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Inventorier  les  correspondances  des  Lumières :analyse  matérielle  et  traitements numériques (Paris)

Inventorier les correspondances des Lumières :analyse matérielle et traitements numériques (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Claire Bustarret)

Inventorier  les  correspondances  des  Lumières : analyse  matérielle  et  traitements  numériques

Colloque international organisé dans le cadre du Projet « Condor » :

Inventaire analytique et matériel de la correspondance de Condorcet (2017-2019),

soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche

 

31 mai - 2 juin 2018. Campus Jourdan PSL-ENS, 48 Bd Jourdan Paris 75014, Bâtiment Oïkos, salle R2-01

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Comité d’organisation : Claire Bustarret (Centre Maurice Halbwachs, CNRS-EHESS-ENS), Emmanuelle de Champs (Université de Cergy-Pontoise), Nicolas Rieucau (Université Paris 8).

Contact : Claire.Bustarret@ehess.fr

                                                

Pour l’étude des correspondances, et en particulier de leurs propriétés matérielles, le siècle des Lumières offre l'avantage de présenter une stabilité relative des services postaux, et chez les utilisateurs des habitudes qui certes ont pu évoluer au cours du temps, mais n'ont pas subi de changements radicaux. Les instruments de recherche ont en revanche connu depuis la fin du xxe siècle de profondes mutations avec le passage aux supports numériques. Loin de « dématérialiser » les corpus, l’environnement numérique leur donne une nouvelle matérialité qui appelle une réflexion méthodologique commune. Tandis qu’un corpus épistolaire accessible en ligne présente un atout crucial au regard de la dispersion des originaux et des copies dans de nombreux fonds, l’idée que la lettre numérisée puisse intégralement se substituer à la lettre de papier demeure une convention qu’il est nécessaire de remettre en question.

Quelles sont les données, issues de l’analyse matérielle et codicologique comme des traitements numériques, qui peuvent et doivent escorter une correspondance des Lumières diffusée en ligne ? Produire un inventaire, préalable nécessaire à tout projet éditorial, suppose que l’on s’interroge sur l’apparat documentaire requis, sur les outils et les méthodes qui permettent une exploitation partagée et approfondie des corpus ainsi mis à disposition. La tâche de dresser un inventaire conçu comme support d’une édition bénéficie à divers titres de l’environnement numérique : prospection sur catalogues en ligne, outils d’indexation, de balisage, qualité des reproductions, souplesse des mises à jour, outils statistiques et de géolocalisation, etc. Au-delà de sa fonction d’auxiliaire éditorial, l’inventaire accessible en ligne, soumis à une exigence d’interopérabilité, constitue désormais un outil de travail autonome et pérenne. La formalisation des données et les impératifs de l’affichage en ligne requièrent-ils de simplifier l’architecture des inventaires, ou peuvent-ils inciter au contraire à l’enrichir ? La question « Comment inventorier les correspondances ? » se pose donc aujourd’hui à nouveaux frais.

Dans ce contexte, nous souhaitons attirer l’attention des conservateurs et des spécialistes du xviiie siècle sur la nécessité de considérer la lettre non seulement comme un texte relevant d’un genre spécifique, largement étudié, mais aussi comme un objet doté d’une matérialité, et la correspondance non seulement comme un corpus textuel complexe mais aussi comme un réseau d’objets concrets en circulation. L’analyse matérielle appliquée à la lettre suppose une série d’études particulières, telles l’identification du papier, des cachets, des modes de pliage et des marques postales – études jusqu’à présent rarement menées à un degré de détail suffisant pour apporter aux recherches des éléments utiles. A quelles conditions de telles données deviennent-elles exploitables à l’échelle d’un corpus, voire à l’intersection de plusieurs corpus de correspondances ? L’expertise codicologique se révèle en outre indispensable pour traiter les correspondances peu ou mal datées, comme c’est le cas pour Condorcet. Elle permet aussi, par recoupements, de situer chronologiquement certains manuscrits à partir des données fournies par une correspondance datée.

Les inventaires numériques peuvent être aussi des inventaires codicologiques, s’ils fournissent des données matérielles précises et systématiques. Comment les opérations classiques de prospection, d’identification, de datation et de classement des correspondances sont-elles affectées par l’exploitation conjointe des données, des outils et des ressources ainsi mis à disposition ? Les expériences pionnières menées à bien depuis quelques années et les inventaires de correspondances des Lumières encore en cours permettent-ils aujourd’hui d’évaluer l’incidence de ces nouveaux dispositifs documentaires, non seulement sur les projets d’édition, mais sur l’ensemble des recherches épistolaires ? Sommes-nous aujourd’hui en mesure, grâce à diverses méthodes innovantes, telles les transcriptions effectuées via le crowdsourcing, de préfigurer de nouvelles postures éditoriales ?

