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Interprétation, l'amour fou du théâtre. Performance de la répétition : Le Cid de Corneille (Genève)

Interprétation, l'amour fou du théâtre. Performance de la répétition : Le Cid de Corneille (Genève)

Publié le par Université de Lausanne

INTERPRÉTATION / L’AMOUR FOU DU THÉÂTRE

Théâtre Saint-Gervais, Genève, 27.11 — 15.12.2019

UN PROJET DE NICOLAS ZLATOFF

ATELIER "PERFORMANCE DE LA RÉPÉTITION" – LE CID DE PIERRE CORNEILLE

Du 27 novembre au 15 décembre au 7e étage

Mardi-samedi : 15h-22h ; Dimanche : 13h-20h

Le public est libre d'entrer et de sortir à sa guise

 

Interprétation est un projet de recherche de La Manufacture, il bénéficie du soutien de la HES.SO

En partenariat avec l’Unil, l’UniGE, le Théâtre Saint-Gervais et la Cie Agir Ma Pensée Ouvrira Une Liberté Eperdue (A.M.P.O.U.L.E.) Théâtre

Avec Estelle Bridet, Cécile Goussard, Arnaud Huguenin, Lucas Savioz et Prune Beuchat et Lisa Vérier

et la participation de Danielle Chaperon, Marc Escola, Lise Michel et Eric Eigenmann

 

L’amour fou est un film de Jacques Rivette qui superpose volontairement trois projets: un groupe d’acteurs qui répètent un spectacle, un réalisateur (André Labarthe) qui tourne un documentaire sur leur travail, et un autre réalisateur (Jacques Rivette) qui filme l’ensemble, au théâtre et dans la vie.

On y voit un groupe d’acteurs en répétition sur un texte de théâtre. À la table ou sur le plateau, ils lisent des fragments de scènes, en questionnent le sens et cherchent comment il serait possible de les jouer. Ils font une tentative, puis reprennent dans une autre direction. On les voit également à l’extérieur du théâtre, dans la vie, chez eux, dans la rue, dans un café, et les frontières entre la réalité de leur travail et la fiction qu’ils jouent se floutent progressivement.

INTERPRÉTATION / L’amour fou du théâtre n’est pas une adaptation de ce film, mais une transposition, au théâtre, de son dispositif de tournage. On y voit des acteurs qui font face à un texte du répertoire classique. Sans l’avoir travaillé au préalable, ils essaient de le jouer avec leurs propres mots, mais aussi de l’analyser, de le comprendre et de le documenter avec d’autres références, littéraires ou intimes. Dans cette tâche, ils sont accompagnés de dramaturges qui assistent au travail, documentent le texte par des références et produisent de nouvelles interprétations à partir de celles des acteurs.

Au centre du projet, il y a donc une équipe d’acteurs qui travaillent à monter un texte en vue d’un spectacle. Mais le spectateur ne verra jamais ce spectacle. Parce que le sujet de l’amour fou (du théâtre) n’est pas tant le spectacle fini, abouti, réalisé (un produit fini, reproductible chaque soir) que le travail des acteurs en répétitions. Un travail imparfait, pas terminé, qui comporte des erreurs, des errances et des impasses. Parce que tout cela est déjà théâtral. Puisque le théâtre est un art vivant, il se construit, s’invente et se ré-invente chaque jour, en fonction du dedans (l’état du travail en cours, les conditions de représentation, les spectateurs dans la salle, etc.) et du dehors (la marche du monde mais aussi la journée qu’a passée l’acteur). On cherche à pousser au bout cette logique. La partition des acteurs n’est pas rigide, elle n’est pas la même chaque soir. Ils disposent putôt de protocoles de performance, qui leur permettent de tout réinventer chaque soir au sein de règles du jeu fixées à l’avance.

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INTERPRÉTATION / L’amour fou du théâtre s’inscrit dans un travail de recherche, à la fois théorique et pratique, sur la représentation de l’activité silencieuse et invisible de la pensée. Comment rendre visible ce processus en cours d’élaboration, ce flux, cette action qui s’improvise au cours de sa formalisation?

Il s’agit d’explorer un nouveau paradigme d’interprétation de texte, au double-sens simultané du jeu et de la critique littéraire. Ainsi, là où l’interprétation d’un acteur conduit à une mise en jeu (une pensée en acte) et celle d’un dramaturge à un écrit ou un exposé analytique (une pensée en mots), cette recherche propose une hybridation de ces deux interprétations, l’une nourrissant (et réinterprétant) l’autre à chaque étape.

Acteurs et dramaturges deviennent interprètes au double sens du mot : ils jouent tout en analysant un texte. Ce n’est pas une é-nième interprétation d’un classique, c’est l’exploration de l’ensemble de ses possibles, dans un processus patient, minutieux et ré-inventé chaque jour : changement de la distribution des rôles, des axes de jeu explorés, du séquençage des scènes, etc.

À partir des mots de l’acteur au travail, le spectateur assiste à la naissance des mots et des situations du texte, donc à du théâtre en train de se fabriquer ici et maintenant.