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L’absence et ses interprétations. Interroger l’incomplet et le fragmentaire au Moyen Âge et à la première Modernité (Liège)

L’absence et ses interprétations. Interroger l’incomplet et le fragmentaire au Moyen Âge et à la première Modernité (Liège)

Publié le par Marc Escola (Source : Emile Thonar)

L’absence et ses interprétations

Interroger l’incomplet et le fragmentaire au Moyen Âge et à la première Modernité

Université de Liège, 11-12 mai 2026

Appel à communications 

Les 11 et 12 mai 2026 se tiendra, à l’Université de Liège, la huitième édition des Journées doctorales internationales de l’Unité de recherches Transitions. Organisé en partenariat avec le Centre d’Études supérieures de la Civilisation médiévale (Université de Poitiers), ce colloque aura pour thème l’absence. Les bornes chronologiques prescrites pour le présent appel sont celles explorées par Transitions (Moyen Âge et première Modernité).

L’étude des sociétés médiévales et modernes nous confronte inévitablement à des silences, que ceux-ci résultent des aléas de la transmission documentaire et matérielle ou d’un acte intentionnel. Nos pratiques de recherche nous mènent ainsi constamment à interroger les zones d’ombre et à leur donner du sens ; nos travaux reposent sur des données fragmentaires, et laissent nécessairement une large part à l’interprétation. Ainsi, quiconque souhaite étudier ces périodes doit composer avec « ce qui reste ». Cette démarche indiciaire est profondément ancrée dans nos pratiques. Elle doit donc mener à une réflexion sur « ce qui manque ». 

Forts de ces considérations, nous proposons ci-dessous trois axes selon lesquels l’absence peut être envisagée : l’absence telle qu’elle était pratiquée et vécue par les hommes et les femmes du Moyen Âge et de la première Modernité (1.), l’absence telle qu’elle est perçue et appréhendée aujourd’hui par les chercheur.euses (2.), et l’absence telle qu’elle est exposée et transmise au grand public (3.)

Pratiques et expériences de l’absence hier 

Le premier axe interrogera l’absence en lien avec le corps humain dans les processus de deuil, dans les pratiques juridiques (e.a. la contumace, le bannissement, les enlèvements), médicales (e.a. l’amputation, les lacunes dans la transmission des savoirs, l’absence des praticiens) et spirituelles (e.a. la privation volontaire de nourriture, le célibat, le monachisme). Par ailleurs, il s’agira de comprendre ce que l’absence révèle du fonctionnement de la société. Elle sera ainsi envisagée à partir du corps social : étudier l’absence d’institutions spécifiques revient à interroger le sens social et politique de ce vide institutionnel. Comment interpréter l’absence de figure dirigeante ? Comment l’absence d’institutions influence-t-elle la construction ou l’altération communautaire ? Des points de vue linguistique et littéraire, on relèvera et étudiera le vocabulaire de l’absence afin de mieux comprendre comment celle-ci était dite dans des corpus textuels variés. On envisagera encore la façon dont sont exprimés les différents affects liés à l’absence. On analysera enfin les représentations du corps absent (la mort, le divin, l’autel) dans l’art ou encore la réinterprétation picturale d’une œuvre décrite dans la littérature antique (e.a. La Calomnie d’Apelle de Botticelli).

Perceptions de l’absence dans nos méthodes de recherche

Ce second axe examinera les modalités selon lesquelles les médiévistes et les modernistes peuvent interpréter l’absence au sein de leur corpus. L’absence demande à être interrogée différemment selon la part d’intentionnalité qui la cause. L’anonymat d’un texte n’implique pas la même lecture qu’un document dont on aurait arraché ou biffé la signature de l’auteur. Si les carences archéologiques, picturales ou textuelles relèvent bien souvent du passage du temps, celles-ci peuvent toutefois résulter d’une destruction ou d’une dissimulation volontaires (à l’image du processus de damnatio memoriae). Le cas échéant : pour quelles raisons effacer, cacher, taire ? Une page laissée blanche pourrait faire penser à un scribe distrait ou inviter le lecteur à la compléter. À l’inverse, la censure des textes littéraires et musicaux ainsi que la destruction d’objets obéissent à des logiques tout autres (politiques, idéologiques ou doctrinales). 

