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La Renaissance en Europe dans sa diversité

La Renaissance en Europe dans sa diversité

Publié le par Sarah Lacoste (Source : Marie Miranda)

Congrès International

« La Renaissance en Europe dans sa diversité »

(Nancy, 10-14 juin 2013)

 

Congrès actuellement organisé par les équipes de recherche de l’Université de Lorraine ROMANIA, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH), Centre Lorrain d’Histoire du Droit – Institut François Geny (CLHD-IFG), Histoire et Cultures de l’Antiquité et du Moyen Âge (HISCANT-MA), Centre d’Études et de Recherches sur les Paysages (CERPA), Centre de Recherches sur les Cultures Littéraires Européennes : France, Europe centrale, Europe orientale (CERCLE), Interdisciplinarité dans les Études Anglophones (IDEA), Centre d’Études Littéraires Jean Mourot (CELJM),

 

 de l’ENSA Laboratoire d’Histoire de l’Architecture Contemporaine/ENSA-Nancy (LHAC)

et de l’association Journées Européennes de la Culture Juive (JECJ)

 

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L’événement « Renaissance-Nancy 2013 »

 

La Ville de Nancy et la Communauté urbaine du grand Nancy ont décidé d’organiser, durant le printemps et l’été 2013, un grand événement autour de la Renaissance. Cette initiative s’inscrit dans une démarche cohérente et continue. De la même manière  et dans le même esprit en effet, a été organisée en 1999 « L’Année de l’École de Nancy », consacrée à l’Art nouveau. Puis ce fut le XVIIIe siècle qui fut célébré en 2005 par « Nancy 2005, le temps des Lumières », organisé à l’occasion du 250e anniversaire de l’inauguration de la Place Stanislas, classée au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Remontant le temps, Nancy et le grand Nancy se proposent de braquer les projecteurs, en 2013, sur la Renaissance. Le duché de Lorraine et Nancy, sa capitale, mais aussi les Trois Evêchés, désormais entrés dans le giron français, vécurent alors en effet une période exceptionnelle dans les domaines politiques, économiques, artistiques et intellectuels.

Des dizaines de manifestations seront organisées autour de cette thématique, et des valeurs qui la transcendent, à la fois sur le territoire de l’agglomération et dans toute la Lorraine. L’un des axes retenus pour l’organisation de cet événement sera, bien entendu, la connaissance du passé. Une dizaine d’expositions sont, d’ores et déjà, en cours d’organisation. « L’Automne de la Renaissance »,  présentée au Musée des Beaux Arts avec le concours du Musée du Louvre, se proposera, par exemple, d’évoquer l’art des cours européennes à la fin du XVIe siècle, tandis que, au Musée Lorrain, « Un nouveau monde » invitera à jeter un regard neuf sur la Lorraine de la Renaissance. Congrès scientifiques, colloques universitaires, cycles de conférences, publications, s’attacheront parallèlement à faire le point sur cette période passionnante dans l’histoire de l’Occident.

 

Appel à communication :

Définie par ses acteurs mêmes comme une résurrection des arts et des lettres en rupture avec la période médiévale et en lien avec l’Antiquité retrouvée, la Renaissance a vu s'élargir considérablement ses contours depuis lors. La principale raison tient à la production soutenue de travaux historiographiques depuis les ouvrages pionniers de Jules Michelet, Introduction à la Renaissance, 1855 et de Jacob Burckhardt, La civilisation de la Renaissance en Italie, 1860. Un siècle et demi plus tard on ne pense plus que la Renaissance soit un brusque avènement des temps nouveaux qui aurait eu la péninsule italienne comme phare majeur ou unique, rayonnant ses lumières modernes sur une Europe encore engoncée dans le préjugé, l'archaïsme et l'ignorance. Avec les écrits fondamentaux de Jean Delumeau, l'école anglo-saxonne conduite par John Hale, The civilization of Europe in the Renaissance, 1993 et Peter Burke, La Renaissance européenne, Paris, Seuil, 2000 a puissamment contribué à démontrer à quel point les foyers renaissants furent multiples dans toute l'Europe et plus encore combien les continuités étaient au moins aussi fortes que les ruptures, les paradoxes internes, les résistances ou oppositions à la diffusion d'un modèle culturel passionnantes à envisager ; les expressions d'une certaine mélancolie voire d'un certain désenchantement y cohabitent avec la confiance et l'optimisme affichés. Selon l'expression d'Eugenio Garin, s'intéresser aux diverses mutations à la Renaissance, c'est désormais étudier « toutes les contradictions d'un monde qui change ». La récente publication de la synthèse de Pascal Brioist, La Renaissance, Paris, Atlande, 2003, offre un panorama érudit et savant sur toutes ces dimensions.

