
Le Journal de guerre de Paul Morand était un objet mythique dont l'existence même était sujette à caution. Au vrai, l'écrivain avait bien conservé ses notes prises durant la guerre et avait même commencé à en préparer la publication. Il en avait déposé le manuscrit à la Bibliothèque nationale, parmi un vaste ensemble de papiers personnels. Ce Journal de guerre. Londres, Paris, Vichy (1939-1943) paraît pour la première fois, soigneusement édité par Bénédicte Vergez-Chaignon, sans retouches ni coupes, enrichi des ajouts et annexes prévus par Paul Morand lui-même et de quelques textes contemporains de sa rédaction. Et il est accablant pour celui qui fut nommé ambassadeur en Roumanie en 1943, et choisit de se présenter à Vichy à l'été 1940, puis de rejoindre au printemps 1942 le Cabinet de Pierre Laval. Paraît dans le même temps la biographie longuement mûrie par Pauline Dreyfus : Paul Morand (Gallimard), portrait d'un faux dilettante fasciné par la modernité, et dont les publications posthumes, comme les archives jusqu'ici inaccessibles, journaux intimes, correspondances inédites, révèlent un antisémitisme longtemps occulté. Signalons encore, au sommaire de la dernière livraison de la NrF, une nouvelle inédite du romancier.