De même, constater un silence soulève un questionnement déontologique : dans quelle mesure doit-on chercher à le compléter ? Selon quelles méthodes ? Faut-il l’interpréter pour lui-même ou en considérer les causes ? Quelle représentativité un fragment peut-il offrir d’un ensemble perdu lorsqu’il en constitue la seule trace? S’interroger sur ce qui préside au silence, sur ses modalités de mise en œuvre et sur ce qu’il implique est-il plus opportun que de s’attacher à restituer le matériau absent ? Dans quelle mesure une approche interdisciplinaire peut-elle contribuer à pallier ce manque ? Que faire d’un vide documentaire autour d’une période, d’un espace ou d’un groupe donné ? 

Exposition et vulgarisation de l’absence 

Le troisième axe cherche quant à lui à exposer les regards d’hier et d’aujourd’hui en se focalisant sur les pratiques muséales de traitement de l’absence. En effet, la vulgarisation et la mise en scène nécessaires à l’exposition muséale enjoignent les muséologues et les conservateurs à traiter l’absence par des modalités spécifiques : on abordera ainsi la question de l’attractivité du public, des enjeux liés aux sources financières ou encore de la rédaction des cartels explicatifs. Comment exposer un objet absent ? Doit-on le remplacer ? Présenter des reproductions ? Comment combler le manque de certains thèmes dans le paysage muséal parce que moins « populaire » ? Jusqu’à quel point la reconstitution historique peut-elle constituer un outil de médiation autant qu’une méthode de recherche ?

 

Modalités pratiques

Les communications (max. 20 minutes) seront prononcées en français ou en anglais. Les propositions sont attendues pour le lundi 26 janvier 2026 au plus tard, sous la forme d’un document PDF adressé par courriel à jd.transitions@uliege.be. Ce dossier comprendra les coordonnées (nom, prénom, université) du/de la doctorant·e, le titre de sa thèse, l’intitulé de sa communication et un résumé de celle-ci de max. 300 mots en français ou en anglais. Les candidat·e·s seront informé·e·s des résultats de la sélection au plus tard le 9 février.

Une attestation de participation sera délivrée sur demande au terme de ces journées d’études.

Les repas de midi et les pauses café des deux journées seront offerts. Les frais relatifs au transport pourront éventuellement être remboursés à hauteur de 150 euros par personne.

Comité organisateur

  • Ninon Gavage (ULiège)
  • Alix Giet (ULiège)
  • Fanny Goblet (ULiège)
  • Perrine Stennier (ULiège)
  • Emile Thonar (ULiège)
  • Victor Vandenbulke (ULiège)

Comité scientifique

  • Éric Bousmar (UCLouvain – Saint-Louis Bruxelles)
  • Émilie Corswarem (ULiège)
  • Élise Franssen (ULiège)
  • Ninon Gavage (ULiège)
  • Alix Giet (ULiège)
  • Fanny Goblet (ULiège)
  • Christophe Masson (ULiège)
  • Aude Rouquié (CESCM Université de Poitiers)
  • Perrine Stennier (ULiège)
  • Emile Thonar (ULiège)
  • Victor Vandenbulke (ULiège)

À propos de Transitions 

L’Unité de recherches (UR) Transitions de l’Université de Liège a pour vocation de questionner les dynamiques qui ont marqué le Moyen Âge et la première Modernité. De nombreux projets portés par ses membres encouragent la confrontation des pratiques de recherche selon une perspective interdisciplinaire, de même que le développement d’un réseau de collaborations à l’échelle nationale et internationale.

Les journées doctorales interuniversitaires de l’UR se tiennent tous les deux ans et sont ouvertes à des doctorant·e·s d’universités belges et étrangères, issu·e·s d’horizons de recherche variés tels que la philologie, la littérature, la linguistique, l’histoire, l’histoire de l’art ou la musicologie. Conçues comme un moment d’échanges autour d’une thématique commune, elles offrent aux jeunes chercheurs·euses la possibilité de partager leurs projets, mais aussi de confronter leurs méthodologies respectives avec celles de leurs pairs ou de collègues plus expérimenté·e·s.