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La table des matières. Son histoire, ses règles, ses fonctions, son esthétique

La table des matières. Son histoire, ses règles, ses fonctions, son esthétique

Publié le par Amandine Mussou (Source : Georges MATHIEU)

LA TABLE DES MATIÈRES. Son histoire, ses règles, ses fonctions, son esthétique

APPEL À CONTRIBUTIONS

Projet du CEREdI (EA 3229, Université de Rouen) : réalisation d'un ouvrage sous la direction de Jean-Claude Arnould et Georges Mathieu

Début du projet : septembre 2011, publication : printemps 2013

1 Description du projet

Ce qu'on appelle aujourd'hui « table des matières » est présent dans de nombreux ouvrages, littéraires, scientifiques, pratiques ; pourtant ce composant du livre n'a jamais été étudié, semble-t-il, ni sous l'angle de l'histoire du livre, ni sous celui de l'histoire littéraire, tout au plus en propose-t-on plusieurs modèles dans les logiciels, en indique-t-on quelques normes aux auteurs. Le présent projet vise à combler en partie cette lacune, par un volume qui soit entièrement consacré à cet objet textuel. Sans perdre de vue le fait qu'on n'étudie pas la table des matières d'une oeuvre, mais la table des matières d'une édition de cette oeuvre ou la liste des titres de section de cette oeuvre (ou une liste de thèmes dans quelques cas) ; ni le fait que l'appellation « table des matières » désigne aujourd'hui ce qu'on appelait jusqu'au début du XIXe siècle « table des chapitres » ou « table » tout court, alors qu'elle servait plutôt à désigner, auparavant, ce qu'on nommait en latin un « index » (index rerum et verborum).

Autrement dit, il faut d'abord établir l'évolution de cet outil de repérage, la distribution générique, chronologique, géographique de ses différentes formes, dans leur construction et dans leur présentation, de la conception logique à la réalisation typographique et à l'insertion dans le livre (au début ou à la fin de l'ouvrage, notamment), sans oublier d'en cartographier l'absence. Et il sera nécessaire d'évoquer au passage des objets de la même famille comme le sommaire, quelquefois paginé, qu'on avait coutume de placer en tête des chapitres ou des livres de certaines oeuvres. Tout cela suppose des études relevant de l'histoire technique de l'édition, mais aussi de ce qu'on peut appeler l'histoire sociologique de la production et de la diffusion des textes.

Car, quelques usage et définition que l'on préfère pour la notion de champ, on sera amené à y confronter la présence ou l'absence de l'objet qu'on appelle « table des matières », dont la vogue varie selon les périodes littéraires, ou qui est, dans d'autres domaines, un marqueur de scientificité. Il faut donc se demander quelles formes de rationalité s'y trouvent montrées, voire exhibées (cf. infra Sève), quelles étaient et quelles sont pour l'éditeur et l'auteur, puis pour le critique et le lecteur les fonctions de la table des matières. Comment les bibliothécaires, les libraires, les enseignants en usent-ils ? et l'emprunteur, l'acheteur, l'élève, l'étudiant ? Qu'en est-il dans d'autres pays que la France ? Peut-on savoir pourquoi les Anglo-Saxons la placent plutôt au début ? Des études sur d'autres usages que les habitudes françaises semblent nécessaires.

Enfin, la table des matières est un texte, complexe. Il peut donc faire l'objet de ce que l'on nomme une étude littéraire. Intermédiaire entre le titre et le texte de l'oeuvre, il fonctionne comme poème ou comme récit, comme essai, etc., il a ses figures de style, ses modes de cohésion, (cf. infra Mathieu 2011, pour quelques suggestions), ses cas particuliers (cf. infra Genette, par exemple), et même construit par l'éditeur il est fait, en général, d'éléments écrits par l'auteur : les tables des contes de Voltaire, de beaucoup de recueils poétiques ou de romans du XVIe siècle au XXIe, etc. méritent d'être analysées par des spécialistes de ces périodes. En tant que textes, pas en tant que simples collations de titres. Et la littérature de jeunesse, qui offre quelques usages singuliers, dans un rapport au public spécifique, ne saurait être oubliée.

Pour que cette vaste étude prenne tout son sens, il importe qu'elle comprenne une anthologie : non pas des textes cités à l'appui des analyses dans le corps des articles, mais de tables des matières choisies pour leur singularité, leur beauté (verbales ou typographiques), leur aptitude à faire rêver, à faire imaginer, leur force poétique, leur musicalité…

3 Proposition de table des matières pour La Table des matières

Note : La tdm suivante est assez artificielle, dans la mesure où un article peut très bien examiner l'histoire fonctionnelle, typographique, idéologique de l'objet à une époque donnée ou aller du passé à l'avenir.

