (2024), « Théâtre et traduction en Algérie coloniale et postcoloniale », ALTRALANG Journal, V6 N°1, pp 214‑226.  

 

3.       B. Amezyan, 1976, « Une expérience de théâtre populaire », Bulletin d'étude berbères, n° 8, pp 31-34.

4.       Bourai, O., (2016), « Pour une lecture dramaturgique du texte Afenǧal n lqahwa de Belaid Ai Ali », Iles d Imesli, V8 N°1, pp 43‑50.

5.       Fodil, M. S., (2020), « L’interculturalité chez Mohia : L’adaptation comme médiation culturelle entre la singularité et l’universalité », Iles d Imesli, V 12 N°1, pp 95‑106.

6.       Fragonara, A. (2016). La pratique de l’adaptation : Approches sémio-linguistique et cognitive.    Thèse de doctorat. Sous la direction de André Petitjean. Université de Lorraine.

7.       Gaudreault, A., & Marion, P. (1998). Transécriture et médiatique narrative : l’enjeu de l’intermédialité. Dans A., Gaudreault et T. Groensteen (dirs.). La transécriture pour une théorie de l’adaptation. Nota Bene.

8.       Hacid, F., (2017), « La création littéraire par le procédé de l’adaptation chez Mohand Ou Yehya. Les raisons d’un choix », Iles d Imesli, V9 N°1, pp 265‑274.

9.       Lefebvre, P., & Ostiguy, P. (1978). L’adaptation théâtrale au Québec. Jeu, (9), pp. 32–47.

10.   Miliani, H., (2015), « Eléments Pour Une étude Des Entrepreneurs Culturels Et Des Expériences Théâtrales En Régime Colonial En Algérie : 1950-19629 », Insaniyat, V19 N°1, pp 9‑31.

11.   Pavis, P. (2009). Dictionnaire du théâtre, (F. Michel Khettar, Trad.), Bibliothèque El Fikr El    Djadid.

12.   Ricœur, P. (2004). Sur la traduction. Bayard.

13.   Tidjet, M., (2013), « Noms propres dans l’œuvre de Mohya entre tradition et innovation », Multilinguales, V1 N°1, pp 159‑166.

14.   Yasmina, F., (2014), « Les vestiges du conte dans la genèse de l’écriture du théâtre », معارف, V9 N°16, pp 91‑99.

Les dates du colloque :

- La date limite de réception des résumés : 30 juillet 2025.

- Notification d’acceptation : au plus tard le 10 aout 2025.

- Date de confirmation de la programmation : 20 septembre 2025.

- Dates de la tenue du colloque : 11 et 12 octobre 2025.

Modalités de soumission :

✔   Les propositions de communication sont à envoyer à theatre-amateur@crlca.dz

✔   La proposition est à faire sous forme d’un résumé d’une page et doit indiquer obligatoirement:

·         Le titre de la communication ;

·         L’axe de la recherche ;

·         La question de la recherche ;

·         Les choix méthodologique et théorique ;

·         La problématique et l’hypothèse ;

·         Cinq mots clés ;

·         Une bibliographie indicative (5 références).

 L’auteur de la proposition doit s’identifier en indiquant les renseignements suivants :

•    Nom et prénom ;

•    Grade ;

•    Affiliation institutionnelle ;

•    Adresse électronique et n° de téléphone.

✔ Chaque communication doit s’inscrire dans l’un des axes du colloque.

✔ Le nombre de participants par communication est limité à deux personnes, cependant l’hébergement ne sera assuré que pour une seule personne.

✔ Les communications peuvent être présentées en tamazight, arabe, français ou anglais.

✔ L’hébergement sera assuré pour les participants hors wilaya de Béjaïa.

✔ Les actes du colloque seront publiés.

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Président du colloque :

- Dr. Lamri Wahid

Président du comité scientifique :

-   Pr. Salhi Mohand Akli.