Le Congrès international et pluridisciplinaire qui se tiendra à Nancy du 10 au 14 juin 2013, organisé par différentes équipes et laboratoires de recherche de l'Université de Lorraine et un laboratoire de l’ENSA-Nancy pour accompagner les manifestations de la Mission Nancy Renaissance 2013, n'aspire pas à être une nouvelle rencontre autour des éléments communs ou des normes culturelles, artistiques ou techniques déjà bien connus. Prenant appui sur les acquis évoqués ci-dessus, notamment la réalité d'une Renaissance polycentrée dans laquelle les échanges et les contributions mutuelles et réciproques sont essentiels, le souhait des organisateurs est de porter une attention prioritaire aux diversités à la fois temporelles et géographiques, de réfléchir à la notion de recomposition culturelle et aux débats et controverses qu’elle manifeste, de porter le regard sur les spécificités émergentes et les audaces sinon plus méconnues et cachées, en tout cas moins souvent privilégiées par les études. L’Europe n’a pas été également touchée par les innovations et transformations, toute une série de décalages existent du fait de l’éloignement géographique vis-à-vis des principaux pôles ou de l’existence de traditions locales fortes, parfois même de résistances. L’objectif du Congrès consiste donc à mettre en synergie les recherches qui, à l’échelle du continent, révèlent ces nouveaux franchissements.

L’espace lorrain entre l’avènement du duc René II (1473) et la mort d’Henri II (1624), pays d’entre-deux largement parcouru par les hommes et les idées, assez précocement accueillant aux nouveautés et aux influences en provenance de toute l’Europe, se prête particulièrement à une analyse approfondie. Pour cette raison, il constitue un territoire d’observation et d’étude que les organisateurs souhaitent favoriser.

Enfin, la Renaissance européenne, loin d’être figée dans le cadre étroit d’une chronologie reconnue, ou de n’être qu’une brillante actualité historiographique, a toujours possédé une puissance de séduction. À ce titre, elle a donné et donne encore lieu depuis plusieurs siècles à des interprétations et créations extrêmement diversifiées, se recommandant d’elle ou de son héritage.

 

Dans ce cadre, nous soumettons à la réflexion des communicants les champs et domaines thématiques suivants :

 

La ville à la Renaissance

 

La culture de la Renaissance est avant tout une culture élitiste et urbaine, aussi cet espace concentre-t-il à la fois l’essentiel des évolutions et des pensées novatrices. La réflexion urbanistique non seulement entretient le rêve de ville idéale, mais conduit concrètement à des réaménagements spatiaux vastes ou partiels, modelant un nouveau visage de la cité et offrant une vision raisonnée et renouvelée de la nature (jardins, villas extra-muros). Accompagnant ces reconfigurations plastiques, les justifiant même, le monde urbain entretient une vive conscience de sa diversité et de sa supériorité culturelle. Il est non seulement un foyer intellectuel et artistique de tout premier plan, mais encore un théâtre d’expressions culturelles variées (rôle de l’écrit et de l’imprimé, cérémonies, cortèges et fêtes inscrites dans le calendrier ou à caractère exceptionnel, spectacles notamment de rue) qui disent et construisent son identité. Monde de représentations hiérarchiques auxquelles tous les corps urbains participent, la société urbaine est également modelée par la forte mobilité démographique et sociale (promotions). Elle doit enfin relever d’importants défis qui peuvent menacer ses équilibres internes et, par conséquent, son unité de façade, somme d’évolutions et de tensions qu’une perspective d’analyse interactionniste des différentes catégories sociales composant la société urbaine révélerait. Parmi les domaines à envisager, la question aiguë du statut des pauvres ou de leur rejet, au sein d’espaces dynamisés par l’essor économique, rejoint celle de la gestion de la place accordée aux marginaux, aux minorités religieuses et ethniques, aux réfugiés ; l’effervescence religieuse et confessionnelle occasionnée par la circulation et les échanges entre réformateurs d’horizons différents ; enfin, la réalité urbaine s’observe également au prisme des politiques de santé et des enjeux d’ordre hygiénique, qu’ils soient intimes et privés (le corps physique) ou généraux et publics (le corps civique et social).

