Séminaire de recherche porté par Anne-Rachel Hermetet (Université d’Angers), Judith Sarfati Lanter (Sorbonne Université), Anne Teulade (UPEC), Tatiana Victoroff (Université de Strasbourg).
Le séminaire se tiendra en hybride : en présentiel à l’université Paris-Est Créteil, Bâtiment I, salle Érasme (I -3, 218), métro Créteil-Université (ligne 8) et en distanciel (le lien de connexion est disponible sur demande à anne.teulade@u-pec.fr)
Séance 1
15 janvier, 14h-17h.
Introduction à quatre voix : jalons théoriques
A.-R. Hermetet, J. Sarfati Lanter, A. Teulade, T. Victoroff.
Séance 2
5 février, 14-17h
Contes, Folklore, Écologie
Dominique Peyrache (Littérature comparée, Nantes Université)
Frédéric Fruteau de Laclos (Philosophie, UPEC)
Séance 3
19 mars, 14-17h
Éthique de l’enquête et écobiographie
Lucie Taïeb (Études germaniques et Littérature comparée, Université de Bretagne Occidentale)
Jean-Philippe Pierron (Philosophie, Université de Bourgogne Europe)
Séance 4
9 avril, 14-17h
Écritures environnementales et épistémologies
Anne-Gaëlle Weber (Littérature comparée, Université Artois)
Jean-Luc Chappey (Histoire des Sciences, Université Paris I-Panthéon Sorbonne)
Argumentaire
Le développement de l’écocritique puis de l’écopoétique, successivement centrées sur les champs américain puis francophone, a entraîné une surreprésentation des champs monolingues, en particulier anglophones et francophones, dans des perspectives majoritairement monographiques. Loin de négliger les acquis de la riche recherche actuelle sur le sujet, le projet viendra utilement compléter ces travaux en réfléchissant aux apports spécifiques de la discipline comparatiste dans la réflexion touchant à l’éthique environnementale.
Nous souhaiterions ainsi promouvoir une vision décloisonnée des études littéraires sur l’environnement, un “moment comparatiste” des humanités environnementales. Les questionnements concernant les relations entre humains et non humains, la figuration de la « nature » et la dimension désormais planétaire de la crise bio-climatique tendent parfois à une vision globalisante, transculturelle et transhistorique, au risque d’occulter la différence des contextes sociaux, politiques, culturels et spirituels.
Il s’agirait au contraire de mettre en avant une perspective différentialiste et pluraliste, centrée sur la littérature mais favorisant le dialogue entre les disciplines. La démarche comparatiste vise en effet à décloisonner et à « dénationaliser » le regard tout en évitant les discours généralisants ou essentialistes. Elle contribue à montrer comment les concepts fondamentaux (comme « nature », « wilderness », « environnement » ou « protection ») sont culturellement situés ; elle permet d’explorer des épistémologies alternatives qui déplacent les paradigmes dominants ; elle contextualise enfin les enjeux éthiques et permet l’analyse des transferts conceptuels (comme la notion japonaise de satoyama ou le buen vivir andin).
Dans cette perspective, la prise en compte des enjeux post- et décoloniaux, l’historicisation et la spatialisation des représentations, la réflexion sur les variations d’échelle et la circulation entre le local et le global concourent à l’élaboration de problématiques typiquement comparatistes. La question de la langue et notamment de la traduction des concepts par lesquels se pensent les rapports à la nature constitue également un enjeu essentiel et même central dans l’appréhension des corpus littéraires.
Le comparatisme éclaire ainsi la manière dont les littératures fabriquent des imaginaires écologiques négociés entre traditions locales et enjeux globaux. Cette démarche rejoint notre objectif méthodologique : construire une écoéthique pluraliste, où la diversité des récits devient une ressource pour repenser nos engagements environnementaux.
Notre approche sera donc explicitement méthodologique et évitera les analyses strictement monographiques. Dans la mesure où nous proposerons une réflexion située des enjeux environnementaux, nous mobiliserons le concours de spécialistes d’autres disciplines : philosophes, anthropologues et scientifiques viendront nourrir notre démarche afin de croiser les regards sur l’éthique environnementale.