Actualité
Appels à contributions
Le rire à l'école (Le Mans)

Le rire à l'école (Le Mans)

Publié le par Marc Escola (Source : Aurélie Palud)

Journée d’étude organisée à l’INSPE Académie de Nantes, site de Le Mans - le mercredi 31 mars 2021

par Cendrine Mercier (MCF en Sciences de l’Education et de la Formation – laboratoire du CREN)

et Aurélie Palud (Docteure en Littératures comparées)

avec la collaboration d’Edwige Chirouter (MCF - HDR en philosophie – Chaire UNESCO pratiques de la philosophie avec les enfants – laboratoire du CREN)

 

Toute tentative pour définir le rire se heurte à la pluralité de ses manifestations, à la diversité de ses sources et à l’ambivalence de ses intentions.

D’un point de vue physiologique, le rire se manifeste au niveau du cerveau : l’hypothalamus libère dans l’ensemble du corps des endorphines aux propriétés calmantes. Au niveau du visage, les muscles se contractent, en particulier le dilatateur des narines et les zygomatiques.

Outre ses effets physiques et psychologiques, le rire se définit par ses sources : comique de mots, de gestes, de répétition, de situation, de caractère. Comme le rappellent Marta Caraion et Laurence Danguy (2018) [1], « le rire a ses formes verbales et sa grammaire visuelle (ironie, humour, sarcasme, calembour, pointe, esprit, plaisanterie, blague, gag, animalisation, réification, disproportion, inversion…), ses genres (la comédie, la satire, la farce, le fabliau, l’épigramme, le pastiche, la parodie, la caricature, le sketch, le canular…), ses figures et ses expressions (hyperbole et exagération, répétition, atténuation, opposition, rupture…)

D’après Bergson (1972), le rire éclate lorsque nous sommes confrontés à « du mécanique plaqué sur du vivant » : « Un passant dans la rue suit une jolie fille du regard. Il bute contre un obstacle et tombe. Rire ! ». Le rire nous échappe face à un spectacle inattendu, face à un déraillement du réel incongru. Reste à savoir si celui dont on rit devient complice ou victime du rire (Blaya, 2013). Dans son emploi transitif indirect, le verbe « rire » porte cette ambivalence puisqu’il signifie à la fois « se moquer de, railler », « traiter par le mépris, le dédain ; ne pas se soucier, ne pas faire cas de » et « témoigner de la sympathie, de l'affection à quelqu'un en lui montrant un visage souriant ».

Si le rire définit l’être humain, il tend aussi à dévoiler une personnalité, révélant un rapport à soi et à autrui. Il peut ainsi être gras, vulgaire, méchant, hypocrite, mais aussi contestataire, subversif, libérateur, ou encore synonyme d’ouverture d’esprit, de tolérance, témoignant d’un désir de se rapprocher de l’autre et d’être soi-même. Hugues Lethierry établit ainsi une distinction entre le rire proche du corps et le sourire (du lat. subridere, de sub « sous », et ridere. « rire ») qui se veut plus intérieur et plus spirituel. Faut-il en déduire que le sourire est à privilégier en classe quand le rire est à éviter  ?

Les communications proposées pourront aborder l’un de ces points :

  • Le rire et le développement psychologique de l’enfant / l’adolescent au développement typique ou atypique

- Quelle place pour le rire dans les différents lieux d’enseignement que sont l’école, les centres et instituts médico-sociaux, les prisons pour mineurs, les hôpitaux pour enfants et adolescents ?

-Dans quelle mesure le rire peut-il être un levier dans les apprentissages psycho-socio-cognitifs ?-

-Peut-on parler « d’âges du rire » ou d’un développement cognitif spécifique ? Pourquoi le second degré peut-il entrainer des difficultés chez certains enfants / adolescents ?

  • Le rire et la littérature de jeunesse

 - Quelles formes d’humour, quels ressorts comiques trouve-t-on dans la littérature de jeunesse ? Peut-elle s’autoriser à rire de tout ?

- Comment sensibiliser les élèves à l’humour d’un texte ?

- Les parodies dans la littérature de jeunesse, un genre particulier ?

- Dans quelle mesure l’humour peut-il faciliter le développement de compétences en lecture / écriture / langue ?

  • Du rire comme modalité d’apprentissage au rire comme objet d’apprentissage

- Le rire tend-il à freiner ou à favoriser les apprentissages ?