 

Les pouvoirs et lieux de pouvoir

 

Véritables terreaux du renouveau politique et juridique, les cours princières ou ecclésiastiques sont des lieux de pouvoir, développant des codes (cérémoniels de cour) et/ou pratiques culturelles (théâtre de cour, par exemple) propres. Ainsi, elles incarnent l’officine des relations qu’entretient le pouvoir avec les milieux artistiques, tantôt favorisant les arts par le biais du mécénat, du patronage ou des maisons musicales, tantôt les freinant par l’exercice de sa censure. Elles jouent pareillement un rôle de vitrine du pouvoir offerte aux regards extérieurs, accueillant les diplomates étrangers et favorisant leur pérennité. Pendant consubstantiel de la diplomatie, la guerre constitue une manifestation supplémentaire du pouvoir qu’il importera d’étudier.

Acteurs et par-là même témoins de cette dynamique courtisane, écrivains, poètes, musiciens et danseurs nous en livrent les représentations littéraires et artistiques. D’autres de ces acteurs, par leurs écrits, comme Machiavel et Bodin, façonnent, quant à eux, la culture et la pensée politique renaissante. Les réflexions sur les conceptions du pouvoir, notamment la recherche du meilleur gouvernement possible, ou l’exaltation des vertus attendues du prince, suscitent un intérêt particulier que l’on retrouve dans les miroirs des princes et nouveaux traités sur la science politique, mais aussi dans les oeuvres utopiques de Francis Bacon ou Thomas More, par exemple.

 

Les savoirs, les savoir-faire et leur transmission

 

Des connaissances nouvelles sont élaborées et acquises dans un grand nombre de disciplines (astronomie, mathématiques, anatomie, géographie, faune, flore, par exemple) et l'on assiste à de nombreuses innovations techniques. Ces savoirs se manifestent de diverses manières, en particulier dans les récits de voyages, et sont fixés dans des cartes, des traités. Ils forment les hommes dans des écoles, des académies, des cénacles, des universités (telle celle de Pont-à-Mousson) et donnent lieu à la construction de nouveaux concepts. Placée au coeur du système d’apprentissage et de transmission, l’instruction se spécialise et vise des publics spécifiques, parmi lesquels la noblesse, les marchands ou les femmes.

L'Europe apprend beaucoup des autres dans cette période de grandes découvertes et de contacts, notamment avec des mondes nouveaux, mais il ne faut pas oublier ce qu'elle leur transmet. L’intensité des débats favorise la constitution de champs autonomes du savoir et de nouveaux paradigmes. L'imprimerie et les langues vernaculaires jouent un rôle essentiel, sans détruire la transmission orale ni l'utilisation du latin comme langue de reconnaissance européenne. Ces connaissances offertes aussi par le livre, sous toutes ses formes, rendues disponibles par la multiplication d’espaces de conservation patrimoniale (bibliothèques, musées) donnent lieu à des controverses scientifiques, philologiques, philosophiques et religieuses et à des émulations. Car les innovations se confrontent aux traditions sans les faire disparaître ; cela est patent dans les représentations opposées de la sorcellerie, dans le mysticisme, que l'on peut voir comme une manifestation de la promotion de l'individualisme, et dans l'évolution de la pensée et des expériences artistiques et culturelles.

