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La figure de l'enfant plurilingue en littérature (Caen)

La figure de l'enfant plurilingue en littérature (Caen)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marie Gourgues)

Appel à participation pour la journée d’étude

« La figure de l’enfant plurilingue en littérature »

 

La question du plurilinguisme spécifiquement littéraire est un objet d’étude relativement récent depuis les travaux fondateurs de L. Forster dans les années 1970. La figure de l’enfant (narrateur ou personnage) en littérature, quant à elle, a été largement étudiée depuis les années 1960 : comme le rappelle Ph. Ariès, jusqu’aux Confessions de Rousseau, qui annoncent l’avènement du récit d’enfance en Europe au XIXe siècle, l’enfant n’est que l’instance située dans la préhistoire du sujet, et est donc, en littérature, une figure présentant peu d’intérêt. La figure de l’enfant plurilingue demeure ainsi peu étudiée dans le champ des études littéraires sur le multilinguisme.

Par plurilinguisme, on entend d’une part la multiplicité des langues et le mélange des langues comme thèmes, mais aussi les modes de représentation et les mises en scène des langues en littérature. D’autre part, c’est la question de l’hybridité des langues dans le texte littéraire qui nous intéresse, dans la lignée de ce que R. Grutman et M. Suchet à sa suite appellent l’hétérolinguisme. Les textes hétérolingues sont ceux véritablement situés « à la croisée des langues ».

Cette journée d’étude vise à explorer les narrateurs enfants (ou reconstruisant à distance une narration enfantine) évoluant en et entre plusieurs langues – soit qu’ils pratiquent deux langues ou plus, soit que leur environnement familial, scolaire, national se constitue d’un tissu de langues. Que l’on songe à Elias Canetti, Nancy Huston, Vassilis Alexakis, Augusto Roa Bastos (Hijo de hombre) ou Agota Kristof : que les enfants plurilingues soient les doubles autobiographiques (l’on pense à ce titre aux travaux récents de A. Ausoni) ou autofictifs de leur auteur, ou qu’ils soient de purs êtres de papier, leur identité est tissée de toutes leurs langues, acquises simultanément ou successivement, dans l’altérité de leurs congénères monolingues.

Comment se traduit le plurilinguisme dans la littérature lorsque l’enfant est impliqué ? En outre, l’on réfléchira à cet égard aux questions de traductologie et d’auto-traduction autour de la problématique de l’enfance.

Nous nous intéresserons plus particulièrement aux œuvres en langues française, espagnole, allemande, anglaise et italienne dans la mesure où elles présentent un fort potentiel de mixité entre elles du fait des politiques scolaires tournées vers les langues européennes, mais également avec d’autres langues régionales ou dialectes au sein même de chaque pays où elles sont langues officielles (notamment hors Europe).

Les propositions de communication se répartiront autour de quatre axes structurant cette journée d’étude :

L’enfant plurilingue narrateur

On s’interrogera sur la représentation des langues par les figures d’enfants narrateurs et sur l’enfant plurilingue comme figure d’énonciation spécifique. Les questions d’écriture de soi entre les langues dès l’enfance, par exemple d’un point de vue génétique (journaux intimes) ou de biographie langagière peuvent être envisagées.

2. Quelle maîtrise des langues ?

Cet axe linguistique vise à regrouper les phénomènes d’assimilation, d’hybridité, d’attrition, de diglossie… et leur mise en scène en littérature. Quelles associations et imaginaires des langues sont déployés selon le contexte linguistique dans l’enfance en littérature ? Qu’implique le choix ou l’abandon comme langue d’écriture d’une langue pratiquée dans l’enfance de l’auteur ?

3. Du foyer au monde

      a) Le foyer : Pourra être étudié ici le thème de l’enfant plurilingue et de sa maison familiale en littérature. On pense ici à des considérations liées aux affects, aux émotions et aux langues de l’enfant en littérature (Pavlenko, 2005). La place du jeu linguistique et des aspects psycholinguistiques pourra à cet égard être examinée.

     b) Le monde : On examinera la question de l’apprentissage scolaire des langues et de l’élève plurilingue en littérature. On se penchera sur des considérations plus sociolinguistiques : l’apprenant plurilingue à l’école, la confrontation avec un milieu allophone éventuellement hostile ou monolingue… Nous nous inscrivons dans la lignée des considérations métalinguistiques des enfants plurilingues par Cazden (Cazden, 1974).

