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Centenaire Frantz Fanon. L'espérance africaine de Fanon (Dakar)

Centenaire Frantz Fanon. L'espérance africaine de Fanon (Dakar)

Publié le par Marc Escola (Source : Safiétou Ngom)

COLLOQUE INTERNATIONAL

CENTENAIRE DE FRANTZ FANON

L’ESPÉRANCE AFRICAINE DE FANON

Nous devons à Frantz Fanon une pratique révolutionnaire
et une critique parmi les plus intransigeantes et profondes
qui furent dirigées contre le colonialisme. Fanon a révélé
et lutté contre ses effets délétères et appauvrissants
sur nos collectivités, nos corps et jusque dans nos rêves
et cauchemars. Mais si cette critique Fanonienne du
colonialisme et de l’Europe, jusque dans l’humanisme
dont elle se prévalait, ne tourna pas au pessimisme, c’est
parce qu’il demeurait à ses yeux un espoir : la guérison de
l’humanité par l’initiative retrouvée des colonisés. C’est à
nous de guérir de l’Europe bourgeoise et de ses fétiches
et, c’est ce à quoi Fanon nous exhortait. C’est à cette
fin qu’il a trempé sa plume et mis son existence en jeu.
L’Afrique au seuil des indépendances était, pour Frantz
Fanon, celui des lieux portant en germe cette promesse de
rémission, d’abandon du chemin de la raison bourgeoise
et d’invention d’une autre trajectoire qu’il avait choisie
pour terrain de lutte.

Le recul du colonialisme dans l’Afrique des années 50
portait la promesse d’une reprise de l’humanité. Hélas
Fanon avait vu venir et avait dû alerter sur la trahison
de cette promesse par les bourgeoisies bureaucratiques
africaines. Celles-ci, pour l’essentiel, fidèles à l’ethos de
leur classe, sont allées à la conquête de l’indépendance
en négociants plutôt qu’en combattants, avec toutes
les conséquences de continuité coloniale que cela allait
provoquer. Fanon nous a également mis en garde contre
les intellectuels qui ne se joignent pas aux luttes de
libération en tant que co-combattants travaillant avec
d’autres depuis la base pour briser le joug du colonialisme.
Comme l’a explicitement déclaré la Fondation Frantz
Fanon dans son appel à commémorer le centenaire de
Fanon cette année, Fanon prônait des formes collectives
et combatives de pensée, de création artistique et
d’action contre le colonialisme sous toutes ses formes, y
compris le racisme institutionnel et la colonialité.
En partenariat avec la Fondation Frantz Fanon et avec le
soutien de Open Society, du CODESRIA et de la Fondation
Rosa Luxembourg, le Musée des Civilisations noires
abritera, du 17 au 20 décembre 2025 un grand colloque sur
Frantz Fanon pour conclure les différentes manifestations
de l’année destinées à marquer le centenaire de sa
naissance.

Cette conférence se tient, faut-il le signaler,
dans un temps marqué par le désir diffus, au sein de la
jeunesse Ouest Africaine, de rompre avec le deal conclu
dans les années 60 entre les évolués et l’État français.
C’est l’heure de rappeler qu’au-delà d’être un critique
intransigeant du colonialisme, Fanon était aussi porteur
d’une grande espérance pour l’Afrique. Espérance que
nous souhaitons, dans ce colloque, préciser et reformuler
dans les conditions du présent. 

Le colloque se veut d’abord une commémoration politique
de Frantz Fanon, c’est-à-dire qu’il aura pour souci de
contribuer au renforcement stratégique des luttes de
libération africaines à l’orée du deuxième quart du XXIe
siècle. Le colloque se veut un espace collectif, animé du
souffle Fanonien de clarification de la mission historique
que l’Afrique et sa Diaspora doivent remplir aujourd’hui.