 

La circulation des hommes, des idées et des biens

 

Alors que la Renaissance s’épanouit sur un espace en pleine redéfinition à la suite de nombreux bouleversements politiques (chute de Constantinople en 1453, diasporas de 1492, entreprises de colonisation), ce monde reste cependant dominé par la sédentarité ou une « micro-mobilité », liées notamment à un attachement au terroir. Néanmoins, des mouvements de circulation, par route ou par mer, concernant tout autant hommes, idées et biens, sont très visibles, bien que minoritaires. Aux marchands et colporteurs d’une part, aux ingénieurs et travailleurs d’autre part, s’adjoignent artistes et architectes qui vont de cour en cour, favorisant ainsi la circulation de styles artistiques. Philosophes, humanistes et étudiants voyagent dans toute l’Europe durant leur peregrinatio academica, selon une habitude issue du Moyen Âge, ou effectuent leur « grand tour » en redécouvrant l’Antiquité, tandis que des érudits fuyant l’Empire ottoman se joignent à tous ceux qui sont en quête d’une terre de refuge. Traditions et réformes religieuses sont véhiculées par théologiens, pèlerins, moines voyageurs et ermites dans toute l’Europe où, par ailleurs, opérations militaires et diplomatiques occasionnent les déplacements de troupes et d’ambassadeurs. Le voyage lui-même évolue, de sa conception et sa préparation jusqu’aux conditions matérielles de sa réalisation. Ce bouillonnement intellectuel, qui bénéficie du développement de l’imprimerie et des traductions et qui se concentre sur  certains territoires privilégiés, n’empêche pas que de cette expérience de l’Autre naissent de profonds mouvements de rejet, de xénophobie, tel l’anti-italianisme, sans oublier la contrainte de l’exil. L’idée européenne s’affirme cependant dans le respect de la souveraineté de chaque État. Le droit se modifie, notamment en matière d’héritage.

 

Héritages, usages et patrimoine de la Renaissance

 

Période bien circonscrite dans le temps, la Renaissance a également légué des héritages multiples qui, observés au cours des siècles suivants, façonnent de nombreuses représentations. De nature variée et repérables dans l’ensemble des arts, les usages politiques et culturels, la pensée et les paysages urbains, ces héritages ont inégalement marqué les territoires, notamment européens. Ainsi subsiste-t-il actuellement un patrimoine différemment conservé et mis en valeur, donnant une image plus ou moins déformée de la Renaissance. L’ensemble de ces phénomènes et enjeux patrimoniaux, l’évidence des convergences fondées entre la période initiale et ses relectures et réinterprétations successives constituent un autre cadre d’observation particulièrement pertinent.

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Les propositions de communications sont à nous adresser avant le 15 juin 2012 à l’adresse électronique suivante congres.renaissance@univ-lorraine.fr. Votre réponse comportera un titre précis accompagné d’un résumé de 10-15 lignes explicitant les objectifs poursuivis. Merci de nous indiquer également quelques renseignements pratiques et utiles (statut, institution de rattachement, domaines de recherche). Les propositions seront examinées et vous recevrez une réponse début octobre 2012. Précision utile, les communications se feront de préférence en français sans que ce critère soit exclusif. La publication se fera en revanche en français courant 2015, après avis favorable du comité scientifique.

COMITÉ SCIENTIFIQUE : Bernard Andrieu (APEMAC), Antoine Astaing (CLHD-IFG), John Bak (IDEA), Patrick Corbet (HISCANT-MA), Michel Deshaies (CERPA), Patricia Ehl (HISCANT-MA), Jean El Gammal (CRULH), Stanislaw Fiszer (CERCLE), Mary-Nelly Fouligny (HISCANT-MA et ROMANIA), Didier Francfort (CERCLE), Patrizia Gasparini (ROMANIA), Gérard Giuliato (HISCANT-MA), Yannick Hoffert (CELJM), Jean-Pierre Husson (CERPA), Laurent Jalabert (CRULH), Danielle Morali (JECJ-Nancy et ROMANIA), Marie-Sol Ortola (ROMANIA), Marta Peguera Poch (CLHD-IFG), Eirik Prairiat (LISEC),  Marie Roig Miranda (ROMANIA), Pierre Sesmat (CRULH), Stefano Simiz (CRULH), Roseline Théron (IDEA), Hélène Vacher (LHAC/ENSA-Nancy).