4. Ecrire l’enfance plurilingue : l’auteur apprenti ?

Cet axe véritablement littéraire pose la question suivante : quelle est la posture de l’auteur qui crée de façon plurilingue s’il introduit dans son œuvre un aspect hétérolingue ou de représentation des langues et de leur imaginaire ? Les instances narratives situées au-dessus de la diégèse et la place de l’auteur plurilingue sont à envisager en regard d’aspects d’acquisition des langues, entre enfance, adolescence et âge adulte : l’auteur lui-même est-il apprenant lorsqu’il déploie son plurilinguisme en littérature ? Est-il enseignant ? Si c’est le cas, vis-à-vis de quelles autres instances littéraires ? Veut-il enseigner sa langue au lecteur ?

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Indications bibliographiques

Ariès, Philippe, L’Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Plon, Paris, 1960, p. 161-198.

Ausoni, Alain, Mémoires d’outre-langue. L’écriture translingue de soi, Editions Slakikne, Genève, 2018.

Barrilla Villanueva, Rebeca, « Oralidad y escritura. Una encrucijada para las lenguas indígenas », Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, n°76-77, Université de Toulouse-Le Mirail, Toulouse, 2001, p. 611-621.

Cazden, Courtney, « Play with language and metalinguistic awareness: One dimension of language experience », The Urban Review, 7, 1974.

Dollé, Marie, L’imaginaire des langues, L’Harmattan, Paris, 2002.

Engel, Susan, « Looking Backward: Representations of Childhood in Literary Work », Journal of Aesthetic Education, vol. 33, n°1, University of Illinois Press, 1999, p. 50–55. [www.jstor.org/stable/3333736.]

Forster, Leonard, The Poet’s Tongues : Multilingualism in Literature, Cambridge University Press, Cambridge, 1970.

Gallén, Enric, Ruiz Casanova, José Francisco (ed.), Bilingüisme, autotraducció i literatura catalana, Punctum, Lleida, 2018.

Gauvin, Lise (dir.), Les Langues du roman. Du plurilinguisme comme stratégie textuelle, Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1999.
Grutman, Rainier, Des langues qui résonnent. L’hétérolinguisme au XIXe siècle québécois, Fides-CÉTUQ, Québec, 1997.

Kelley, Joyce E., Children’s Play in Literature. Investigating the Strengths and the Subversions of the Playing Child, Routledge, Londres, 2020.

Khan, Ummni, Saltmarsh, Sue, « Childhood in Literature, Media and Popular Culture », Global Studies of Childhood, vol. 1, n°4, 2011, p. 267-270 [10.2304/gsch.2011.1.4.267].

Lafont, Suzanne, Récits et dispositifs d’enfance (XIXe - XXIe siècles), Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2012.

Pavlenko, Aneta, Emotions and Multilingualism, Cambridge University Press, Cambridge, 2005.

Suchet, Myriam, L’Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, Classiques Garnier, Paris, 2014.

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Informations pratiques 

Date : 18 novembre 2021

Lieu : Université de Caen Normandie – MRSH

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Modalités de soumission 

Envoi des propositions de contribution : 

            - longueur maximale de 400 mots

            - trois à cinq références bibliographiques

            - indications biographiques en quatre lignes sur l’auteur

            - langue de rédaction : une des langues de travail (français, anglais, espagnol, allemand, italien)

            - format du document : .doc et .pdf (nom de l’auteur dans le document)

            - adresses d’envoi : marie.gourgues@unicaen.fr ; louise.sampagnay@unicaen.fr 

            - objet du mail : « JE l’enfant plurilingue en littérature »

Format des présentations : exposé de 20 minutes suivi de 10 minutes d’échange.

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Calendrier 

15 septembre 2021 : Date limite d’envoi des propositions de contribution

30 septembre 2021 : Annonce des propositions sélectionnées

18 novembre 2021 : Journée d’étude à Caen

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Comité scientifique

Marie Gourgues, doctorante en Études hispaniques, Université de Caen Normandie

Éric Leroy du Cardonnoy, PU en Études germaniques, Université de Caen Normandie

Brigitte Poitrenaud-Lamesi, MCF en Études italiennes, Université de Caen Normandie

Louise Sampagnay, doctorante en Études germaniques et littérature comparée, Université de Caen Normandie

Emilio Sciarrino, docteur en Études italiennes, professeur en CPGE à Amiens.