L’empire de la littérature : autour de Laurent Dubreuil
Journées d’études
Argumentaire
La littérature est hégémonique, dans sa propension à englober dans son orbe des savoirs que d’autres discours ou disciplines – la philosophie, l’histoire, et les diverses sciences humaines – aimeraient clairement à distinguer d’elle. Elle est aussi démonique, dans l’emprise qu’elle exerce sur nos esprits.
Les travaux de Laurent Dubreuil ont montré comment l’écriture et la lecture avaient, dans la modernité occidentale, constitué un des ultimes refuges pour l’expérience de la possession. Mais ils ont aussi exposé comment la domination coloniale s’était elle-même déployée à travers une « phrase de possession » dont les échos continuent de résonner dans les productions langagières et littéraires les plus contemporaines.
L’empire de la littérature dit ainsi trois phénomènes imbriqués : un domaine, une puissance, et la possibilité toujours renouvelée pour l’un et l’autre de renaître de ses propres faillites. Comment s’est édicté l’empire, comment peut-on s’en sortir, peut-on échapper à la littérature, et celle-ci peut-elle échapper à la politique ? Voici quelques-unes des questions que nous aborderons, durant ces deux jours en compagnie de Laurent Dubreuil.
Présentation de l’auteur
Ancien élève de l’École Normale Supérieure, docteur en lettres et en philosophie, Laurent Dubreuil est Professeur d’études romanes et de littérature comparée à l’Université de Cornell (Ithaca, États-Unis) où il dirige le programme French Studies et la revue diacritics. Il est l’auteur de cinq ouvrages, tous parus aux éditions Hermann, et le coordinateur de plusieurs numéros de la revue Labyrinthe. En mai 2012, il est professeur invité à l’Université Paul-Valéry, à l’initiative du Département de Lettres Modernes.
Ouvrages de Laurent Dubreuil, aux éditions Hermann :
De l’attrait à la possession : Maupassant, Artaud, Blanchot (2003)
L’empire du langage, colonies et francophonie (2008)
L’état critique de la littérature (2009)
À force d’amitié (2009)
Le refus de la politique (2012)
Journées d’études, 10 et 11 mai 2012
Organisées avec le soutien du programme « Les empires, et après », Maison des Sciences de l’Homme de Montpellier, de l’Institut de Recherches Inter-site en Etudes Culturelles, des Relations Internationales, du Département de Lettres Modernes et de l’UFR 1 de l’Université Paul-Valéry.
Jeudi 10 mai 2012, Maison des Sciences de l’Homme, Rue Abbé de l’Épée
Session I / 14h-17h30 Le postcolonial et l’interdisciplinarité en revues
Laurent Dubreuil (Cornell University) : « Alter/inter »
David Schreiber (École Normale Supérieure) : « Empire du langage, empire de l’histoire »
Eric Soriano (Université Paul-Valéry) : « Le postcolonial à l’épreuve des sciences sociales »
Anthony Mangeon (Université Paul-Valéry) : « Futurs antérieurs »
Vendredi 11 mai 2012, Université Paul-Valéry, Salle des colloques, C020
Session II : Autour de L’empire du langage ; présidente de séance : Mar Garcia Lopez, Universitat Autonoma de Barcelona
9h30 Anthony Mangeon, Université Paul-Valéry : « Le penser littéraire et l’histoire selon Laurent Dubreuil »
10h Viviane Azarian, Bayreuth Universität : « Le français tiraillé : poétique et politique de la langue en contexte (post)colonial »
10h30 discussion, suivie d’une pause-café
11h00 Maxime Del Fiol, Université Paul-Valéry : « L'écriture de la colonisation française dans Monnè, outrages et défis d'Ahmadou Kourouma : épreuves, exorcismes »
11h30 Cédric Chauvin, Université Paul-Valéry : « Possession et métamorphose : Les neuf consciences du Malfini de Patrick Chamoiseau »
12h Discussion, suivie d’un déjeuner
Session III / Conférence plénière
14h-16h Laurent Dubreuil, Cornell University : « Anachronisme et événement ».
Président de la séance : Arnaud Zohou (Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle, École Nationale Supérieure des Mines, Saint-Étienne, rédacteur de la revue De(s)générations).
Discussion, 17h clôture de la journée.