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Journée d’étude « L’empathie en contexte » (Abidjan)

Journée d’étude « L’empathie en contexte » (Abidjan)

Journée d’étude « L’empathie en contexte » (20 juin 2019)

Centre de Recherche et d'Études en Littérature et Sciences du langage (CRELIS) / Université Félix Houphouët-Boigny

Porteurs du projet : Nanourougo Coulibaly (Maître de Conférences) ; Mian Gérard Ayémien (Maître assistant) ; Dorgelès Houessou (Maître assistant)

Argumentaire

On a coutume de définir l’empathie comme la capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. Elle ramène alors aux modalités du comportement de l’individu vis-à-vis des difficultés ou de la souffrance de l’autre. Pour certains, elle est innée, inhérente même à la condition humaine. Par exemple, une étude de Warneken et Tomasello (2007) tend à montrer que les enfants de quatorze mois ont des capacités empathiques. D’autres chercheurs pensent, en revanche, qu’elle s’acquiert, elle s’apprend. Elle serait donc, au moins aussi (pour être prudent), le résultat d’une pratique de communication intersubjective. C’est en substance ce qu’on peut voir avec Bertoz (2007), Rabatel (2014), et surtout Nussbaum (2015) ou encore avec Ferry (2015) qui propose une « formation rhétorique à l’empathie [dont l’objet] est la dimension technique de l’argumentation et, en l’occurrence, les moyens permettant de créer, de maintenir ou de restaurer le lien avec l’autre. »

En tous les cas, l’empathie est, à n’en point douter, l’une des capacités humaines qui font de l’homme un animal social. S’intéresser à l’autre, se mettre à sa place, le comprendre… sont autant de pratiques qui tissent, créent et raffermissent les liens sociaux. Ce rapport à l’autre est d’autant plus fort qu’il se caractérise par une espèce de spontanéité désintéressée. C’est ce que note Decety, spécialiste en neurosciences cognitives et en neurosciences sociales. Il écrit en effet que « la thèse générale est que l'empathie repose d'une part sur un partage affectif non conscient et automatique avec autrui, la capacité à imaginer le monde subjectif de l'autre en utilisant ses propres ressources psychologiques, d'autre part sur la nécessité de supprimer (ou réguler) temporairement et consciemment sa propre perspective subjective pour se mettre à la place de l'autre sans perte de son identité. » (Decety, 2005 : 16)

Cette acception présente les dimensions émotionnelles et cognitives de l’empathie tout en précisant la nuance essentielle qui la différencie de la sympathie. En effet, « ne pas perdre son identité » suppose qu’on peut comprendre l’autre dans ce qu’il ressent sans toutefois ressentir la même chose que lui. Jorland note à cet effet que « l'empathie consiste à se mettre à la place de l'autre sans forcément éprouver ses émotions, comme lorsque nous anticipons les réactions de quelqu'un ; la sympathie consiste inversement à éprouver les émotions de l'autre sans se mettre nécessairement à sa place, c'est une contagion des émotions, dont le fou rire peut être considéré comme typique. Autrement dit, on peut être empathique sans éprouver de sympathie de même qu'on peut avoir de la sympathie sans être empathique. » (Jorland, 2004 : 20-21).

D’un point de vue linguistique, Rabatel qui essaie de vérifier si la distinction posée par les psychologues est vérifiée au plan langagier écrit que « en mode empathique, le locuteur-énonciateur premier (L1/E1) n’exprime pas directement ses émotions, il évoque médiatement des émotions qu’il impute à un autre que lui, un énonciateur second. » (Rabatel, 2013) C’est dire que le locuteur en situation d’argumentation empathique n’est pas en réalité celui qui prend en charge l’émotion dont il parle. Il construit donc son discours à partir des émotions ressenties (et peut être exprimée) par l’autre.

Comme on le constate, la question de la sensibilité pour autrui est un objet de réflexion pour une diversité de discipline dont les sciences du langage qui pourraient s’intéresser à ses dimensions discursives, rhétoriques et argumentatives.

Dans la perspective de l’argumentation discursive élaborée par Amossy (2005), il est possible d’actualiser le postulat selon lequel on parle toujours pour et en fonction de son auditoire par un questionnement visant à assurer le transfert de l’émotion de l’énonciateur à l’auditoire et/ou vice-versa.  Par exemple, comment se construit le discours empathique ? Quels sont les différents mécanismes discursifs par lesquels l’empathie prend forme ? Une argumentation empathique a-t-elle pour but d’attirer la sympathie ? Quelles pourraient en être les autres finalités ? Le discours empathique est-il à des fins de stratégie de positionnement comme le laisse entendre Charaudeau ? (2017 : 120)

Aussi, au nombre de ces questions, on pourrait relayer celle que se pose Rabatel en ces termes : « comment argumenter sur des émotions qui sont ressenties par d’autres, qui ne les communiquent pas, et donc qui ne sont pas en mesure d’argumenter explicitement à partir d’elles ou à leur propos ? »

Plusieurs pistes de réflexion pourront être abordées lors de la journée d’étude dont, entre autres :

  • Les figures de l’empathie
  • Empathie et discours politique
  • L’empathie dans le discours humanitaire
  • Empathie et discours littéraire
  • L’empathie entre culture et apprentissage
  • L’empathie comme ressource argumentative
  • L’image de soi dans le discours empathique
  • Empathie et relation à l’auditoire.