Des articles courts (jusqu'à un certain minimum) pourront être publiés dans une série, être groupés par salves, sur un siècle, un genre, un thème.

Histoire et Définition de la Table des matières :

· Tablettes, volumina, catalogues, etc. : à partir de quand des tdm existent-elles ? (ex. tablette paléo-babylonienne reprenant liste de tablettes mathématiques numérotées).

· Table des chapitres / Index / sommaires >>> forme moderne stabilisée.

· Variations géographiques et génériques. Études diverses (un article est prévu, sur les journaux au XVIIIe siècle).

· Dans les littératures asiatiques, qu'en est-il ? Sur ce sujet en particulier, un appel est lancé à des contributions de chercheurs étrangers.

· La table des matières dans les consignes éditoriales et professorales à travers l'histoire.

Aujourd'hui : normes et fonctions

· La tdm comme marqueur de scientificité, notamment dans les travaux universitaires : qu'est-elle censée révéler ? Sa forme varie-t-elle selon les disciplines ? Quelle rigidité des normes ?

· Analyse philosophique de la tdm : quelles formes de rationalité ? quelles limites ?

· Tdm et didactique

· Pourquoi mettre ou ne pas mettre de tdm en littérature (pour les éditeurs et les auteurs) ?

· Tdm et Internet, tdm et livre numérique.

· Qui se sert de la table des matières : en bibliothèque, en librairie, dans l'enseignement ? Que sait-on de sa place dans le parcours de lecture d'un livre ?

· La tdm comme image du livre : l'implicite et l'exhibé.

Esthétique de la tdm :

· Formes typographiques, présentation : évolution des usages, règles, recherches particulières, créativité

· La tdm dans la littérature de jeunesse (Un article est déjà prévu, il y a place pour une autre proposition, si son objet est suffisamment différent. Le placement de cet article dans cette partie du livre n'est pas définitif.)

La tdm comme texte littéraire :

Études sur le fonctionnement de la tdm comme récit, comme poème, sur sa rhétorique, (par exemple celle des recueils de poèmes du XIXe siècle, des bandes dessinées, etc.). Un article de poétique générale est déjà prévu.

Anthologie :

Une vingtaine de tdm, accompagnées éventuellement d'une brève justification de leur choix.

Note aux auteurs : Pour les reproductions de tdm dans l'anthologie et dans les articles, choisir autant que possible pour les auteurs anciens des éditions hors droits. Sinon, chaque auteur envoie avec son article les références précises des documents et des éditeurs à contacter et les coordonnateurs de l'ouvrage s'occuperont des négociations.

4 Éléments de bibliographie

Walter J. ONG, Ramus : method and the decay of dialogue (1958), notamment dans la réédition de 2004, avec une préface d'Adrian JOHNS, Chicago, The University of Chicago Press.

Gérard GENETTE, Seuils, Éd. du Seuil, 1987, p.291-292.

Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1990.

Marie-Louise DUFOUR, Danielle SAVOYE de PUINEUF, Annick MIQUEL : Le tapuscrit : recommandations pour la présentation de travaux de recherche en sciences humaines, Paris, Éd. de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, 1999.

Sylvie FAYET-SCRIBE, La Table des matières, [roman historique mettant en scène dans le chapitre 2, l'inventeur présumé de la table des matières au XVIe siècle : Pierre de la Ramée (1515-1572) ainsi que d'autres inventeurs d'outils de repérage de l'information du XIIe au XXIe siècle.], Panama, 2007.

Sylvie FAYET-SCRIBE, Histoire de la documentation en France 1895-1937, culture, science et technologie de l'information, Paris, Editions du Cnrs, 2000.

Georges MATHIEU, Changer de chapitre dans Les Misérables, éd. Honoré Champion, 2007 (une partie porte sur les titres de chapitre, mais rien sur la table des matières en tant que telle).

Bernard SÈVE, De haut en bas, Philosophie des listes, Seuil, 2010.

Georges MATHIEU, Table des matières : le 3e texte, communication à la journée d'études de l'IMéRA sur les listes le 15 juin 2011, consultable en ligne sur le site de l'IMéRA, à partir de juillet 2011.

5 Participation

Toute proposition de communication (un résumé de 15 à 20 lignes) est à envoyer pour le 10 novembre 2011 conjointement à mathieudelaserve@wanadoo.fr et jeanclaude.arnould@gmail.com.

Une journée d'étude à fin de coordination de l'ouvrage sera organisée à Rouen à l'automne 2012.