- La place de l’humour dans l’histoire de l’enseignement : le rire apparaît-il dans les traités d’éducation des siècles passés ?

- Le rire peut-il mettre en péril l’autorité de l’enseignant ? Peut-on rire de l’Ecole sans risquer de dégrader l’institution ? Peut-on construire son autorité sur le rire ?

- L’humour des élèves doit-il être perçu comme un signe d’insolence ou une forme d’intelligence ? Peut-on apprendre aux élèves à rire et à faire rire ? Quelles stratégies ? Quelles vertus ? Quelles limites ?

  • Le rire et le vivre-ensemble

- Quels liens entre rire et empathie ?

- Moquerie/dérision/autodérision : peut-on se moquer à l’école ? Comment distinguer le bon mot ou la repartie de l’agression et du harcèlement ? Le rire/l’humour peut-il être une armure face au (cyber)harcèlement ?  

- L’humour constitue-t-il un outil infaillible pour désamorcer les conflits ?

- Dans quelle mesure le rire est-il une question culturelle ? L’humour est-il possible et pertinent avec les élèves allophones ?

- En quoi l’humour est-il un levier pour former à l’esprit critique ?

$

Les communications seront d’une durée de 25 minutes.

Les propositions de communication (environ 500 mots) doivent être accompagnées d’une notice bio-bibliographique. Merci de les envoyer conjointement aux trois adresses  :

aurelie.palud@ac-nantes.fr ; cendrine.mercier@univ-nantes.fr ; edwige.chirouter@univ-nantes.fr

avant le 25 octobre 2020.

*

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

OUVRAGES

Bergson Henri, Le rire, essai sur la signification du comique [1900], PUF, Paris, 1972.

Blaya Catherine, Les ados dans le cyberespace : prises de risque et cyberviolence, De Boeck Superieur, 2013.

Escarpit Robert, L'humour, PUF, Paris, 1960.

Feuerhahn Nelly, Le comique et l’enfance, PUF, Paris, 1993.

Freud Sigmund, Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient [1905], traduit de l'allemand par Marie Bonaparte en 1930, Paris, Gallimard, 1971.

Lethierry Hugues, Savoir(s) en rire, 3 volumes, De Boeck, 1997.

Lethierry Hugues, (Se) former dans l’humour, mûrir de rire, Chroniques sociales, Lyon, 1998.

Perrot Jean (dir.), L'humour dans la littérature de jeunesse : actes du colloque d'Eaubonne, Institut international Charles Perrault, 1-3 février 1997, Paris, Press. Collections « Lectures d'enfances », 1997.

Ziv Avner, L'humour en éducation : Approche psychologique, Les éditions ESF, Coll. « Science de l’éducation », Paris, 1979.

Ziz Avner, & Ziv Noémie, Humour et créativité en éducation. Approche psychologique [1980], Creaxion, coll « Les clés de l’éducation », Paris, 2002

 

 

REVUES

« L’Humour, un état d’esprit » sous la dir. de Gérard Cahen, Autrement, n°131, 1992

Lire au lycée professionnel, n°38, printemps 2002, « Qu’est ce qui fait rire les élèves ? » 

Lire au collège, n°65, automne 2003, « L’humour »

Lire au collège n° 95, hiver 2014, « Rions ensemble : l'humour à l'école »

 http://www.educ-revues.fr/LC/ListeSommaires.aspx?som=95

 

 

ARTICLES

Baron Robert A., Ball Rodney L., « The agression – inhibiting influence of nonhostile humor», Journal of Experimental Social Psychology, 1974, p. 23-33

Bouquet Brigitte, Riffault Jacques, « L'humour dans les diverses formes du rire », Vie sociale, 2010/2 (N° 2), p. 13-22.

https://cairn.info/revue-vie-sociale-2010-2-page-13.htm.

Lauga-Hamid Marie-Claire, « Rire et sourire en classe de langue », in L. Dabène et alii, Variations et rituels en classe de langue, Paris, Hatier-Crédif, 1990, p. 88-94.

Tessarech  Sarah, « La LOL-thophonie. Ou le rire en séance d’orthophonie ». Enfances Psy, 2020/1 (n°85),p 140-148.

 

 

[1] Marta Caraion, Laurence Danguy (dir.), Le rire : formes et fonctions du comique, actes du colloque accessibles en ligne, fabula.org, 2018.