Les propositions de communication (500 mots tout au plus avec titre + références d’auteur + résumé et mots clés + axe de référence + bibliographie sélective) sont à envoyer conjointement aux trois adresses suivantes :

coulyna@yahoo.fr

ayemien@yahoo.fr

dorgeleshouessou@yahoo.fr

Échéancier :

30 avril 2019 : date limite de réception des propositions de communication

10 mai 2019 : notifications aux auteurs

Du 1er au 15 juin 2019 : inscription des participants (frais d’inscription d’un montant de 10.000 CFA/16 euros donnant droit au kit de participation, aux poses café et au déjeuner)

20 juin 2019 : journée d’étude

22 juin 2019 : diffusion du protocole de rédaction aux auteurs

15 octobre 2019 : date limite de réception des articles

20 décembre 2019 : notification des évaluateurs

31 janvier 2020 : date limite de réception des articles définitifs

Juin 2020 : publication des articles

 

Références bibliographiques

Amossy Ruth, L’argumentation dans le discours, Paris, Armand Colin, 2005.

Decety Jean, « Une anatomie de l'empathie », PSN, vol. III, n°11, janvier-février 2005.

Ferry Victor, « Exercer l’empathie : étude de cas et perspectives didactiques », Exercices de rhétorique, n°5, 2015. URL : http://journals.openedition.org/rhetorique/411

Gérard Jorland, « L’empathie, histoire d'un concept », Alain Berthoz et Gérard Jorland (dir), L'empathie, Paris, Odile Jacob, 2004.

Patrick Charaudeau, Le débat public : Entre controverse et polémique. Enjeu de vérité, enjeu de pouvoir, Limoges, Lambert-Lucas, 2017.

Rabatel Alain, « Ecrire les émotions en mode emphatique », Semen, n°35, 2013, URL : https://journals.openedition.org/semen/9811

Rabatel Alain, « Empathie, points de vue, méta-représentation et dimension cognitive du dialogisme », Ela. Études de linguistique appliquée, 2014/1 n°173, p. 27-45.

Rabatel Alain, « Le substrat énonciatif de la connaissance narrative empathique et ses enjeux philosophiques », Signata, 6, 2015, pp. 423-446.

Rabatel Alain, « Diversité des points de vue et mobilité empathique », in : Colas-Blaise M., Perrin L., Tore G.M. (éds), L’énonciation aujourd’hui, un concept clé des sciences du langage, Metz, Recherches Linguistiques, Université de Lorraine, 2016, pp. 137-152.

Warneken Felix et Tomasello Michael, « Helping and Cooperation at 14 Months of Age », Infancy – The official journal of the international congress of infant studies, Volume 11, Issue 3, May 2007, pp 271-294.

 

Comité d’organisation

Nanourougo Coulibaly, Gérard Ayémien, Dorgelès Houessou

 

Comité scientifique 

Amossy Ruth, Professeure émérite, titulaire de la Chaire Henri Glasberg, Université de Tel Aviv (Israël)

Bédia Jean-Fernand, Maître de conférences, Littérature comparée, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Bonhomme Marc, Professeur émérite, Linguistique française, Université de Berne (Suisse)

Danblon Emmanuelle, Rhétorique, Théories de l’argumentation, linguistique, Université libre de Bruxelle (Belgique)

Fobah Eblin Pascal, Maître de conférences, Stylistique et Poétique, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Guérin Charles, Professeur des universités, Histoire de la rhétorique, de l'éloquence et des pratiques judiciaires romaines, littérature latine, Université Paris-Sorbonne, Paris 4 (France)

Haddad Raphaël, Professeur des universités ; Communication, Paris 1 Panthéon / Chercheur associé au Centre d'étude des discours (CEDITEC - UPEC), (France)

Koffi Ehouman René, Maître de conférences, Grammaire et Linguistique énonciative, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Koren Roselyne, Professeure des universités, sciences du langage, Université Bar-Ilan (Israël)

Kouabenan-Kossonou François, Professeur des universités, Stylistique, Poétique et Rhétorique, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Kouacou Koffi Jacques Raymond, Maître de conférences, Littérature orale, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Kouakou Jean-Marie, Professeur des universités, Littérature et civilisation françaises, Université Félix Houphouët Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire)

Kouadio N'guessan, Maître de conférences, Grammaire et Linguistique du français, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Lezou Koffi Danielle, Maître de conférences, Analyse du discours et Linguistique énonciative, Université Félix Houphouët Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire)

Loukou Koffi Fulbert, Maître de conférences, Stylistique et Poétique, Université Alassane Ouattara  (Bouaké, Côte d’Ivoire)

Martel Guylaine, Professeure titulaire, Département d'information et de communication de l’Université de Laval (Québec)

N’Cho François Atsain, Professeur titulaire, Poétique et Stylistique, Université Félix Houphouët Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire)

Nicolas Loïc, Professeur des universités,  Rhétorique, argumentation et persuasion, Université libre de Bruxelles (Belgique)

Orkibi Eithan, Maître de conférences, sociologie et anthropologie, Centre universitaire d'Ariel (Israël)

Rabatel Alain, Professeur des univerités, Sciences du Langage, Université Claude-Bernard, Lyon 1 (Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education –ESPE)