La rencontre que nous proposons se présente comme un partage d’expériences sur les pratiques de l’inventaire. Elle s’adresse aux conservateur.e.s, informaticien.ne.s, étudiant.e.s et chercheur.e.s de diverses disciplines concerné.e.s par le traitement matériel et numérique des correspondances du siècle des Lumières.

 

                                                            PROGRAMME

Jeudi 31 mai 2018 après-midi : 14 h-18 h

Nicolas Rieucau (Université Paris 8, Inventaire Condorcet) : Présentation du projet Inventaire Condorcet / ANR Condor

Conférence d’ouverture : Irène Passeron (Institut de Mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche, ENCCRE) : Les Lumières en toutes lettres

 

1. MATERIALITE DES LETTRES : Codicologie & espaces graphiques

Modératrice : Catherine Volpilhac-Auger (ENS Lyon)

- Michèle Moulin (Bibliothèque de l’Institut de France, Inventaire Condorcet) : Les correspondances manuscrites du xviiie siècle à la Bibliothèque de l’Institut de France

- Sybille Große (Universität Heidelberg) : Des normes pour les propriétés matérielles d’une lettre et leur description dans les manuels épistolographiques

- Claire Bustarret (Centre M. Halbwachs, CNRS-EHESS-ENS, Inventaire Condorcet) : L’analyse matérielle des correspondances des Lumières – Pourquoi et comment recourir à la codicologie ?

- Serge Linkès (Université de La Rochelle, ITEM CNRS-ENS, Inventaire Condorcet) : MUSE, outil de référence en codicologie moderne et contemporaine

- Mathieu Duboc (Bibliothèques Virtuelles Humanistes, Université de Tours et Inventaire Condorcet) et Jean-Sébastien Macke (ITEM, CNRS-ENS) : Enjeux des protocoles d’analyse matérielle appliqués aux correspondances des xviiie, xixe et xxe siècles : de Condorcet à Flaubert, Zola et Proust

- Béatrice Delestre (Bibliothèque de l’Institut de France) : Jean Le Rond D’Alembert, Lettres au comte Joseph-Louis Lagrange, 1759-1783 (Bibl. Institut de France, Ms. 915) : Restauration, étude de cas

 

Vendredi 1er juin matin :

2. RESEAUX EPISTOLAIRES : personnes, lieux, circulations  Modérateur : Nicolas Verdier (CNRS-EHESS)

- Éric Vanzieleghem (Inventaire Condorcet) : Les marques postales comme source

- Chloé Edmondson (Stanford University, Mapping the Republic of letters) : Le réseau français des Lumières : analyse sociale des correspondants des philosophes

- Alexandra Ortolja Baird (British Museum, European University Institute) : Reconstructing “imagined” epistolary networks: citation and co-citation in eighteenth-century correspondence

- Mikkel Munthe Jensen (Universität Erfurt, Reassembling the Republic of Letters 1500-1800 ) : The people behind the letters. Combining prosopographical data and travel data to visualise the geo-academic space of eighteenth-century Nordic academia

 

Vendredi 1er juin après-midi :

3. INVENTAIRES EN LIGNE : modèles de traitement et de diffusion numérique 

Modérateur : Richard Walter (ITEM, CNRS-ENS)

- Alexandre Guilbaud (Sorbonne Université, Institut de Mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche, ENCCRE) : Comment passer d’un inventaire à une édition numérique critique de la correspondance de D’Alembert ?

- Malcom Cook (Exeter University) : La Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814)

- Fabienne Vial (Université de Saint-Etienne) : L’Édition numérique de la correspondance de Marc Michel Rey, libraire du xviiie siècle  

- Marie Dupond (Usages des Patrimoines Numérisés et ITEM-CNRS-ENS, Projet EMan) : Éditorialisation et mise en données de correspondances

- Fabienne Schwizer (Bernoulli-Euler Zentrum, Universität Basel) : Bernoulli-Euler-Online: Re-imagining metadata as relational resources

- Nicolas Rieucau, Gérald Foliot et Éric Vanzieleghem : Présentation de la base Ribemont (projet ANR Condor / Inventaire Condorcet)

 

Samedi 2 juin matin : 10 h-12 h 30

4. NUMERISER LES CORRESPONDANCES... et après ? Pratiques émergentes

Modératrice : Emmanuelle de Champs (Agora, Université de Cergy-Pontoise)

- Philip Schofield (University College London) : From typewriters to neural networks: The Bentham Project and digital technology

- Josselin Morvan (Inventaire Condorcet) :  De la lettre à la correspondance, encoder des échanges épistolaires en TEI. Enjeux et méthodes

- Miranda Lewis (Early Modern Letters Online, Oxford University) : Early-Modern Letters Online - EMLO: (Re)collecting correspondence and (re)connecting networks

- Emmanuelle Chapron (Université d’Aix-Marseille) : Inventaires de correspondances et archives épistolaires : état des lieux et réflexions à partir de la correspondance de Jean-François Séguier 

 

Conclusions : Emmanuelle de Champs